De retour après deux ans d’absence, Ben Howard vient de sortir son cinquième album. Composé de dix nouveaux titres, le guitariste anglais nous propose un album assez étonnant, plus éclectique et enjoué que par le passé et dégageant une impression plutôt contrastée.
Ben Howard fait partie de ces artistes que l’on prend plaisir à retrouver. Simplicité, fraicheur et plaisir coupable, à l’instar du sympathique Couldn’t Make It Up, lançant l’opus vers des sonorités pop, voir groovy et particulièrement joyeuses. Walking Backwards confirme cette inspiration pleine de cordes sautillantes et des arrangements plutôt étonnants par rapport à ses productions précédentes nettement plus folk. Days Of Lantana avec une introduction étrange et déraillante laisse rapidement place à un titre réellement bouleversant, témoignant toutes les qualités de songwriter d’Howard, doté d’une voix absolument magnifique. Life in The Time continue dans la même veine avec des arrangements (trop nombreux ?) qui enrichissent la composition, mais la diluent dans un ensemble peut-être moins personnel et de fait singulier.
Moonraker offre une synthèse de cette nouvelle tonalité plutôt intéressante, le rythme de la batterie et les chœurs formant un ensemble inspiré se clôturant avec des bidouillages sonores et des sonorités de guitares très personnelles. Toutefois, le charme a quelque peu de mal à s’imposer sur le long terme : Richmond Avenue est un titre plutôt neutre avant de devenir plus emballant dans sa seconde partie, de même qu’Interim Of Sense qui se perd parfois dans une rythmique riche voir parfois saturée, prenant le risque de dérouter également l’auditeur. Le même reproche pourrait être fait à propos de Spirit, transformant la voix de l’artiste dans une quête de la modernité version OK Computer au demeurant intéressante. De fait, c’est avec le dernier titre Little Pant, qui renoue le plus avec son parcours musical, que nous retrouvons nos repères et davantage de douceur.
Ainsi, ce nouveau disque (prélude à une vaste tournée européenne puis américaine) demeure agréable, idéal pour le début des vacances, avec une émancipation musicale assumée ; il se peut que certains découvrent ce nouvel « esprit » en « marchant à reculons » ; mais Paul Valéry n’avait-il pas écrit que c’est la manière d’entrer dans l’avenir ?
Titre : Walking Backwards
