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Weird Faith /Madi Diaz

L’Américaine basée à Nashville a composé Weird Faith, sorti tout chaud en ce début février.

Il y est question d’amour, de rédemption, de parentalité rêvée, mais surtout d’histoires tout à la fois intimes et universelles. Du grand story-telling sur des musiques accomplies, et toujours cette voix si souple et réconfortante.

L’album débute par le fabuleux Same Risk, qui questionne l’engagement et la réciprocité : deux personnes qui s’aiment mettent-elles le curseur de leur implication au même niveau dans ce qu’elles construisent ? Pas sûr, d’après Madi, et je dois confesser que je suis de son avis…

« Penses-tu que cela puisse fragiliser ta vie, parce que je vois bien que cela fragilise la mienne, mais tout ce dont je voudrais m’assurer, c’est que nous prenons vraiment le même risque ».

S’ensuit , Everything Almost, poppy, léger en apparence, mais dans lequel Madi évoque une maternité virtuelle, et la peur que cela suscite pour elle. La lune de miel durera t-elle, ou bien tout cela n’est-il qu’une illusion ? La parentalité est-elle l’aboutissement d’une relation ou une chimère d’éternité ? Vous avez 4 heures.

Sur Girlfriend, on est tout d’abord surpris par la guitare baryton, pas si usitée que cela. Madi y conte la jalousie, le libre arbitre, et semble comprendre pourquoi son ex a succombé aux charmes de cette nouvelle prétendante. Mais qu’on ne s’y trompe pas, il est surtout question d’acceptation, de renoncement et de détachement., ou comment devenir my ex-boyfriend’s new girlfriend. Je n’ai aucune formule magique pour cela, chère Madi.

Hurting You, au piano tout d’abord sur quelques accords simples, donne à voir et entendre toute la fragilité de Melle Diaz. Hurting you is hurting me, douleur et empathie, tout autant que déraison.

Dans Get To Know Me, ce sont la nudité, fragilité y compris pour une fois dans le voix, la noirceur et une part de faiblesse qui transparaissent. Veux-tu apprendre à me connaître ? Bien évidemment, Madi, parce que l’on aime chez l’autre, n’est-ce pas sa fragilité ?

Puis arrive Kiss The Wall, sur un rythme ternaire et obsédant. Là, c’est toute la filiation d’une lignée qui semble être interrogée, tout comme le fait de construire un avenir commun :

No one will ever even know we were alive except for the garden

All of the lies that turned into mistakes

I love this place ’cause it’s yours and it’s mine

Nothin’ is a waste of time

[Personne n’aura même conscience que nous étions vivants, sauf le jardin

Tous ces mensonges devenus des erreurs

J’aime cet endroit, parce qu’il est à toi et à moi

Rien de tout cela n’est une perte de temps]

Pour God Person, on rejoint un peu Faith de John Butler, qui évoque la foi sans la piété, quelque chose d’une force, d’une quête, d’une utopie bien plus grande que soi, que l’on perçoit dans la beauté d’un paysage ou de l’océan.

Surgit alors Don’t Do Me Good, en duo avec Kacey Musgraves. C’est sobre, éthéré et léger, mais terriblement fataliste. I know loving you, it don’t do me good. À noter une volée de Madi toute lyrique dans les harmonies, qui fait une bien fou.

Et puis, la pièce maîtresse, le tour de force de la belle Américaine ; For Months Now. Pour moi, LA chanson de cet opus….ou comment le doute et l’éloignement s’installent petit à petit jusqu’au constat de deux entités irréconciliables, déjà sur des chemins différents. C’est du grand art…

Sur KFM (Kill, Fuck or Marry you), l’ambiguïté est partout, l’ambivalence aussi. S’abandonner et laisser surgit ses instincts, ou rester en contrôle ? Nous n’aurons pas exactement la réponse, mais en tout cas, Éros et Thanatos sont à l’œuvre ; de quoi se sentir vivant(e).

Weird Faith, titre éponyme de l’album, sur lequel la jeune femme nous indique que chaque histoire d’amour apporte ses enseignements, alors autant les aborder avec bienveillance et avec une bonne dose de conviction, quand même l’échec sera au bout.

‘Cause every love brings a lesson

And you’re gonna be tested

So try to have a heart of gold

And try to have weird faith

Enfin, Obsessive Thoughts, qui n’a rien à envier à une Polly Jean Harvey par exemple, et qui relate les questions existentielles de la demoiselle : Is it hard to love me? ‘Cause I exist intensely.

Non, Madi, il n’est pas difficile de vous aimer, même si vous êtes parfois difficile à cerner, vous débordez de pulsions de vie et de contradictions infiniment touchantes.

À l’heure du bilan de cet album, on notera la qualité de la prise de son, des harmonies vocales, et surtout le talent de Madi Diaz pour chuchoter à nos oreilles des chansons qui murmurent directement au cœur de chacun(e).

Note : 21/10 (les 11 points bonus sont tout l’amour que j’ai pour cette artiste fabuleuse).

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