Joie et plaisir de retrouver Saint-Julien-en-Genevois et son incontournable festival Guitare En Scène unique en son genre: Légendes et révélations de la six cordes se côtoient devant un public limité à 5000 personnes 4 soirs de suite, ce qui procure des conditions parfaites pour apprécier chaque concert pleinement: Jamais loin de la scène, un son au top et pas de choix à faire entre tel ou tel artiste, 1 seul concert à la fois. Bref que du bonheur!
Comme l’an passé, un artiste “fil rouge” jouera 2 fois chaque soir à l’espace détente “Quartier libre”, en ouverture et en milieu de soirée, ce qui permet de s’exercer ou de se reposer gentiment les cages à miel (dédicace à tonton Zégut!) avant d’enchaîner avec du plus lourd. Cette année, c’est Axel Zimmerman qui s’acquitte parfaitement de la tâche en offrant des chansons intimistes dans un duo guitare/contrebasse qui s’apprécie d’autant plus installé dans les confortables transats ou sofas mis à disposition, un verre à porter de main!
Les tympans sont bien détendus et prêts à recevoir des sons plus musclés, et avec le groupe Paddang, issu du tremplin GES, ils sont de suite sérieusement sollicités par un rock bien énervé , qui fait la part belle aux phases instrumentales et où les 3 lascars ne ménagent pas leurs efforts malgré le soleil pleine face qui ne les épargne pas…ceci dit étant toulousains, ils doivent avoir l’habitude de ces températures! C’est carré, bien envoyé et nous sommes désormais en pleine forme pour effectuer un voyage temporel, Marty démarre la DeLorean!
Ce n’est pas lui mais Seasick Steve qui prend le volant avec son blues rugueux et taillé à la hâche qui nous fait traverser le temps et les Etats-Unis. A chaque titre une guitare et une histoire différente, de celle au bois totalement usé qui a dû jouer dans nombre de bars miteux et enfumés à celle fabriquée lors d’un séjour en prison, les chansons confirment ce qu’on peut deviner en regardant le bonhomme couvert de tatouages, à la barbe de vieux sage mais aux yeux encore malicieux: ce gars a eu mille vies! Et pour notre plus grand plaisir, il les partage avec nous.
On poursuit notre route sixty-six jusqu’en Angleterre (la DeLorean peut tout faire!) pour remonter jusqu’aux seventies, époque où Status Quo enchaînait tube sur tube et qui s’offre une tournée d’adieux pour célébrer ce glorieux passé. Un peu dubitatif sur le bon vieillissement des titres, mes craintes sont rapidement effacées devant l’énergie positive qu’envoie les 5 acolytes tous de blanc vêtu: les riffs de Whatever you want, Rockin’ all over the world et autres In the Army now sont toujours efficaces et immédiatement reconnaissables et repris en choeur par un public aussi heureux que s’il retrouvait de vieux copains, un vrai “feel good show”!
Retour au pays de l’oncle Sam pour suivre le déroulé d’une autre vie, celle de John Fogerty, qui a marqué l’histoire du rock avec les Creedence Clearwater Revival dès les années 60. Le concert se veut très personnel et des images de la vie de l’artiste accompagnent chaque titre en fond de scène, ce qui est à la fois beau et touchant, comme l’histoire d’une guitare avec laquelle il a joué à Woodstock, perdue de vue ensuite pendant de longues années, et retrouvée il y a 2 ans seulement par sa femme qui lui à offert à noël, une vraie belle surprise avec laquelle il était fier et heureux de nous enchanter ce soir. (A noter, absence de photos de ce concert pour cause de contrat obligatoire totalement ubuesque…)
Mais assez de nostalgie pour ce soir, il est temps de revenir au présent avec les “rockframers” français les plus célèbres du monde: The Inspector Cluzo! Toujours dans leur style authentique, les 2 compères envoient leur rock brut et direct au public de GES (qui ne semble pas les connaître) comme s’ils labouraient un champ vierge pour y faire pousser une belle récolte! Certains adhèrent, d’autres pas du tout, mais personne n’est indifférent et c’est à ça qu’on reconnaît les bons! Pour les avoir découvert il y aura bientôt une dizaine d’années, je suis ravi de voir qu’ils ont conservé leur ligne de conduite “anti-music-business” tout en enrichissant leur univers de titres plus structurés et plus profonds. “Le rock est une histoire de famille et la famille c’est vous!” lance le chanteur pour secouer le public, et c’est sur ces bonnes paroles qui résument bien la soirée qu’il est temps de penser à rejoindre le camping au pied du Salève…le temps de reprendre quelques forces avant la suite!
Texte et photos: Fabien Mathieux
