La formation originaire du Kentucky Cage The Elephant nous revient, auréolée de deux Grammy Awards par le biais de ses albums Tell Me I’m Pretty (2017) et Social Cues (2019). Neon Pill (Sony Music/RCA Records), nouvel opus de la bande à Matt Schultz, semble difficilement taillé pour permettre aux américains de réaliser la passe de trois. Le charme n’opère plus, tout comme la magie des premiers albums, fameuse époque faste où les Black Keys (Dan Auerbach notamment) mettaient le nez et se constituaient partie prenante dans la production.
Avec Neon Pill, Cage The Elephant ont atteint leurs limites musicales, autant dire le néant. Plus de piles dans le réservoir, toute volonté de pondre de la bonne musique pillée. La faute principalement aux problèmes de santé mentale auxquels Matt Schultz a dû faire face, entre détention illégale d’armes à feu et traitements médicamentaux douteux, sans parler d’hospitalisations à répétitions. À tout cela, il faut ajouter le décès du père de Matt et de Brad Schultz (ce dernier guitariste) survenu durant la pandémie. Un hommage lui ai d’ailleurs rendu par la voix d’Out Loud, ballade interprétée au piano. Out Loud raconte la vie tourmentée de ce père, de ses secrets à ses non dits. Out Loud, l’un des seuls morceaux qui valent le détour avec Metaverse, plus rock celui-ci et influencé The Strokes.
Au chapitre positif de cet album Neon Pill, citons également le très californien Rainbow, Float In The Sky bien atmosphérique et aux airs de Pink Floyd ou encore l’éponyme Neon Pill, premier single dévoilé par les américains. Un morceau entraînant où Matt Schultz, pourtant, évoque ses difficultés mentales et tous les déboires qui s’en sont suivis. Une musique rendue joyeuse sur des paroles lourdes de sens, c’est ce qui caractérise le morceau Neon Pill. Matt Schultz a choisi d’aller de l’avant en mettant des mots sur un malêtre certain, voire une dépression, tout cela positivé sur une musique enjouée. Sacré paradoxe, quand tu nous tiens!
Ces quelques morceaux de bravoure que sont Rainbow, la ballade acoustique Over Your Shoulder, Float In The Sky et le trépidant Metaverse sont l’arbre qui cache la forêt de ce nouvel album de Cage The Elephant, ne contribuant hélas pas à nous faire oublier ce manque total d’inspiration auquel la formation du Kentucky se trouve confrontée, même malgré elle. Confiance et verve ont, semble-t-il, abandonné Matt Schultz et sa clique, preuve irréfutable avec le synthétique et fade Good Time pourtant sorti en single, alors que d’autres morceaux tels que Rainbow et Float In The Sky l’auraient davantage mérité.
Si Good Time n’offre guère d’attraits, Ball And Chain, Shy Eyes ou Same n’ont pas vocation à réhausser le faible niveau de cet album. Hifi (True Light) tente tant bien que mal de tirer son épingle du jeu mais, par carence de mordant, sans véritablement y parvenir.
Constat affligeant: pratiquement tout au long de l’album, Matt Schultz traîne son spleen, tout en s’efforçant d’exorciser les soucis qui ont gangrenné son existence lors de ces dernières années. Qu’on le veuille ou non, les séquelles sont toujours visibles, à l’oreille autant qu’à l’oeuil nu.
Il ne sera donc pas très difficile à Cage The Elephant de faire mieux que cet album Neon Pill, si tant est que les américains retrouvent l’inspiration. Matt Schultz n’a certes pas été aidé par le sort (santé récalcitrante, perte de son père), mais avec une formation coutumière par le passé de grandes prestations, nous sommes légitimement en droit de nous montrer exigents. À charge pour le groupe du Kentucky de nous montrer que cet album Neon Pill n’était qu’un regrettable accident de parcours, que Matt Schultz et sa bande n’ont pas définitivement lâché l’affaire et déjà tout donné.
Neon Pill: l’échec musical d’une formation pourtant jadis bien cotée!
Morceaux choisis: Metaverse, Rainbow, Float In The Sky, Out Loud.