C’était dans l’air, rumeur des plus insistantes, c’est désormais officiel! Les Black Crowes sont bel et bien de retour et qui plus est avec un nouvel album! Ayant pour titre Happiness Bastards, il succède à Before The Frost…Until The Freeze (2009) qui demeurait, jusqu’à présent, le dernier opus en date de compos inédites.
Pour arriver à pondre cet album, la fratrie Robinson (Chris au chant) et Rich (à la guitare) s’est employée à mettre les bouchées doubles, à se surpasser et il a aussi fallu, pour l’ensemble de la formation d’Atlanta, enterrer la hache de guerre comme on dit. Dissous depuis 2015 par suite de problème d’egos notamment, les Black Crowes s’étaient déjà reformés en 2020, mais sans pour autant plancher sur un album. Les frères Robinson et leurs acolytes enchaînèrent plutôt rééditions d’albums de luxe, lives et même, très récemment, une tournée qui vit le retour à la basse de Sven Pipien, autre membre historique du groupe. C’est précisément cette tournée qui donna corps à Happiness Bastards, sorti sous le propre label des Black Crowes, c’est-à-dire Silver Arrow Records.
Dixit Chris Robinson, les Black Crowes n’ont jamais cessé d’écrire des chansons et de créer de la musique, martelant à qui veut l’entendre que l’harmonie entre les membres de la formation ne s’est jamais démentie. Et Rich de renchérir sur le fait qu’Happiness Bastards soit revendiqué comme le bilan de tant d’années de composition, de création musicale et de tournées. « Happiness Bastards est le prolongement de notre histoire en tant que groupe, je suis incroyablement fier de tout ce que nous avons accompli. » Avec un album d’une telle envergure, on ne saurait reprocher à Rich de se glorifier et de porter le groupe aux nues, il y a de quoi!
C’est le virevoltant Wanting And Waiting, single paru en janvier dernier, qui marqua le point de départ de l’épopée Happiness Bastards, alors que l’album n’était encore qu’un vague bruit de couloir. Puis les choses se sont accélérées et confirmées avec 10 morceaux produits par Jay Joyce en qui les Black Crowes ont toujours eu confiance. Le producteur de Fidlar et autres Orville Peck a toujours été l’homme providentiel de la formation d’Atlanta, osons même dire son bidouilleur fétiche et attitré. Conséquence, le constat s’avère probant: Happiness Bastards résume à lui seul tout ce que les Black Crowes, depuis Shake Your Money Maker, ont toujours su faire de mieux, à savoir un blues rock à la sudiste façon Lynyrd Skynyrd notamment.
Il suffit d’écouter l’entraînant Bedside Manners pour décréter que cette bande de vieux grognards et routiers du blues rock n’a strictement rien perdu de son mordant, que ces gais lurons (comme le définit si bien le titre de l’album) se plaît encore et toujours autant à s’éclater. Prendre du plaisir certes mais en ne faisant pas les choses à moitié, en ne voulant rien laisser au hasard. Sur Happiness Bastards, démonstration en est faite tout le long avec le très rolling stonien Bleed It Dry témoignant d’un Chris Robinson littéralement « on fire », le nerveux et bien rock Dirty Cold Sun, voire Rats And Clowns ou encore Follow The Moon davantage tourné vers le côté bluesy.
Ce n’est pas à des vieux singes que l’on apprend à faire la grimace, un adage qui s’applique fort bien à ces bluesmen pur jus que sont les Black Crowes et sur qui, manifestement, le temps n’a pas de prise. La valeur n’atteint pas le nombre des années, cela aussi c’est bien connu!
Happiness Bastards se veut blues et rock jusqu’au bout des ongles, sans concession aucune (Flesh Wound, Bleed It Dry, Bedside Manners), mais laisse néanmoins s’épanouir sensibilité autant qu’émotion chez les frères Robinson et leurs ouailles. Dans la même veine que le célèbre et poignant Josephine, on croise sur ce nouvel album l’apaisant Wilted Rose en featuring avec la chanteuse country Lainey Wilson révélée, entre autres, par l’habillage musical de la série Yellowstone.
Autre grand moment de légèreté sur Kindred Friend, ballade épilogue d’Happiness Bastards, à l’image de Cross Your Fingers oscillant entre sentimentalisme et blues rock accrocheur.
Retour discographique fracassant donc pour les Black Crowes, résurrection à laquelle peu d’entre nous croyaient. Les vieux lions d’Atlanta ont renoué avec leur fougue d’antan et ont décidé, par le biais d’Happiness Bastards, de rugir à nouveau.
N’ayons pas peur des mots car les Black Crowes, en refaisant surface, ont créé l’évènement blues rock de l’année!
Happiness Bastards: du Black Crowes comme aux plus beaux jours!
Morceaux coups de cœur: Bedside Manners, Wilted Rose, Dirty Cold Sun, Follow The Moon.