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Crows, Reason Enough

Crédit Photo : Sandra Ebert

Les corbeaux du punk rock reviennent croasser dans nos oreilles et cela pour notre plus grand plaisir. Revoilà donc la bande au bouillant et charismatique James Cox avec Reason Enough (Bad Vibrations Records), son troisième album. Il fait suite au virevoltant Beware Believer sorti en 2022 sur lequel on pouvait retrouver des brûlots incandescents tels que Garden Of England, Slowly Separate ou encore le sombre Room 156.

Il semble qu’avec Reason Enough la formation britannique ait mis quelque peu d’eau dans son vin, qu’elle se soit assagie. Nous n’irons pas jusqu’à dire que les dispositions punk rock remarquées sur Beware Believer aient disparues, mais Crows étend ses influences vers des contrées musicales moins hostiles et beaucoup plus fréquentables à l’oreille qu’Idles, Shame ou The Murder Capital sur l’explosif More Is Less notamment.
Sur Reason Enough, Crows n’hésite pas à naviguer vers le soft rock et la new wave, courtisant ainsi des formations telles qu’Idlewild (Is It Better), Spector (Silhouettes, D-Gent) et surtout Editors version décennie 2000 (Lie To Me, Vision Of Me). Deux morceaux où l’on peut facilement imaginer un Tom Smith en feu prendre la place au chant de James Cox, mais ne fantasmons pas sur le retour d’Editors loin d’être encore certain, concentrons-nous sur Crows qui nous intéresse davantage pour le moment.

Le projet Reason Enough a pris corps au fin fond de la crypte d’une église où, pêle-mêle, James Cox et ses boys se balançaient à la figure toutes les idées possibles et imaginables. Qui à la guitare, qui sur le papier, tant et si bien qu’une quinzaine de morceaux ont fini par accoucher de cet incroyable charivari, joyeux bordel électrique comme on en fait rarement. Joel Amey de Wolf Alice a même été invité pour jouer le rôle de cobaye, donnant ainsi son avis sur le travail déjà accompli. Puis enfin, l’étape décisive en studio avec Andy Savours, lequel a déjà eu sous sa coupe des formations telles que Sigur Ros, Black Country, New Road et surtout The Horrors. Pour Crows, c’était alors l’assurance de bénéficier d’un son bien travaillé et lisse, sans fioritures.

Sur Reason Enough, Crows a donc réduit les hurlements gutturaux style Idles et Shame, lesquels n’ont cependant pas dit leur dernier mot. On pourra en juger avec le rageur Bored, premier single dévoilé par le groupe ou encore Land Of The Rose, voire même Living On My Knees. Pourquoi après tout renier sa marque de fabrique, son ADN? Pourtant, chez Crows, se fait jour un sens de la mélodie très peu audible chez Idles et Shame pour ne citer que ces deux groupes. À l’instar de Gurriers, Crows dispose de ce petit truc en plus qui fait que ça passe mieux, à savoir d’aériens riffs de guitare et une voix de James Cox presque similaire à Fred McPherson de Spector ou Tom Smith d’Editors.
Si Bored apparaît comme brouillon et désordonné, il en va bien autrement de Lie To Me, Vision Of Me ou encore Every Day Of Every Year, nouveau single extrait de cet album et soit dit en passant morceau au combien tubesque, disons carrément l’un des plus aboutis avec Lie To Me et le second single Vision Of Me. Des morceaux qui rentrent dans nos esprits, s’y infiltrent pour ne plus les quitter. Et ce son de guitare à nul autre pareil, que seul peut-être Gurriers est capable de nous offrir.
L’apport et la patte d’Andy Savours à la production sont également pour beaucoup dans cet assagissement musical de Crows, les britanniques tutoyant la new wave de plus près. Avant Crows, The Horrors entre autres ont pu jouir de ce plus qui fait la différence en la personne d’Andy Savours.

À l’image de Sad Lad sur Beware Believer, James Cox et sa clique nous distille de belles ballades rock sur Reason Enough telles que l’aérien Silhouettes, le presque pop D-Gent et l’éponyme Reason Enough qui, pourtant, connaît vers sa toute fin une spectaculaire montée d’adrénaline et de puissance, mettant magnifiquement sur orbite Bored pour un enchaînement de rêve et de prestige. Comme on dit, il fallait y penser et Dieu sait que nos petits british ont de la suite dans les idées!

Beware Believer était un bon album constitué de morceaux fédérateurs et entêtants, Reason Enough s’avère encore meilleur et plus accompli. Bien en a donc pris à Crows de tout changer, de la manière de travailler au producteur Andy Savours. Un détonant coctail de new wave et de punk rock qui fera, sans nul doute, de Reason Enough un album plus que fréquentable aux oreilles.

Reason Enough: la prise partielle de distance de Crows sur le punk rock et l’affirmation d’une formation des plus atypiques du rock so british!

Morceaux choisis: Lie To Me, Every Day Of Every Year, Vision Of Me, Silhouettes.

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