Quand j’ai fait suivre l’annonce d’Ondara à la Laiterie, en indiquant que cela vaudrait sans doute le coup de vous y rendre si vous étiez à Strasbourg ce 30 novembre, je n’imaginais prendre mon véhicule à moteur de vignette Crit’Air 1 pour le voir, mais alors, pas du tout.
De fil en aiguille, et sur l’insistance de Bob, nous avons pris nos billets en plus des invitations que la Laiterie mettait élégamment à notre disposition (merci en passant pour cette attention aussi délicate que bienvenue).
Nous avons embarqué dans l’aventure un collègue musicien afin qu’il puisse d’une part profiter du concert – la base -, d’autre part assister de bout en bout au « processus créatif » (mais quelle immodestie me frappe ?!!!) menant à la publication d’un live report.
Voici donc les personnages du soir : Sophie (honneur aux dames), Bob (honneur au Boss), Phil (honneur aux invités) et votre fidèle cependant que momentanément melonesque serviteur, sans oublier l’Artiste lui-même : J.S. ONDARA.
Trois albums ont suffit à convaincre les plus sceptiques de l’étendue de son talent : Tales of America (2019), Folk n’ Roll Vol. 1: Tales Of Isolation (2020) et Spanish Villager No. 3 (2022). Le nigérian, maintes fois mis en avant par Sensation Rock notamment, allait-il se montrer à la hauteur des attentes que nous avions placées en lui ?
Patience, ô vénérable lecteur, car la première partie allait d’abord devoir faire ses preuves. En l’occurrence, Thipanie DOUCET, artiste polymorphe (musique, chant, mais aussi comédienne) et multi-instrumentiste (guitare, piano et harpe, rien de moins). Bon, pas une mauvaise surprise, mais pas une bonne non plus. Paroles mignonnes, portant sur l’amour essentiellement (beurk), et un morceau plus touchant sur son père disparu.
Clichés obligent, verre de gewurtzraminer et bretzels permettent de se réchauffer, pour ceux qui y sont autorisés du moins.
20h50 pétantes, celui pour lequel nous nous sommes déplacés entre en scène, lunettes de soleil sur le nez, une sorte d’écharpe nouée sur la tête, vêtu d’un long manteau de laine gris. Guitare Martin en bandoulière, peu d’effets, mais une présence et une voix peu communes.
L’homme est drôle, ramenant chaque chanson (An Alien In Minneapolis, A Blackout In Paris, A Seminar In Tokyo) sur le terrain strasbourgeois. Il explique également avoir quitté les États-Unis pour s’établir à Londres, et l’on sent bien que son rêve américain lui a probablement laissé un goût amer.
Il embauche le public pour quelques chœurs sur l’excellente Saying Goodbye : « Oh honey I’m just getting good at saying goodbye Getting good at saying goodbye, Getting good at saying goodbye ,Saying Goodbye », et on s’en sort plutôt pas mal.
Surviennent alors quelques problèmes techniques, qui viennent saturer le son de la guitare. Il donne donc son instrument à un technicien, et se retrouve dépourvu d’outil de travail, seul en scène. Qu’importe, il entreprend alors un a capella de l’une de ses nouvelles chansons…sublime, et « only for Strasbourg » !
Retour de la guitare, « back to business » décrète t-il. Et effectivement, la pile ou l’alimentation fantôme semblent mieux lunées.
On regrettera peut-être que pour cette soirée, son chant n’ait pas été une démonstration technique de sa tessiture, Ondara délivrant ses aiguës de manière parcimonieuse, mais avec une maîtrise totale. On regrettera peut-être aussi un public un peu clairsemé, essentiellement allemand d’ailleurs.
Mais à aucun moment, on ne regrettera d’avoir fait ce déplacement en Alsace (ma patrie bien-aimée) pour recevoir tant de beauté et d’intentions de la part d’un artiste hors normes. Et par les temps qui courent, la beauté est tout sauf accessoire !
Merci à Philippe qui a assuré le trajet aller avec brio, malgré une météo exécrable : c’est un excellent conducteur, papa le laisse conduire doucement dans l’allée…