Les Bordelais de Th Da Freak viennent de faire paraître leur nouvel album, lequel a pour titre Coyote. Il s’agit de leur neuvième opus, EPs et LPs confondus (sept LPs et deux Eps).
La tête de proue de Th Da Freak est Thoineau Palis, régnant en chef vénéré de la tribu aquitaine depuis un petit paquet d’années déjà.
Le standard de référence, celui avec lequel Th Da Freak explosa les ondes remonte à 2019, le très rock Twisted que l’on peut retrouver sur l’EP Ola Todo paru en 2020. Les Bordelais appartenaient alors à la mouvance MNNQNS et autres Cribs si l’on mélange formations hexagonales et étrangères.
Coyote, le nouvel album constitué de 11 morceaux, est sorti chez Howlin Banana Records. D’ailleurs, pour la petite info, une journée spéciale aura lieu ce samedi à la Rodia de Besançon en l’honneur de ce label puisqu’Howlin Banana Records fête son anniversaire. Th Da Freak, faisant partie de l’écurie, sera justement l’un des groupes phares de la soirée.
Le titre Coyote vient d’une toute récente fascination de Thoineau Palis pour le monde des Indiens (Sioux, Apaches) et leurs histoires fantastiques. Le leader de Th Da Freak avouera être retombé, durant la réalisation de ce projet, dans une enfance totale et réconfortante. D’aucuns iront même jusqu’à employer, toute forme de méchanceté exclue, le terme d’immaturité de Th Da Freak, bien que les compos de cet album tendent à montrer l’inverse.
Pour Coyote, Th Da Freak ont opéré une réelle métamorphose de style, tordant le cou au rock garage pour bifurquer, dans un virage à 180 degrés, vers la folk et les ballades. Magaly Should Run, premier single dévoilé par le groupe bordelais, en est l’archétype : aucune batterie, uniquement de la guitare et des chœurs. Surprenant de la part de Thoineau Palis et de sa bande quand on connaît leur aptitude à distiller, par le passé, du rock bien énervé tel que sur Twisted. Pourtant on s’y fait et Magaly Should Run rentre, dès la première écoute, dans nos petites têtes et cages à miel.
Dans Coyote, on note pléthore d’influences, allant des 70’s avec Come Rescue Me In The Forest à nos contemporains de Doves sur Killing Bleach. La musique jure parfaitement dans le cadre d’une compo de la formation drivée par Jimmy Goodwin. Il n’y avait qu’à poser la voix du Britannique sur Killing Bleach et l’affaire était dans le sac.
Entre les deux, de multiples similitudes avec Kurt Vile comme sur The Call pour la plus criante, voire Pretty Cool et même l’éponyme Coyote, l’une des somptueuses ballades folk de ce nouvel album. Le charme de ce morceau Coyote, à l’image du sublime Don’t Cry In My Arms, réside dans le fait qu’il possède toutes les grandes caractéristiques d’un enregistrement effectué dans les conditions du direct, disons tout bonnement acoustiques.
Les amateurs de bon gros rock regretteront, sans nul doute, le manque de folie de ce nouvel opus de Th Da Freak, un peu comme si les Bordelais n’osaient plus se livrer et jouaient avec le frein à main, sur la retenue. L’explication est simple, Th Da Freak se sont entourés d’un producteur pour la réalisation de Coyote, le Bordelais Stéphane Gillet, d’où cette musique lisse et posée, travaillée dans un son aux arrangements sophistiqués.
Au rayon des morceaux plus rythmés et orchestrés, on ne s’attardera pas sur l’électro No Future qui, très honnêtement, fait tâche sur cet album folk. On peut allier, sur un même album, folk et grunge mais pourquoi faire cohabiter folk et électro! C’est là le grand reproche que l’on peut adresser à cet album, bien que No Future soit le seul morceau à sonorités synthétiques.
Citons aussi le gentillet My Queen Ola, Sail Away, Killing Bleach influencé Doves, Notorious Man élaboré à la sauce Kurt Vile et bien évidemment Come Rescue Me In The Forest qui se veut plus rock.
Coyote ne sera pas l’album de l’année mais trouvera sans encombres sa place dans le paysage folk/rock français, au même titre qu’Embers In The Dark de Blackbird Hill, l’autre formation girondine en vogue.
Th Da Freak, par l’entremise de Stéphane Gillet, a simplement choisi d’emprunter une nouvelle voie musicale, d’explorer d’autres univers que le rock garage et, mis à part cet ennuyeux et redondant No Future, on ne saurait les en blâmer. Les fabuleux Don’t Cry In My Arms, Coyote ou encore Magaly Should Run se mettent en devoir de nous faire oublier cette inutile parenthèse électro.
Coyote : quand les Bordelais de Th Da Freak opèrent leur métamorphose de style, passant sans coup férir du rock garage à la folk onirique.
Notre sélection : Don’t Cry In My Arms, Coyote, Come Rescue Me In The Forest, The Call, Magaly Should Run.