On en rêvait, ils l’ont fait! Fidlar vient en effet de sortir enfin un nouveau LP, six ans après l’excellent Almost Free. Il est vrai qu’entre temps les petits coucous du trio post punk californien n’ont pas manqué, notamment par l’entremise de quelques EPs et singles: Sand On The Beach, Centipede etcetera. Tant de morceaux que l’on aurait aimé retrouver sur un LP, mais bon les choses sont ainsi.
Avec Surviving The Dream, nous n’avons pas perdu au change car Zac Carper et ses deux acolytes ont littéralement mis les petits plats dans les grands, nous concoctant 13 morceaux de belle facture, autrement dit de haut niveau. Le turbulent Fix Me, dévoilé il y a quelques mois, avait déjà donné le ton et attisé notre impatience de voir arriver un véritable album long format. Eh bien, c’est chose réelle désormais!
Lors d’une récente interview, Zac Carper déclarait: « nous voulions faire un album dont nous soyons fiers tous les trois et pour le plaisir de le jouer en live. » Fier, le trio californien a de quoi l’être avec Surviving The Dream! Zac et sa petite bande sont allés dans toutes les directions, de leur style post punk inné au surf rock bien de chez eux en Californie, un style notamment cher à d’autres californiens, ceux d’Allah Las pour ne pas les citer.
Dans ce nouvel album, Fidlar aborde surtout le thème de la santé mentale: comment l’aborder, la supporter, la guérir. Les singles Fix Me et Get Off My Wave sont les compos qui mettent le plus en avant cette santé mentale. Les cris à la révolte de Zac Carper en disent long sur la colère qui touche ceux qui, sans s’y attendre, se voient touchés de plein fouet par des phénomènes mentaux incontrôlables, des maladies dont ils se seraient évidemment bien passés. Que l’on soit personnellement concerné ou l’un de nos proches, le combat est le même dans les paroles de Fidlar.
Revenons-en à l’aspect musical de Surviving The Dream, lequel navigue donc entre post punk et surf rock, voire même pop pour la petite ballade Hurt et shoegaze pour le rythmé Orange County. Le trio californien ne tourne pas en rond sur Surviving The Dream, Zac Carper et les siens daignent sortir des sentiers battus. Une nouvelle approche musicale audible, entre autres, dans les ensoleillés Sad Kid, Down N Out estampillé 70’s, Change plus posé ou encore Making Shit Up lui aussi joué sur un son rétro. Avec des morceaux de la trempe de Sad Kid, Down N Out ou Making Shit Up, on ne pouvait rendre plus bel hommage au surf rock californien 60/70’s même si, plus près de nous, des formations telles qu’Allah Las se font un devoir de perpétuer la tradition.
Si le post punk avait été rangé aux oubliettes, Fidlar ne serait vraiment plus Fidlar, le trio californien se serait carrément renié. Fort heureusement pour les afficionados du genre, sur Surviving The Dream, il n’en est rien: les bonnes grattes grondent et Zac hurle à la mort autant que faire se peut. L’ADN, ça ne disparaît pas comme ça, d’un coup de baguette magique! Fix Me marque l’entame des hostilités, très vite rejoint par le sulfureux Low, Get Off My Wave bien explosif aussi, le virevoltant I Don’t Want To Do This ou encore Nudge qui n’aurait pas déplu à Kings Of Leon et surtout à Caleb Followill, tant la façon de chanter de Zac Carper s’en rapproche.
Ce n’est donc pas un hasard si Fidlar a fait des émules parmi lesquelles on trouve, entre autres, les suisses de Fluffy Machine et nos petits frenchys de The Eternal Youth. Low et Get On My Wave sont des hymnes post punk par excellence, de ceux que n’importe formation spécialisée dans le genre pourrait reprendre. On joue de la bonne guitare, on chante en choeur. En résumé, on s’éclate comme des beaux diables!
L’adrénaline et la température impulsées par Fix Me, Low et autres I Don’t Want To Do This redescendent aussi rapidement qu’elles sont montées avec Break Your Heart, Change et Hurt, trois morceaux surfant entre soft rock et pop qui se chargent de faire retomber la pression.
Avec Surviving The Dream, Fidlar signent leur album le plus varié. Le trio californien a osé franchir le pas de quitter, le temps de quelques morceaux, son habituel et douillet nid de post rock. Une polyvalence de styles musicaux dont Zac Carper et ses boys feront étalage le 7 octobre prochain lors d’un concert à Toronto. Pour nous européens c’est un peu loin le Canada, mais rien n’est hélas envisagé sur notre bon vieux continent. Tant pis, qu’à cela ne tienne, si l’Ontario n’est guère accessible pour nous, Surviving The Dream et ses 13 morceaux nous consoleront sans problèmes.
Surviving The Dream: l’audace de Fidlar récompensée!
Morceaux choisis: Break Your Heart, Low, Down N Out, Change.
