Trois ans après leur album acoustique Foreshots produit par Rémi Gettliffe, les alsaciens de Dirty Deep nous font l’honneur d’un retour très remarqué. Victor Sbrovazzo, chanteur, guitariste et même harmoniciste, est toujours flanqué de ses deux complices que sont Geoffroy Sourp (batterie) et Adam Lanfrey (basse).
Ce nouvel effort de Dirty Deep, déjà le cinquième, s’intitule Trompe L’œil, un titre bien gaulois et force est de constater, qu’avec les 13 morceaux au programme, les alsaciens ne trompent personne et ne se foutent pas de la gueule du monde ! Trompe L’œil est un album riche, éclectique, où se côtoient le blues bien sûr, le rock, mais aussi un soupçon de folk country, voire de pop. Un opus produit par les soins de François Maigret (aka Shanka) et distribué par Junk Food Records, propre label du groupe.
Le ton de Trompe L’œil fut donné très tôt, dès 2022, avec le single “Donoma”, lequel débute en folk aérienne pour se transformer, au fil de l’interprétation, en blues pur et dur. Le blues, ADN de Victor et des deux lascars qui l’accompagnent depuis 2016.
Donoma sera, à n’en pas douter, l’un des morceaux que Dirty Deep ne manquera pas de faire figurer au menu de ses concerts, notamment au festival Bock Sons de Valentigney fin juin.
Puis la ballade “Broken Bones” a pris le relais en début de cette année, annonçant par là même l’arrivée de cet album Trompe L’oeil. Le très pop “Don’t Be Cruel” fût le troisième larron.
Dirty Deep, en plus d’avoir assuré des premières parties d’artistes tels que Johnny, Rival Sons ou encore Santana, a également écumé les scènes de l’Amérique rurale et profonde, de Nashville aux confins du Mississipi. Leur musique en a évidemment conservé tous les stigmates, quelque part entre Larkin Poe et The Inspector Cluzo. Le blues, fil rouge de Trompe L’oeil, auquel les alsaciens reviennent toujours après une escale dans la folk ou la pop.
Le génial “Broken Bones” marque le coup d’envoi de l’album, suivi comme son ombre par “Juke Joint Preaching”, “Don’t Be Cruel” ou le bluesy autant que rock “What Really Matters”, l’un des grands temps forts de Trompe L’oeil.
Un album où le genre country/folk fait mieux que de se défendre, le très court instru “Hipbreak III” en tête. Le chant mélodieux de Victor, on le retrouve sur les superbes ballades “From Tears” et surtout “Waiting For The Train”, très inspirée Amérique profonde.
“Your Name” est du même acabit que “Don’t Be Cruel”, à savoir bien pop. Sur Trompe L’oeil, la formation alsacienne se montre décidément polyvalente, tâte effectivement de tous les genres.
La moutarde monte dans les trépidants “Shoot First” et “Hold On Me”, tous deux situés au carrefour du blues et du rock, à l’instar de “Donoma” et de “What Really Matters”.
Un bon album est celui dont on loue la diversité musicale, Trompe L’œil en est la preuve vivante. Câlin et attendrissant sur “From Tears”, “Waiting For The Train” ou “Medicine Man”, cet album est capable de nous transcender et de nous galvaniser avec les très rock “Shoot First” ainsi qu’”Hold On Me”, sans oublier les excellents “Donoma” et “What Really Matters”.
En matière de blues/rock qui casse la baraque, “Never Too Late” et “Juke Joint Preaching” ne sont pas mal non plus et peuvent en remontrer à “Hold On Me” et “Shoot First”.
À l’image de The Inspector Cluzo, les alsaciens de Dirty Deep apprécient leur petite vie bien réglée et rangée, ne la quittant que pour nous gratifier de terribles albums de la trempe de Trompe L’œil. Discrets Victor Sbrovazzo et sa petite clique, mais au combien efficaces et bouillants quand il s’agit de faire du bon blues/rock. Trompe L’œil, opus très abouti autant qu’accompli, ne déroge pas à la règle !
Les festivaliers du Bock Sons de Valentigney pourront en juger fin juin en venant nombreux applaudir Dirty Deep qui devrait, selon toute vraisemblance, défendre Trompe L’œil bec et ongles !
Avec Trompe L’œil, les alsaciens de Dirty Deep mélangent les genres, signant leur album le plus polyvalent !
Trompe L’œil : de la country/folk au blues/rock l’obstacle est vite franchi !
Notre sélection : Donoma, What Really Matters, Waiting For The Train, Broken Bones, From Tears.