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DLGZ / Setbacks And Reversals

Le quintet lillois DLGZ est de retour, quatorze longues années après son album New Tricks For Old Dogs.
Le nouvel effort de la bande à Stephan Hayes, paru conjointement chez Araki Records, Do It Youssef et Pied De Biche, s’intitule Setbacks And Reversals.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce quintet est complètement déjanté, sans que l’on puisse lui en faire le reproche, dans le bon sens du terme évidemment. Tout au long de cet opus de 10 morceaux (très longs ou très courts, c’est selon), DLGZ surprend, met de la folie partout où il passe, alliant avec brio et maestria le mélange des genres: math rock, post-punk un poil décalé, le tout agrémenté d’une orchestration parfois atypique (cuivres, clavecin ou encore piano).
Côté influences, ces Lillois ont de qui tenir: Squid, PVT, Battles, et cetera. Notre cher Hexagone regorge de bonnes formations rock et on ne le sait hélas pas assez!
D’aucuns vont même jusqu’à établir un comparatif avec Mike Oldfield, plus précisément leur prestigieux album Tubular Bells. De quoi enrichir la carte de visite de Stephan Hayes et de ses quatre acolytes!

Un album où chant déluré et envolées vocales règnent en maîtres, comme par exemples sur Words Come Out All Wrong ou le très radioheadien All Thoses Witches. Dans le premier cité, Stephan Hayes adopte une voix haut perchée, proche de celle de Sting ou de Kiaran Crook des Sherlocks. DLGZ, si on l’ignorait encore, se permet toutes les facéties et les fantaisies sur Setbacks And Reversals et à l’heure où ce monde a tendance à se prendre au sérieux, il faut reconnaître que ça fait du bien! Et justement, le quintet lillois l’aborde, cette difficulté d’exister dans un monde sans pitié ni concessions. Un climat négatif que néanmoins la bande à Stephan Hayes s’évertue néanmoins à rendre plus supportable. Un peu de fantaisie dans ce monde de brutes, ça réconforte, assez de se prendre toujours au sérieux!

Setbacks And Reversals fourmille de morceaux longue durée, à l’exception des électros et instrus Quasicrystal (introduction), Where And When et The Stomach For It, les deux derniers faisant figures d’intermèdes.
Le psychédélique Words Come Out Wrong et First We’ll Drink To Good Times très influencé Squid comptent respectivement 10 minutes 48 et 10 minutes 51. Ce sont les deux morceaux les plus longs de cet album, talonnés de peu par Worn Out Lies, ballade soft rock aux allures The Wombats (8 minutes 39).

Sur Setbacks And Reversals, le rock parfois psychédélique est malgré tout bien présent, notamment dans All Those Witches estampillé 70’s, le post-punk First We’ll Drink To Good Times ou encore l’alternatif Carnival Masks And Ego. DLGZ se plaît à mélanger les genres, à mettre un max de grinta dans son univers musical. Tout bonnement, le quintet lillois s’attelle à décomplexer une musique par moments un peu coincée et c’est là tout l’attrait, le charme de la bande à Stephan Hayes.
Le temps d’un album, électro (Quasicrystal, The Stomach For It) et rock (Carnival Masks And Ego, All Those Witches) font bon ménage et cause commune, ce qui revient à dire que Setbacks And Reversals baignent pleinement dans l’éclectisme, véritable melting-pot de styles et d’influences. Outre Squid sur First We’ll Drink To Good Times, Fontaines D.C s’invite sur ce morceau fleuve: de bonnes guitares et une voix grave qui parle, qui psalmodie, un peu à l’image de Grian Chatten sur les morceaux les plus électriques de Fontaines D.C.

À l’écoute de Setbacks And Reversals, un grand regret nous vrille la poitrine, celui de constater que ce génial quintet soit demeuré aussi longtemps absent de la scène musicale. Stephan Hayes et ses gars auraient eu tant de choses à apporter à ce paysage rock mais bon, ne nous appesantissons pas là-dessus, Setbacks And Reversals atténue largement cette déception. Si le prochain opus de DLGZ ne met pas 14 ans à pointer le bout de son nez, ça sera encore mieux et espérons vivement que le quintet lillois ait la bonne idée d’enchaîner. C’est tout le mal que l’on souhaite à ces cinq ch’tits gars du Nord qui, indéniablement, en ont dans les tripes!
Lille, en plus d’être une ville de foot, est aussi une ville de bon rock et d’électro, elle l’a déjà prouvé avec des formations telles que Tapeworms, Temps Calme et surtout, plus près de nous, les excellents Future Exes. Lille is on fire!

Setbacks And Reversals: l’album abouti d’un quintet aux apparitions discographiques bien trop rares!

Notre sélection: All Them Witches, Bunker It, Carnival Masks And Ego, Worn Out Lies.

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