Matt Thomson (MT)
Elliot Briggs (EB)
Chris Alderton (CA) veste verte
Olivier Lescroel (OL)
Bob
OL : déjà, merci pour votre temps. Avec votre nouvel album, vous avez d’ores et déjà atteint le Top 5 en Angleterre. Quel effet cela vous procure t-il ?
MT : Cela nous fait l’effet d’une revanche. On croit en notre musique, et le public semble vraiment bien apprécier ce que l’on fait. Et puis dans le contexte actuel du Royaume-Uni, c’est un vrai challenge.
Toucher, avec humilité, autant de monde, c’est incroyable.
OL : la sortie de l’album s’est faite le lendemain du décès de la Reine Élisabeth. Est-ce que cela a modifié votre promo ?
MT : bien sûr, pendant quelques jours, tout a été annulé, du fait de cette actualité. Et c’est normal, c’était une période officielle de deuil. Mais comme l’album a été lancé, on ne pouvait pas tout arrêter très longtemps. On a été francs et on a beaucoup communiqué avec nos fans, en toute transparence et en toute honnêteté, pour expliquer qu’on ne ferait rien pendant une semaine.
OL : vous avez fait la première partie des Greta Van Fleet cet été. Quels ont été les retours du public ?
EB : à Paris ? Non, ce n’était pas nous.
MT : non à Paris c’était pour Royal Blood. Mais oui, à Vienne…
EB : cela fait partie de nos prestations préférées. Un colisée romain, ce théâtre antique, c’est un endroit fabuleux pour jouer !
OL : c’est important pour vous de faire les premières parties de groupe comme celui-là ?
MT : bien sûr, c’est un super vecteur. C’est la méthode éthique de promouvoir notre travail. Et puis que d’autres groupes nous tendent la main, c’est génial. Ce sont des groupes que l’on respecte, et c’est un frisson incroyable de pouvoir les aborder. On a fait de superbes premières parties en Allemagne aussi, mais Vienne c’est quelque chose…
Bob : ils auraient pu vous laisser jouer plus longtemps qu’une demi-heure…
MT : oui, c’est sûr. On a joué à Milan 2 jours avant Vienne, et il y a eu beaucoup de fans de Greta qui sont venus à Vienne aussi. Ces fans sont passionnés, engagés. Et on a compris qu’une partie des personnes venues à Vienne pour voir les Greta seront là ce soir pour nous voir.
OL : c’est votre troisième album. Quelle est d’après vous la direction ou l’évolution que vous voudriez nous décrire par rapport aux deux précédents ?
MT : on était très naïfs pour le premier. C’était très brut, même si on faisait les choses bien sur quelques chansons, là, on fait les choses de manière plus réfléchie. Et puis l’album est plus lumineux, plus optimiste. On a envie de partager tout ça avec une communauté, de jouer en live, de raconter nos histoires qui sont plus construites. La source d’inspiration principale de l’album a été une relation amoureuse à distance, que j’ai vécue ces dernières années, en pleine pandémie. Double challenge. Nos albums précédents n’avaient pas cette colonne vertébrale qu’on explorait tout du long, là c’est le cas. C’est donc certainement l’album qui a le plus de sens pour nous. On a fait les choses à notre manière, plus que pour les précédents.
OL : les titres de l’album sont plus doux. Seriez vous devenus romantiques ?
MT : romantiques ? Sur cet album ? Oui.
EB : effectivement, les paroles de cet album viennent des endroits les plus vulnérables de nos êtres. On était isolés, même si on parvenait à voir nos familles, nos collocs, il a fallu explorer de nouveaux modes de communication,
CA : d’une certaine manière, tout a été romancé, fantasmé dans cette période de Covid. L’album évoque cela, et nous on rêvait de jouer face à un public. On est des gars romantiques.
OL : toutes vos chansons ont une ligne mélodique affirmée. Est-ce que ces lignes mélodiques sont le cœur de votre processus de composition ?
MT : on aime la pop, et on aime que notre musique accroche les gens. C’est l’une des clés de notre succès, tout comme l’équipe qui nous entoure. Ce sont les critères d’une bonne chanson, une mélodie accrocheuse et une urgence émotionnelle.
OL : à qui la chanson Northern Star est-elle dédié ? Si c’est trop indélicat, ne répondez pas.
MT : à plein de monde et à une personne en particulier. Évidemment à la personne avec qui j’ai eu une relation amoureuse. Tout est partie d’une conversation à propos des étoiles LODE (NDLR : ce sont les étoiles permettant de trouver une direction, comme notre α Ursae Minoris aussi appelée Étoile Polaire, et oui, il y en a plusieurs, selon l’endroit où vous vous situez sur Terre). Il existe des personnes qui ont cette faculté de vous guider, de vous aider à garder un cap, et puis on a aimé le concept et on l’a décliné en une chanson.
OL : quel est votre avis sur le téléchargement (légal ou illégal), sur les plateformes et la façon de consommer de la musique actuellement ? Ces plateformes ciblent des publics, visent et influencent les choix et les goûts, plus qu’elles ne leur offrent la possibilité de découvrir librement des artistes.
