Le trio originaire de Saintes Lysistrata sort enfin de veille, cinq ans après son album Breathe In/Out. On ne croit pas si bien dire, puisque la nouvelle galette des charentais est baptisé Veil, paru sous le label bordelais Vicious Circle. Une écurie qui, dans ses rangs, compte entre autres une formation comme The Psychotic Monks.
Veil marque pour Lysistrata un virage à 180° et même une petite révolution, laquelle réside d’abord dans le domaine du chant qui n’est plus, comme par le passé, psalmodié en incantations (spoken words). Désormais, Ben Amos Cooper chante vraiment et juste qui plus est. Rise Up, Horns ou Livin It Up sont autant d’occasions d’admirer cette voix chaude et grave du batteur/chanteur du trio charentais.
Révolution également dans le style musical car un certain Ben Greenberg, producteur de Beach Fossils, Metz ou encore Diiv, est passé par là, faisant prendre conscience à Lysistrata de l’incroyable potentiel qu’il pourrait en tirer. Et on voit le résultat, le travail et les méthodes impulsées par Greenberg ont porté leurs fruits! Lysistrata propose du rock enfin accessible au grand public et du bon de surcroît.
À entendre les morceaux de Veil, on n’est guère loin de Pearl Jam, Placebo ou même The Cure pour la période 80’s avec Artifice où Ben Amos Cooper, en pleine forme, pousse son organe vocal dans les aigus, faisant penser à Robert Smith.
La musique est puissante, aérienne et explosive avec Horns, See Through et Acid To The Burn sur lesquels Lysistrata cherche à fédérer un plus large publique aficionados de rock alternatif et force est de constater que l’opération séduction fonctionne. Le rock est tellement fréquentable quand il est mélodieux, posé et surtout qu’il y a du chant digne de ce nom.
Ce qui ne change pas chez Lysistrata, c’est cette faculté innée de véhiculer de la rage, le versant post-hardcore n’ayant pas été totalement laissé au vestiaire. Dans les sulfureux Trouble Don’t Last et Feel The Shine, le trio de Saintes prouve que, malgré cet indéniable changement de style, il ne renie pas son ADN rage post-punk. Les hurlements et vociférations de Ben, même sur Veil, sont encore légion.
Lysistrata se permet aussi, avec ce nouvel album, quelques incursions dans la pop sur Rise Up, Okay ou Livin It Up, empruntant de temps à autres des sentiers électro et new wave (Okay, Artifice). Le signe tangible d’un groupe qui veut se donner les moyens de ses ambitions, d’évoluer vers des positions plus admissibles musicalement parlant.
Les grands morceaux de Veil sont à chercher du côté de See Through, Horns, Rise Up ou encore Acid To The Burn, ces morceaux propulsant les charentais vers un rock dynamique autant qu’aérien et gorgé de mélodie. C’est le rock indie ou alternatif qui plaît et parle à tout le monde.
Tangled In The Leaves, ballade folk, a des relents de Nirvana unplugged (Come As You Are par exemple).
Veil est sorti le 1er mars dernier, mais il nous paraissait important de nous y attarder et il eût été bien impardonnable d’ignorer cette nouvelle prestation du trio de Saintes, groupe fleuron de la scène rock hexagonale. Reste à espérer que les organisateurs de festivals daignent poser l’oreille sur Veil, argument plus que valable pour inclure Lysistrata au sein de leurs programmations. En attendant, ce nouvel opus du trio charentais peut toujours s’écouter et à gogo avec, disons-le, 10 morceaux d’une rare intensité!
Veil: la transformation musicale de Lysistrata sans pour autant renier sa marque de fabrique!
Morceaux choisis: See Through, Horns, Acid To The Burn, Rise Up.