Contrairement à ce que l’on peut penser, notre belle France fourmille de bons groupes rock qui ne demandent qu’à percer. Orpheum Black, quintet originaire d’Orléans, est de ceux-là.
Si l’on vous parle de cette formation de rock progressif, c’est qu’un album vient tout juste de sortir via le label Slaptrack, intitulé Outer Space.
Orpheum Black, ce sont Mélodie Archambault (claviers, chant), Grégory Daudin (chant, guitare), Alexis Maillard (batterie), Nathan Lourdou (basse) et Romain Clément (guitare).
À sa création en 2019, Orpheum Black n’était qu’un trio constitué de trois amis de toujours, transfuges d’autres formations. Ainsi, Romain et Grégory appartenaient à Wild Dawn tandisque Mélodie évoluait au sein de No Sign Nothing. Puis, en 2022, Nathan (ex Hyaena) et Alexis sont venus étoffer ce groupe déjà bien consistant pour un trio.
Côté discographie, un EP baptisé Act I est paru en 2020 et l’album Sequels, composé en plein confinement, date lui de 2021.
Le rock prôné par ce quintet orléanais est énergique mais garde une certaine souplesse, loin du métal bruyant et aux hurlements intempestifs. Les aficionados d’Apocalyptica ou d’Anathema ne seront pas le moins du monde dépaysés, seuls les violons manquant à l’appel.
Trois singles sont extraits de ce 8 titres Outer Space, à savoir “My Tribe”, “Heartbeat” et le petit dernier “Deep Blue”.
Les thèmes abordés évoluent selon le morceau. Par exemples, “Deep Blue” nous exhorte à suivre coûte que coûte l’un ou l’autre chemin proposé à notre parcours, que ceux-ci se croisent ou s’éloignent alors que “My Tribe”, sur un tout autre sujet, dissèque la famille sous toutes ses formes, autant celle dont on jouit que celle que l’on recherche. “My Tribe” est aussi dédié aux inconditionnels d’Orpheum Black, à tous ceux qui suivent le groupe depuis ses débuts, sur les routes de France en tournée comme à l’écoute des divers morceaux studio.
Ce qui frappe d’emblée chez Orpheum Black c’est cette alchimie, cette symbiose entre Mélodie et Grégory, tandem de choc au chant : Mélodie à la voix fluette et Grégory qui joue les gros durs, poussant de temps à autres quelques hurlements gutturaux. La musique, entre nappes synthétiques et bonnes guitares, n’est pas pour autant oubliée. Orpheum Black, c’est de « l’esthétisme léché », selon la formule consacrée, mais un esthétisme qui n’enlève en rien au quintet d’Orléans cette énergie décapante ! Constat est établi de cette fougue dès le début d’album avec le musclé “Inner World” sur lequel, d’entrée de jeu, la complémentarité émouvante du duo vocal Mélodie/Grégory nous prend aux tripes. On pense alors à “The Ascending”, collectif rock breton marquant également par ses chœurs.
“Inner World” nous happe littéralement, sans qu’il faille deux ou trois morceaux supplémentaires pour adopter un rythme de croisière.
Changement de cadre et d’ambiance sur “Firefly”, plus aérien dans les guitares et émouvant dans les voix. Pourtant, l’adrénaline monte d’un cran au fil du morceau. “Firefly” jongle entre douceur et violence, légèreté et coups d’éclats sporadiques.
Une intensité que “My Tribe” maintient à son paroxysme, le quintet orléanais étant définitivement lancé sur orbites.
“State Of Mind”, davantage électro et relâché, offre une nouvelle incursion dans le domaine aérien, confirmée comme il se doit par le planant “Deep Blue” débutant en somptueuses boucles synthétiques avant, bien évidemment, que les guitares de Romain et de Grégory n’entrent en scène accompagnées, de façon magistrale, par ce fantastique duo vocal Grégory/Mélodie. De l’émotion en veux-tu en voilà, à fleur de peau et de la vraie ! Dans la lignée de “Deep Blue”, “The One” et “Heartbeat” poursuivent ce formidable récital d’ambiances aériennes. “Heartbeat” est incontestablement le grand moment d’”Outer Space”. Tout commence par quelques notes de piano et de claviers, tandis que les voix de Mélodie et de Grégory se font caressantes, respectivement dans les graves et dans les aigus. Puis, d’un seul coup d’un seul, la pression grimpe et “Heartbeat” devient rock, bourré d’accrocheurs riffs de guitares. Emotion, quand tu nous tiens ! Si l’on pensait avoir atteint le summum avec “The One” et “Deep Blue”, que nenni ! “Heartbeat” et ses 4 minutes 45 de bonheur nous en apporte une bonne dose sur un plateau d’argent.
“Dream Maker” est l’épilogue électro/pop de cet album, morceau le plus long de 5 minutes 18. Le quintet semble avoir décidé d’achever Outer Space en toute légèreté, ce que l’on ne saurait lui reprocher, ayant tant donné depuis “Inner World”.
Avec Outer Space et ses 8 morceaux de haute volée, Orpheum Black confirme tout le potentiel dénoté sur Sequels en 2021. Le quintet orléanais a, il faut le croire, pris encore plus de bouteille et d’expérience car Outer Space, aérien autant qu’accrocheur, se révèle plus accompli. Comme quoi, il n’est point besoin de se donner un genre ni de hurler à la mort pour pondre du rock efficace, Orpheum Black en atteste.
Outer Space : un savant mélange d’esthétisme scénique et d’énergie rock !
Notre sélection : Heartbeat, Deep Blue, Firefly, The One.