Étonnamment, c’est au Club et non pas dans la grande salle qu’avaient pris place les quelques 300 spectateurs impatients de voir le natif de Seattle.
La première partie s’annonçait musclée, avec les Last Temptation. Malheureusement, la voix de Butcho, malade, s’est rapidement estompée, obligeant le groupe à arrêter son set après deux ou trois chansons qui laissaient pourtant présager un potentiel énorme. Le guitariste Peter Scheithauer officiait avec maestria à la 7 cordes de rigueur, alors que Farid Medjane envoyait du lourd à la batterie. Terriblement frustrant de ne pas avoir pu voir le groupe à son apogée ! Butcho s’excusait platement, déçu, et c’est même le bassiste Julien Rimaire puis l’homme de la console son qui assurait la fin du morceau. En tout cas, le public de la Rodia ne semblait vraiment pas lui en vouloir. Sometimes, shit happens !
Le temps d’un changement de configuration de la scène, et voici les musiciens d’Ayron Jones qui finissent de brancher leur matos, tranquilles. On n’est jamais mieux servi que par soi-même. Mais déjà, cette humilité-là présageait à mon sens une maîtrise non feinte et une envie d’en découdre.
Bob Lovelace (basse), Matthew Jacquette (guitare) and Bobbi Jimmi (batterie) prennent place, puis attendent le taulier… et nous aussi.
Ayron entre, blouson de cuir, lunettes noires et bonnet sur la tête, papote avec ses zikos, et après un check avec Matthew, lance les hostilités. Au passage, je récolte un mini-check de Matthew, m’obligeant à ne plus jamais me laver la main droite !
On a immédiatement la confirmation que les trois lascars qui entourent le boss ne sont pas des plaisantins. La batterie est millimétrée et groovy à souhaits, la seconde guitare et le chant de Matthew précis et efficace, quant à Bob, c’est une puce virevoltante. Stetson sur la tête, le bassiste est un feu follet rebondissant, à tel point que l’on s’interroge ; est-ce naturel ou y a t-il eu quelque substance prohibée dans son thé ?
La première demi-heure, on a peur pour la voix d’Ayron, qui parfois montre quelques signes de faiblesse. Serait-on maudits après cette première partie avortée ?
Mais plus on avance, plus l’intensité et la profondeur de sa voix se renforcent. C’est un diesel qui une fois lancé emporte tout sur son passage.
Nous avons eu Boys From The Puget Sound, Emily en guise d’amuse-bouche. L’expressivité et le jeu d’Ayron sont réellement d’un calibre hors du commun. Dommage que le début du concert soit entaché par un son pas vraiment à la hauteur (voix sous mixée, seconde guitare inaudible). J’attends toujours le jour où les ingés ou techniciens du son ouvriront leurs oreilles au lieu de fixer leur console…
Les choses s’améliorent, et la tension monte cran après cran.
Spinning Circles, Killing Season, Free, Supercharged, Take Your Time, My Love Remains, Mercy, Take Me Away, une version monstrueuse de Voodoo Child format slight return, sur laquelle Matthew montre également toute l’étendue de son talent et se lâche pleinement, sur laquelle Bobbi souffle le chaud et le froid avec une justesse remarquable.
On relèvera aussi l’instant totalement surréaliste où Ayron pique le médiator de Matthew, qui se retrouve donc dépourvu, et où un spectateur du premier rang sort un pick de sa poche et le tend à Matthew. Ce dernier le prend, l’ausculte, le goûte presque, indique que c’est la fin de la tournée et qu’ils sont à court de ce petit matériel, et annonce qu’il jouera la prochaine chanson avec celui du bienheureux quidam !
Ayron Jones et ses musiciens ont totalement conquis le public bisontin, qui se demande encore quel train l’a traversé de part en part…
Fin du concert : Bobbi revient sur le bord de la scène, se prête de bonne grâce aux photos et autographes. Même chose du côté du merchandising avec Ayron himself.
Des musiciens ouverts, disponibles, et tout bonnement incroyablement humains.
Chapeau bas, messieurs, et merci pour ces instants précieux.
Remerciements : Bob, Sensation Rock, Ayron Jones et son équipe, La Rodia
Crédits photos : Thomas Schibler, Fabien Mathieux