Les amoureux de la guitare ont tous leur style préféré: Rock, métal, pop ou un de leurs nombreux courants dérivés, mais aux racines de tous ces genres se trouve souvent une musique originelle ancrée sur un territoire et une culture, comme le blues, la folk ou la country. Et ce soir au festival c’est bien d’origines dont il sera question tant les groupes présents sont allés puiser leur inspiration aux sources de leurs genres favoris.
Après une courte nuit pour profiter d’une balade matinale sur les crêtes du Salève avec vues imprenables sur le Léman, le Jura et les Alpes (quel magnifique cadre pour un festival!), c’est avec envie qu’on retrouve le stade des Burgondes pour cette seconde soirée. A notre arrivée, les parisiens de Seven Ages sont déjà à l’oeuvre et le public déjà en nombre pour savourer leur rock d’influence britannique et ponctué de riffs puissants lorgnant vers le métal. C’est propre et efficace, parfaite entrée en matière avant de filer vers la scène principale.
Première tête d’affiche du jour, les Larkin Poe emmenés par les soeurs Lovell déboulent sur la scène avec l’enthousiasme et l’énergie qu’on leur connaît. Dès le premier titre, on sent qu’on va passer un excellent moment en leur compagnie tant la voie chaude et puissante de Rebecca accompagnée des riffs incisifs et des sourires qu’elle échange avec sa soeur Megan feraient se damner n’importe quel missionnaire égaré dans leur Géorgie natale. Si elles ont des airs angéliques, c’est vers des contrées beaucoup plus sulfureuses et moins aseptisées que le paradis que leur hard blues nous embarque, et le public de connaisseurs de GES ne se fait pas prier pour les suivre!
Après ce premier shot de bonheur musical, place à la légende du jour avec Chris Isaak. Si l’auteur de titres romantiques incontournables comme “Wicked game” pourrait paraître désuet à notre époque hyperconnectée, et que son entrée sur scène en costume à paillette et cheveux gominés façon Elvis semble confirmer cet à priori négatif, nos craintes sont rapidement balayées par l’indéniable charme du personnage, doublé d’un humour qui le rendent immédiatement sympathique. Loin des shows survitaminés et pyrotechniques toujours dans la surenchère des icônes de notre temps (comme une Taylor Swift à qui il adressera une jolie pique!), le crooner sait d’où il vient et on est ravi de laisser sa voix suave nous ramener à des sentiments plus profonds et moins hystériques tout au long de son set mêlant balades intemporelles, bon vieux rock et folk.
La tempête après le calme, c’est ainsi qu’on pourrait voir la prise d’assaut du grand chapiteau par les Rival Sons emmenés par un Jay Buchanan feulant et bondissant d’un bout à l’autre de la scène. On ne présente plus les californiens qui depuis 15 ans ont apporté leurs pierres au panthéon du rock en nous délivrant des titres mêlant blues, heavy, folk et soul qui dépoussièrent chacun de ces genres, comme les hits Pressure and Time ou l’intégralité de l’album Feral Roots que tout le monde devrait écouter matin, midi et soir! La voix surpuissante du chanteur répondant aux riffs ravageurs de Scott Holiday n’ont pas de mal à conquérir le public et la superbe interprétation en solo de Shooting Stars achèvera de convaincre les derniers réfractaires. Le groupe, dont c’est la dernière date européenne avant un retour aux US, semble heureux également et saluera plusieurs fois l’accueil et l’ambiance de GES, ce qui , espérons-le, présage une future prestation à Saint-Julien!
Contrairement à l’an passé, pas de tour bus en flamme pour empêcher les KO KO MO de se produire à GES pour clore cette soirée en beauté. Comme la veille avec The Inspector Cluzo, c’est un duo guitare/batterie mais le style est radicalement différent, voire carrément opposé. Là où les Cluzo défendent un rock du terroir sans artifices scéniques, les 2 nantais font dans le rock tout feu tout flamme dopé aux lights éblouissantes. On gagne en énergie ce que l’on perd en profondeur (impossible de retenir la moindre chanson pour ma part…) mais il faut avouer que les 2 zébulons qui ne tiennent pas en place savent aussi jouer de leurs instruments et que le show est efficace. De quoi enjailler les festivaliers qui souhaitent profiter de la douceur de la nuit jusqu’à la fermeture avant de se retrouver le lendemain pour d’autres grands moments de musique live!
Texte et photos: Fabien Mathieux