Selon vous, c’est une chose positive comme un conseil ou une mauvaise façon de procéder ?
MT : il y a des points positifs et d’autres négatifs. La façon de consommer de la musique, c’est quand même plus large que le spectre des plateformes, mais même avec d’autres formats, il existe également des points positifs et des points négatifs. Tous ont leurs travers et leurs points faibles. Pour le jazz par exemple, on pouvait entrer dans un magasin et acheter un disque bien pourri d’un artiste qu’on voulait découvrir. J’aime le streaming, et pour les amoureux de la musique, il n’y a jamais eu autant de facilité d’accès à de la musique, mais le sujet d’une juste rémunération des artistes est évidemment un sujet important.
EB : maintenant, les disques vinyles sont devenus des pièces artistiques plus qu’autre chose.
CA : on a grandi avec des supports comme le CD, le téléchargement illégal…
MT, EB : oui ça nous rappelle ces virus qu’on chopait en même temps.
CA : mais comparé à ce temps-là, c’est quand même mieux !
MT : Brian Eno disait que l’imperfection d’un format est en fait ce dont on tombe amoureux rétrospectivement. Mais si vous cherchez un cadeau de Noël, un abonnement à iTunes ou autre est une bonne idée. C’est comme ça que l’on a découvert Peach House, dans le Top 3 du moment d’iTunes. Alors allez-y. Payez plus. En fait non, ne payez pas plus, mais qu’on répartisse mieux les droits des artistes ! Les majors se gavent, alors que ce sont les artistes qui font le boulot.
OL : quels groupes ou artistes écoutez-vous ces derniers temps ?
MT : Dora Jar, qui est sur Island Records, notre label, mais aux États-Unis.
EB : Turnstyle (NDLR : dont il porte et montre le t-shirt)
MT : j’aime le dernier album de Taylor Swift, Karma. Victoria Canal avec Swan Song, que j’ai entendue chez Jools Holland. Katie Gregson MacLeod, avec Complex.
EB : le dernier album d’Alvvays est vraiment bon.
MT : le dernier Yeah Yeah Yeah aussi. Un groupe de L.A. appelé MORE*.
EB : Wunderhorse également.
MT : Muna, de L.A. je crois. ET John Hopkins, un artiste électro qui un album intitulé Music For Psychedelic Therapy. Ce sont des paysages sonores.
EB : oui, c’est vachement bien pour trouver le sommeil, c’est très méditatif.
MT : je crois qu’on a fait le tour. Ah non, ce truc aussi avec Rosalia. Wisin & Yandel, ROSALÍA – Besos Moja2. Et le dernier Marcus Mumford, qu’il a réalisé avec Blake Mills.
Bob : pour chacun de vos albums, vous avez réédité des versions Deluxe incluant des reprises acoustiques. Envisagez vous une tournée en acoustique ?
MT : on l’a évoqué.
EB : on fait beaucoup de shows en semi acoustique.
MT : pour le lancement de cet album, on a fait beaucoup d’apparitions en acoustique au Royaume-Uni.
On aime bien. Et puis avec un format acoustique, la tournée revient moins chère, donc on pourrait aller dans plus d’endroits. Mais quand on a une batterie, une équipe de roadies et de techniciens, on est plus limités dans nos choix de villes.
CA : si on n’était pas limités par les coûts, on serait sur les routes en permanence. C’est notre truc. Mais bon, il faut trouver un juste milieu.
Bob : avec quel(s) artiste(s) souhaiteriez-vous collaborer ?
MT : bonne question…
EB : John Hopkins qu’on évoquait tout à l’heure, il a œuvré pour Coldplay notamment, il a produit et réalisé pour eux.
MT : Quentin Lachapèle, un Français basé en Angleterre. Il a d’ailleurs composé l’orchestration sur laquelle on entre en scène ce soir. On va sans doute le solliciter un peu plus.
EB : oui, des artistes qui ne sont pas du même univers, c’est très enrichissant, ils apportent beaucoup.
MT : ce sont des poches de sons et d’idées dans lesquelles on puise. L’ajout de la mandoline par exemple dans nos sets acoustiques, au lieu de notre arsenal habituel. C’est très productif et stimulant, cela apporte beaucoup et Quentin y a contribué.
Bob : vous souvenez-vous du Stade Bonal ?
MT : ….. oh, Sochaux !
Bob : j’y étais !
EB : ah oui, on avait pris un ballon et on avait joué sur le sable. Ils nous avaient donné un maillot du club avec The Amazons floqué au dos, je l’ai toujours.
CA : c’était une superbe journée, on s’est beaucoup amusé ce jour-là.
MT : on est sold-out ce soir, ça fait plaisir
Bob : dire qu’on vous a invités pour jouer à Besançon le 12 novembre, mais vous ne pouviez pas continuer la tournée.
EB : le manager de notre tournée ne nous en a pas informé.
MT : fait chier, ce manque de back-up d’infos….mais on reviendra un jour !
Bob et Olivier Lescroel