Cathedrals, l’album du quintet bordelais Matrass, est sorti le 17 mai dernier via La Tangente Label, mais il nous paraissait important d’y consacrer quelques lignes, tant nous avons été séduits par ce style post-metal/hardcore.
Cathedrals ne compte certes que huit morceaux, mais certains atteignent de longues durées (plus de six minutes). C’est par exemple le cas de Shreds (7 minutes 11), Adrift (6 minutes 30) ou encore de l’éponyme Cathedrals (7 minutes 10).
Un album qui se divise entre riffs acérés de guitares metal et plages soft de grattes aériennes, tout particulièrement placées en début de morceaux. Ajoutons à cela l’émotion véhiculée par l’enjôleuse voix de Clémentine Browne et les cris gutturaux qui, de temps à autres, constituent les périodes dynamiques et hardcore de ce premier véritable album de Matrass (Journey, Reaching Height notamment).
Inner Worlds, EP paru en 2022, n’était qu’un simple coup d’essai, alors que Cathedrals a permis au quintet girondin de prendre confiance et de s’affirmer parmi les formations de la scène hexagonale qui comptent.
Les influences sont variées, s’étalant d’Apocalyptica (sans les violons) à Spirit Box ou The Ocean aux orléanais d’Orpheum Black pour le côté voix féminine. Le versant instrumental illustré par Adrift et Silence fait immédiatement penser à des groupes tels que Mogwaii, EF (formation suédoise), voir les rennais d’Arios ou le tandem finlando-britannique Nyos. Véritable réservoir d’influences donc pour un groupe qui n’hésite pas à mélanger les genres, à bouleverser sa musique selon les ambiances. Le jeu de mots semble ainsi tout trouvé pour évoquer une ambiance et un décor de cathédrale, pourquoi pas même le silence de cathédrale. Adrift, morceau instrumental et soft, en est le parfait exemple.
Le calme avant la tempête, l’apaisement avant l’embrasement total, Cathedrals est tout cela à la fois. Shreds, émouvant autant qu’obscur, entame les hostilités de manière limpide, tranquille comme Baptiste comme diraient certains. Baptiste Manec, c’est justement le nom de cet incroyable batteur, lequel aura rapidement l’occasion de s’exprimer, non seulement sur Shreds mais encore davantage avec Journey, Grimps et le turbulent Appetite For Comfort, ce dernier s’avérant le morceau le plus rock et hard de l’album. Saisissant contraste donc entre Appetite For Comfort et des ballades relâchées telles que Reaching Height, Shreds ou l’instrumentale Adrift et ses guitares aériennes. Acalmie salutaire est offerte après les assourdissants Journey, Grimps et autres Appetite For Comfort.
Clémentine au chant, Baptiste derrière ses fûts et leurs trois acolytes donnent littéralement le meilleur d’eux-même pour nous gratifier d’un opus haut de gamme, ponctué par huit morceaux d’une durée totale de quarante-cinq minutes. De Shreds à Cathedrals en passant par Grimps ou Silence, l’on goûte à toutes les ambiances, passant de l’émotion au rock endiablé sans la moindre vergogne.
Des morceaux qui pourraient très bien être interprétés dans une cathédrale, tellement le vaste décor s’y prête. Adrift, Shreds et Reaching Height le démontrent avec brio, figurant parmi les ballades aériennes de Cathedrals. Les guitares, tant soft qu’électriques résonnent beau faire et offrent de quoi se faire plaisir.
Cathedrals de Matrass: l’album des contrastes les plus époustouflants!
Morceaux choisis: Reaching Height, Adrift, Shreds, Appetite For Comfort.