Eric Burton et Adrian Quesada, tandem connu sous l’identité de Black Pumas, reviennent chatouiller nos oreilles de leur soul bienfaitrice et réconfortante.
Quatre ans se sont écoulés depuis ce premier album éponyme Black Pumas qui a, en l’espace de quelques mois, propulsé les deux petits gars d’Austin (Texas) sur le devant de la scène. Voici ce que cela donnait en chiffres: 7 nominations aux Grammy Awards, 450 millions de streams ou encore 1 million d’albums vendus, sans parler d’une tournée qui a conduit Eric et Adrian jusqu’à l’Olympia. De quoi donc, pour les deux Texans, voir l’avenir en grand et ainsi s’ouvrir de multiples perspectives.
Quatre ans plus tard, Black Pumas ont décidé de se rappeler à notre bon souvenir, de remettre le couvert pour un second album intitulé Chronicles Of A Diamond, paru via ATO Records.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le duo texan ne dévie pas de sa trajectoire, conservant la recette qui a constitué son succès: une soul truffée d’enthousiasme et d’énergie, de gentillets riffs de guitare et surtout une voix d’Eric Burton convaincante, à nulle autre pareille.
Pour Chronicles Of A Diamond, Eric et Adrian ont greffé à leur soul quelques influences Prince, Stevie Wonder, voire même Jimmy Hendrix ou encore les Animals.
À certains moments, on frise même le psychédélisme 60’s/70’s, preuve que Black Pumas étoffe son répertoire de styles tout en gardant à l’esprit les fondamentaux.
Avec le premier single dévoilé More Than A Love Song, rien de surprenant chez le tandem d’Austin qui reste dans la continuité de l’album Black Pumas jusqu’à ce que se profile, tel un ovni surgi du psychédélisme, le somptueux autant qu’émouvant Angel: une ballade longue de 5 minutes 5 digne des Animals où la voix d’Eric se veut haut perchée et surpuissante, lorsqu’elle n’est pas larmoyante et plaintive. Sa façon de dire « Angel » nous cueille à froid, nous émeut plus que nous ne saurions le dire. Prendre aux tripes serait encore plus juste.
Avec Angel, Black Pumas osent s’aventurer dans des contrées musicales jusqu’alors inexplorées. Le tandem texan va chercher au loin ce petit grain de folie qui fait toute la différence, ce petit plus qui manquait à une soul pourtant de grande qualité.
Angel est le moment M de Chronicles Of A Diamond, sans pour autant en être l’unique satisfaction.
Dans un tout autre style, plus dynamique et rock, évoquons Ice Cream (Pay Phone), l’un des derniers singles en date ayant succédé à Angel.
Ice Cream (Pay Phone) fait précisément partie des morceaux influencés Prince, à l’instar de Hello et de Gemini Sun à connotation plus électro pour ce dernier. La voix d’Eric surfe sur la vague des aigus, un timbre proche du kid de Minneapolis.
En plus de Prince Hello, dans un habillage musical plus actuel, n’est pas sans rappeler Everything Everything, que ce soit par les boucles synthétiques ou la voix hyper aiguë d’Eric.
Tomorrow, quant à lui, possède de réels airs hendrixiens par ses riffs psyché/rétros de guitare. Plus près de nous, vocalement parlant, on pense à Michael Kiwanuka. On ne prendra pas grand risque en affirmant que cet électrique et psychédélique Tomorrow présente de larges similitudes avec Hero, morceau reconnu de Michael Kiwanuka.
L’éponyme Chronicles Of A Diamond est une autre magnifique ballade de ce second album de Black Pumas, certes moins forte émotionnellement qu’Angel mais tout aussi planante et jouissive.
Rock And Roll débute un peu comme une ballade avec quelques notes de piano, pour mieux cependant changer de rythme sans que l’on s’y attende.
La soul, quoi qu’on en dise, demeure l’ADN du tandem texan, formidablement représentée par Mrs. Postman et Sauvignon où Eric adopte une intonation vocale grave à la Stevie Wonder.
En quatre ans d’absence, Eric Burton et Adrian Quesada n’ont strictement rien perdu de leur aptitude à pondre de la bonne soul. Le duo d’Austin a très vite repris son rythme de croisière pour nous offrir, dépassant même les frontières de la soul, une seconde galette des plus complètes. Grâce à des morceaux tels qu’Angel, Ice Cream (Pay Phone) ou encore Hello, Black Pumas s’inscrivent désormais dans une réelle polyvalence et la soul, a contrario de l’éponyme Black Pumas de 2019, n’est plus son seul terrain de jeu. Eric Burton et Adrian Quesada ont manifestement bien compris que, pour durer et conserver intacte sa popularité, il fallait en partie se renouveler et par ricochets ne pas tomber dans le rond-rond!
Chronicles Of A Diamond: l’album où Black Pumas ose et réussit ce pari de l’extension musicale!
Notre sélection: Angel, Tomorrow, Ice Cream (Pay Phone), Chronicles Of A Diamond.
