Sorti ce mois ci, le troisième album des Australiens de Skeggs désormais en duo dévoile une ligne musicale toujours puissante et inspirée par le punk, enrichie de quelques expérimentations musicales. Un opus ambitieux, pour lequel le chanteur Ben Reed en parle comme des « montagnes russes de l’émotion accompagnant la nature humaine ».
Tradewinds débute dans un décor musical marqué par la présence de synthés, mais assez vite les riffs prennent place et offrent un titre efficace, quelque peu nostalgique avec une ligne de basse très accrocheuse, enjoué voir joyeux sur près de 7 minutes. L’avarice ne semble pas faire partie du groupe, qui pour une durée assez similaire propose ensuite High Beaming, titre surf-rock lui aussi particulièrement contagieux ; « Life is never easy » clame Reed, à qui nous pouvons faire confiance pour nous la rendre plus légère et agréable. L’introduction de I think I can fly offre des arrangements un peu psyché (ambiance sonore sortie d’un jeu vidéo vintage), avant le renfort d’une guitare acoustique et d’un harmonica offrant un titre plaisant et qui défriche de nouvelles contrées sonores. Toutefois, certains titres peuvent souffrir d’un excès de cette inventivité : les sons aigus et parfois confus de Stuck in Cheyenne masque quelque peu un solo de guitare assez jouissif ; de même, le refrain particulièrement accrocheur de Brain of the Highway permet d’oublier parfois quelques longueurs dans cette composition.
Spaceman est par contre un titre ambitieux, de construction riche et avec un final remarquable (le clip vaut aussi le coup d’oeil, avec l’alien rencontré par hasard et devenu copain de soirée, autour de glaces et de jeux vidéos) : « I am so far from space, man », clame l’auteur sur ce titre marquant de l’opus. Retour avec des harmonies plus douces sur Batten Down The Hatches, flirtant avec une influence des années 1960 que suggère également le léger Aeroplane Heart, autre exemple de ce surf rock énergique déjà évoqué. L’ensemble s’écoute avec plaisir, non sans humour ou alors avec pas mal de détachement : « I gotta get outta my head and make my own bed » est chanté par exemple sur Out of my head, le groupe étant connu pour ses paroles parfois étonnantes ou chargé d’auto dérision. Si le titre It is apporte peu, le joli morceau de clôture Kelly Heroes propose un rock teinté de groove décontracté, pour une ballade pleine de soleil réchauffant nos oreilles automnales.
Un troisième album généreux et plaisant, toujours rock mais ouvert à d’autres sonorités dans un style toujours détendu. Ce n’est pas l’autoroute de l’enfer portée par d’autres australiens très célèbres, mais cette route musicale du Pacifique offre un refuge volontiers amical.
Julien Lagalice
Morceaux choisis : Tradewinds, High Beaming, Brain of the Highway, Spaceman, Kelly Heroes.