Celui que l’on surnomme affectueusement l’iguane est de retour ! Iggy Pop, de sa véritable identité James Newell Osterberg, revient par la grande porte avec Every Loser, son dix-neuvième opus distribué par Gold Tooth Records / Atlantic Records. Celui-ci succède, entre autres, à Post Pop Depression (2016) et Free (2019).
« J’avais de nouveau besoin de bruit » confiait Iggy lors d’une récente interview et justement, du bruit, Every Loser en offre à l’appel !
À 75 ans bien sonnés, l’iguane n’a strictement rien perdu de son mordant, une verve que l’on croyait pourtant évanouie avec Post Pop Depression et Free, deux albums très pops. Sur Every Loser, le constat s’avère différent dans le sens où, pratiquement sans partage, le bon rock et le bruit règnent. L’étourdissant Frenzy, premier single dévoilé et morceau inaugural, permet déjà d’apprécier ce retour aux affaires urgentes de papy Pop. Qui ne s’est pas dit, dès les premières notes de “Frenzy”: « voilà enfin du grand Iggy, comme aux temps glorieux des Stooges ! » Pas tout à fait les Stooges mais, incontestablement, l’énergie et la fougue de la jeunesse sont encore bien présentes ! De bonnes dispositions et une envie de rock que “Modern Day Rip Off”, le trépidant “Neo Punk” ou encore “All The Way Down” viennent sans mal confirmer, faisant définitivement d’Every Loser l’album rock avec un grand A et un grand R.
Comme tout bon vieux rockeur qui se respecte, Iggy Pop éprouve le besoin de souffler un peu, de recharger les batteries avant, de plus belle, repartir au combat. “New Atlantis” et “Strung Out Johnny”, flirtant entre pop et rock, permettent volontiers à l’iguane ces quelques moments de repos salutaire. “Strung Out Johnny”, proche du son new wave années 80, est d’ailleurs le second single extrait de cet Every Loser.
Un ralentissement de rythme encore plus criant sur la jolie ballade “Morning Show” où Iggy fait admirer son légendaire timbre de voix grave, à l’instar par exemple de l’interlude pour piano “The News For Andy”.
Du bon rock qui envoie, de la ballade, il y en a décidément pour tous les goûts dans ce dix-neuvième album d’Iggy Pop !
Every Loser est le fruit d’un travail de longue haleine, effectué entre bon copains, bande de rockeurs devant l’éternel. Avec une extrême bienveillance, la voix presque chevrotante, Iggy dira : « Je les ai connus alors qu’ils étaient gamins. »
Andrew Watt, introduit auprès d’Iggy par l’entremise de Morrissey, a géré avec brio la production tout en tâtant un peu de guitare, à l’image de Josh Klinghoffer. On note également la présence de Duff McCagan, bassiste des Guns N’ Roses qui joue sur trois morceaux, du regretté Taylor Hawkins qui fit des prouesses en tant que batteur avec Foo Fighters ainsi que, pour représenter Blink 182, le sémillant Travis Barker derrière les fûts lui aussi.
Une équipe de zikos estampillée Red Hot puisque, outre Josh Klinghoffer, le batteur Chad Smith est également de la partie, imprimant sa patte sur pas moins de sept morceaux. On l’aura compris, les connections et connaissances d’Andrew Watt auront grandement bénéficié à Iggy Pop, contribuant à l’ambiance rock d’Every Loser même si, bien entendu, le papy rockeur n’a pas été avare d’efforts, se montrant dans une forme olympique comme au premier jour.
Sur Every Loser, non content de s’éclater et d’être saignant, Iggy Pop conteste, attaque, certaines classes en prenant pour leurs grades : Comment critique les réseaux sociaux, Neo Punk villipende tous ceux qui se prennent pour ce qu’ils ne seront jamais (à savoir de vrais punks) ou encore “The Regency” qui s’oppose à toute forme de domination. Brûlots et diatribes ne manquent donc pas sur cet album, Iggy éprouvant visiblement un malin plaisir à les faire sortir du bois.
Avec ce dix-neuvième album Every Loser, Iggy Pop signe ainsi un retour fracassant, porté en éclaireur par l’explosif Frenzy. Si Iggy cherchait à surprendre son monde, eh bien c’est réussi ! Osons même dire que le vieil iguane nous a sacrément bluffés !
On ne sait évidemment quand paraîtra le vingtième effort et quelle en sera sa teneur mais, pour le moment, profitons et délectons nous de ce formidable Every Loser qui, à n’en pas douter, figurera parmi les grands opus d’Iggy Pop, de ceux qui laissent dans l’univers impitoyable de la musique une trace indélébile !
Every Loser : quand Iggy ressort ses griffes rock !
Notre sélection : Modern Day Rip Off, Morning Show, Frenzy, Strung Out Johnny.