On parlait peu de lui, il se faisait discret, à tel point que l’on avait fini par se demander s’il était encore bien de ce monde. Les dernières nouvelles discographiques de Lenny Kravitz sont antérieures à la pandémie de Covid, autant dire des plombes. Qu’a-t-il penser de cette période? En a-t-il souffert? Tant de questions qui resteront sans réponses, Lenny n’étant pas du genre à se répandre en jérémiades inutiles.
Le soulman/rockeur a choisi cette année 2024 pour refaire surface musicalement avec un douzième album baptisé Blue Electric Light. Un disque lumineux dans lequel le songwriter fait le récapitulatif de toutes les musiques qui ont jalonné son enfance comme son adolescence, de la soul au rock en passant par le funk. Une variété de styles symbolisée par les très soul Human et TK 421 autant que par le bien électrique Paralyzed. Trois morceaux qui, avant la parution de l’album, ont été dévoilés en singles. TK 421 nous avait paru un peu longuet et interminable mais Lenny, par le biais d’Human et de Paralyzed, s’est vite attaché à nous rassurer sur sa capacité à nous pondre des morceaux à la mélodie simple et des hymnes fédérateurs qui rassemblent. Il ne fallait donc pas s’en faire, TK 421 pouvant aisément être considéré comme un single zéro, selon la formule consacrée en musique.
Ce nouvel effort de Lenny fait écho à une autobiographie parue il y a deux ans de cela dans laquelle le chanteur évoque sa jeunesse sans détours ni tabous, parlant de musique et d’autres choses. Une forme de bilan de vie pour celui qui, le 26 mai dernier, a fêté ses 60 printemps, deux jours après la parution de Blue Electric Light. Pourtant, Lenny Kravitz semble avoir encore beaucoup à donner et est loin d’avoir tout dit, comme en attestent les 12 morceaux de cette nouvelle galette.
Lenny dit avoir une hygiène de vie correcte, s’obligeant à deux séances de gymnastique par semaine. Et l’amour dans tout ça? Il est toujours aussi omniprésent dans les textes de ce songwriter à l’optimisme légendaire. « Love Is My Religion » chante-t-il sur Blue Electric Light, mais aussi la longue ballade soul It’s Just Another Fine Day In This Universe Of Love, morceau long de plus de 6 minutes chargé d’ouvrir l’album.
Un optimisme qui fait dire à Lenny Kravitz: « plus tout est sombre, plus je crois dans le fait de pouvoir s’aimer les uns les autres. » Dieu justement entende ce bon vieux Lenny à qui l’on ne saurait interdire de croire en des jours meilleurs. Il se permet même de renchérir: « Dieu a un plan pour nous, celui de nous faire vivre ensemble et en toute harmonie. »
Certaines chansons de Blue Electric Light ont été composées dans un passé lointain, c’est notamment le cas de Bundle Of Joy écrite il y a environ 40 ans, alors que Lenny n’était encore qu’au lycée. Ce morceau à l’allure funk aussi bien que rock semble ne jamais avoir trouvé sa place dans les albums précédents de Lenny Kravitz, Blue Electric Light lui a redonné ses lettres de noblesse.
Certains éternels insatisfaits reprochent à Lenny d’avoir, avec Blue Electric Light, complètement délaissé le rock et force est de constater que TK 421 et Human leur donneront raison. Pourtant, l’arrivée de ce douzième album tend à montrer que les bonnes guitares n’ont pas été oubliées et laissées au placard. Bundle Of Joy les met en valeur, alors que Love Is My Religion et surtout Paralyzed leur laissent les coudées franches pour s’exprimer. Les grandes heures de Lenny Kravitz version rock renaissent sur Paralyzed!
Au risque de se répéter, Blue Electric Light n’a pas vocation à être un opus 100% rock, mais le bilan musical de tout ce que Lenny a écouté et aimé. Ainsi, dans le style soul, on trouvera Honey, Stuck In The Middle ou encore It’s Another Fine Day In This Universe Of Love tandisque, pour le funk, se profileront Let It Ride, Heaven et Spirit In My Heart. L’électro se fraye également une petite place avec le morceau qui donne son titre à l’album, à savoir Blue Electric Light. On l’aura compris, ce douzième album de Lenny Kravitz ne s’enferme pas dans un carcan musical donné, mais surfe sur tous les styles. De Paralyzed à Heaven, Lenny nous fait franchir des pas de géants et ainsi faire le grand écart.
Profond, romantique, émouvant, ces qualificatifs résument fort bien à eux trois ce que Lenny Kravitz a toujours été, malgré sa propension à faire de la musique musclée et qui détonne. Honey, Stuck In The Middle et It’s Another Fine Day In This Universe Of Love sont là pour le prouver. Du rock, de l’émotion, du dynamisme: un coctail qui fera de Blue Electric Light un album polyvalent de bout en bout!
Lenny sera présent dans quelques festivals de cet été, notamment sur la scène des Eurockéennes où sa présence était ardemment attendue. Nul doute que Blue Electric Light figurera au centre des débats!
Morceaux choisis: Human, It’s Another Fine Day In This Universe Of Love, Paralyzed, Stuck In The Middle.