En 2018, avec son premier opus Amir, nous tombions littéralement sous le charme de Tamino, comme en pâmoison devant cette voix hors du commun. Habibi, l’un des singles extraits d’Amir, nous émut et subjugua tout particulièrement, le chanteur belgo égyptien ayant mis tout son cœur dans cette fantastique interprétation.
Tamino fut comparé, Belgique oblige, à un certain Maarten Devolder qui n’est autre que la moitié de Balthazar, alors que d’autres évoquent aussi bien Thom Yorke que Jeff Buckley. Avec cette voix chaude et grave, on se contentera volontier de Balthazar !
Tamino est aujourd’hui âgé de 25 ans, fort d’une plus grande expérience musicale. Le jeune belge revient avec Sahar, son nouvel album, titre se traduisant en français par « juste avant l’aurore. »
Un nouvel effort où les racines égyptiennes de Tamino se révèlent omniprésentes, principalement dans le single “The First Disciple” et “A Drop Of Blood”. À travers Sahar, Tamino a souhaité rendre hommage à celui qui lui communiqua sa passion de la musique, à savoir son grand-père égyptien, lequel fut une star de la chanson et prophète en son pays. Le jeune belge évoque également les collections de disques appartenant à sa mère.
Des sonorités égyptiennes impulsées par un instrument traditionnel appelé oud dont un ami syrien réfugié à Anvers dispensa l’enseignement à Tamino. C’est lui qui donne sa couleur locale à “The First Disciple”, morceau long de 6 minutes 02 qui fut le premier single dévoilé par l’artiste. Dans The First Disciple, on décèle une grande part de Habibi : une puissance émotionnelle imparable, une voix de Tamino tonitruante et fragile à la fois. “The First Disciple” a été inspiré au chanteur belgo égyptien par le poète libanais Khalil Jibran, fervent apôtre de la beat generation.
Avec ce single, Tamino revenait ainsi par la grande porte, établissant un trait d’union entre folk égyptienne et européenne, cela par le simple jeu du oud.
“Fascination”, second single, amorçait un léger changement de cap, se voulant un poil plus rythmé et pop mais tout en demeurant dans le style ballades.
La guitare et le oud, constituant l’essentiel de l’orchestration, font relâche sur “You Don’t Own Me” où le piano est en vedette.
Dans Sahar, Tamino se risque à quelques innovations musicales comme le flamenco brésilien. The Flame revêt cette conotation sud-américaine, à l’image de “Cinnamon” qui est l’un des rares morceaux rythmés de ce LP.
Petite surprise sur “Sunflower” où Tamino est accompagné d’Angel, belge elle aussi, mais oui la même Angel qui fait carrière dans la variété française. Une contribution qui nous fait dire que la jeune belge devrait plus souvent chanter en anglais, au lieu de se cantonner aux sempiternelles chansons du style « balance ton port. » Mais revenons à ce qui nous concerne, c’est-à-dire ce fabuleux “Sunflower” sur lequel, sans fausse note aucune, Tamino et Angel se donnent formidablement la réplique. Avec “The First Disciple” et “You Don’t Own Me”, “Sunflower” fait partie des morceaux les plus représentatifs de Sahar, figurant parmi les meilleurs ballades de Tamino tous albums confondus.
N’oublions pas non plus, au chapitre de ces compos lentes, les très folk “Only Our Love“, “My Dearest Friend And Enemy” et même, à un degré moindre, le cadencé “Cinnamon“.
Autres morceaux inoubliables et de bravoure: l’entêtant Fascination et le coloré “A Drop Of Blood” qui met, sans que nous ayons à bouger d’un pouce, tout le monde arabe à nos pieds avec ce oud aux sonorités si particulières.
Avec Sahar, Tamino persiste et signe, confirmant tout le bien qu’Amir nous faisait déjà penser de lui. Un album qui ne souffre d’aucune déception, d’aucune mauvaise surprise. Le jeune belgo égyptien, en quatre ans, ne s’est pas égaré en chemin et s’attache toujours, sur ce nouvel album, à poursuivre sa route tracée depuis Amir.
Sahar : la confirmation d’un talent vocal à nul autre pareil !
Notre sélection : The First Disciple, You Don’t Own Me, Only Our Love, Sunflower, My Dearest Friend And Enemy.