L’américain Jason Isbell est de retour, trois ans après l’album Reunions. Le songwriter originaire de l’Alabama nous offre son neuvième album, lequel a pour titre Weathervanes. Un opus paru le 9 juin dernier chez Southeastern.
Weathervanes est le sixième album où Jason est flanqué de son groupe The 400 Unit, à l’image par exemple de Bruce Springsteen avec The East Street Band. Le boss qui d’ailleurs est l’une des principales influences musicales de Jason Isbell.
Sur Weathervanes comme sur les autres albums de sa discographie, le songwriter raconte et chante l’Amérique, plus précisément celle que l’on bafoue et que l’on maltraite. Un peu à l’instar de Springsteen, Jason Isbell se fait à la fois le chantre et le porte-voix de l’injustice. Dans Weathervanes, il aborde aussi bien la dépression que les fusillades dans les écoles, la politique désastreuse américaine que la maladie ou encore la recherche de rédemption.
Musicalement, Weathervanes va dans toutes les directions, surfe sur tous les styles avec, en file rouge, une mélodieuse teinte de country et d’americana. Ainsi, le très rock “When We Were Close” côtoy le soft et relâché “Strawberry Woman”, tandis que les électriques “This Is Ain’t It” et “Save The World” font mieux que cohabiter avec les planants “Vestavia Hills” et “Middle Of The Morning”.
Comment ne pas penser, à l’écoute des 13 morceaux de Weathervanes, à Ryan Adams qui, lui non plus, n’a jamais répugné à mélanger les styles et les genres. “When We Were Close” est d’ailleurs un morceau que Ryan Adams aurait très bien pu interpréter, tant les voix des deux chanteurs se ressemblent et cadrent fort bien à la musique rock impulsée par les guitares.
Weathervanes est pourtant plus estampillé country/americana que gros rock, démonstration faite avec les ballades “Strawberry Woman”, “Vestavia Hills”, “Volunteer” ou encore “Miles”, morceau le plus long de l’album (7 minutes 7). “Miles” qui, justement, a l’honneur de clore l’album.
Dans les complaintes de Weathervanes, les violons sont régulièrement de sortie, comme par exemple sur “King Of Oklahoma”. On note aussi, pour les touches country/champêtres, du lap steel et de l’accordéon. Ajoutons à cela toute l’émotion et la sensibilité véhiculées par la seule voix de Jason Isbell, un artiste à notre sens bien trop méconnu. Weathervanes arrive donc à point nommé pour mettre en lumière les compos de ce songwriter de génie qui mériterait encore davantage de reconnaissance.
Bien qu’étant originaire de l’Alabama, Jason chante “King Of Oklahoma”, une petite curiosité pour un chanteur qui n’a jamais manqué d’évoquer l’Alabama dans ses compos. On se souvient, il y a quelques années, d’”Alabama Pine” notamment.
Avec Weathervanes, Jason Isbell And The 400 Unit signent un nouveau pamphlet percutant contre les maux qui, encore et toujours, gangrènent l’Amérique actuelle, bien que Trump ne soit plus au pouvoir. Weathervanes que l’on avait pas vu venir et qui est la belle surprise de ce début d’été, recelant 13 morceaux de grande qualité et d’une rare intensité émotionnelle.
Weathervanes de Jason Isbell And The 400 Unit : à la rescousse de l’Amérique profonde !
Notre sélection : Strawberry Woman, When We Were Close, Vestavia Hills, King Of Oklahoma.