Invité surprise de la rentrée musicale quelques mois seulement après un album remarquable, The National revient avec un dixième album studio faisant la part belle aux guitares, aux mélodies à la fois tristes mais si belles, et un rock toujours aussi poétique.
Les confessions de Matt Berninger sur sa panne d’inspiration des derniers mois semblent appartenir à un passé révolu. Alphabet City lance cet album avec un morceau dense, aux arrangements délicats, et porté par la voix sensuelle de crooner fatigué de Berninger. Deep End offre un beau condensé de ce groupe peut faire avec ces guitares accrocheuses et une batterie mis à l’honneur, offrant toutes les qualités d’un single en puissance. Mais c’est avec un titre tel que Weird Goodbyes, avec à nouveau le renfort de Bon Iver, que la magie de The National fonctionne pleinement, justifiant l’avis émis jadis par Bernard Lenoir, selon lequel ce groupe est le meilleur du monde. Le bien nommé Dreaming prolonge cette douce impression de plaisir prolongé : envoûtant, rythmes saccadés, il finit en quelques minutes par par occuper entièrement notre esprit.
Parmi les autres featurings, Phoebe Bridgers intervient sur le magnifique Laugh Track, titre éponyme de l’album, pour un duo qui fonctionne parfaitement et un des titres les plus émouvants du disque. Pendant près de 7 minutes, Space Invader retient également l’attention : d’abord économe, le titre se complexifie avec un rock qui monte en puissance, pour un résultat en tout point incroyable. Le retour sur terre de nos oreilles se fait en douceur avec Hornets ou Coat on a Hook, offrent une « pause » musicale sobre mais d’une grande élégance. De manière indéniable, un véritable nouveau souffle accompagne désormais les Américains depuis le début de l’année : Crumble, interprété avec Rosanne Cash, la fille de l’immense Johnny Cash, est un titre mélancolique d’une grande beauté, avant que des guitares rutilantes ne s’agitent sur l’énervé mais efficace Smoke Detector.
Avec 12 nouveaux titres riches et fournis, The National confirme son nouveau départ et son statut de groupe rock iconique, romantique et exigeant. Dans un contexte d’inflation où tout augmente, on ne peut que souhaiter la même chose pour le nombre de disques d’une telle qualité.
Titres : Deep End, Weird Goodbyes, Laugh Track, Space Invader