Même s’il n’entre pas directement dans les cases défendues par Sensation Rock, on ne pouvait pas passer à côté de cette icône musicale, de passage dans la cité comtoise…
Pat Metheny, 70 printemps tout de même, continue d’écumer les routes et de défendre la musique sous toutes ses formes.
Guitariste émérite, rappelons qu’il a intégré le Berklee College of Music très jeune, et bien évidemment pas en tant qu’élève mais qu’enseignant!
Un mythe donc, qui a très tôt monté le Pat Metheny Group, a joué avec des légendes de la musique, comme par exemple le trop tôt disparu Jaco Pastorius, Ornette Coleman ou encore un autre bassiste mondialement reconnu, le discret Richard Bona.
Une telle sommité dans le théâtre fondé par Claude-Nicolas Ledoux, la soirée était plus que prometteuse.
On ne va pas se mentir, côté public, pas ou peu de jeunes aficionados du maître. La moyenne d’âge était largement de plus de 60 ans (ce qui a eu l’immense mérite de me faire passer pour jeune !).
Notons également une ambiance très feutrée, d’amateurs dont on ne sait pas vraiment s’ils venaient pour écouter ou pour se faire valoir (et je ne parle pas ici de Jean-Michel et Stéphane, of course).
Je ne vous parlerai pas non plus du nombre de carrés Hermès aux cous des quelques jeunes femmes présentes… Toute la bourgeoisie de la ville devait être présente, comme il se doit et comme de bien entendu. So chic.
Restait à savoir dans quelle configuration aurait lieu la leçon : seul ou accompagné ? C’est seul que Pat Metheny a livré une rétrospective de l’ensemble de sa carrière et de ses goûts musicaux. Avec 53 albums au compteur, il y avait de quoi faire.
Chevelure longue, ondulée et grise, sa tête dodelinant au rythme de ses inspirations, Pat a livré 2h20 d’un show totalement maîtrisé, et s’est plus confié sur sa vie de musicien lors de ce Dream Box Moon Dial Tour qu’en 50 ans de carrière.
Passant de la guitare classique à la guitare baryton (dont le secret d’accordage réside selon lui dans l’accordage des 2 cordes centrales une octave plus haute), de son ES-175 à la Pikasso de 42 cordes tout de même, Mr Metheny sait toucher la corde sensible en chacun de nous.
La main gauche, et plus particulièrement son pouce, joue à merveille l’harmonie et la mélodie. Utilisant sans en abuser le jeu à l’octave hérité de Wes Montgomery, Pat a toute la palette d’un immense guitariste et d’un immense compositeur.
Il faut cependant revenir sur cette œuvre dissonante et percussive (Steve Reich?) qui a eu un peu de mal à passer tant elle jurait dans ce havre de quiétude.
Notons enfin, pour les derniers titres, l’apparition de guitares multiples, de sampleurs, d’une basse et surtout d’automates (auto-harpes, percussions et j’en passe), à la façon d’un maître de musique et des engrenages de la vie.
Et vous savez quoi ? Bien qu’intrus dans ce monde, Pat m’a fait me sentir à ma place, parmi les vivants.
Remerciements au théâtre Ledoux pour son accueil.