Prenez une grosse pincée de Black Keys, un soupçon de Mr. Big (voire même une larmichette de Nick Cesster) et vous obtiendrez la recette musicale de Marcus King. Marcus King est un jeune rockeur de 26 ans, originaire de Caroline du Sud. Un état qui n’a rien à envier à Nashville, pourtant considérée comme la Mecque de la bonne zik américaine, qu’il s’agisse de blues ou de rock.
Avant de se lancer en solo, Marcus évoluait au sein d’une formation sobrement baptisée The Marcus King Band dont, bien évidemment, il fut le leader et avec laquelle il enregistra trois LPs et deux EPs. Puis, en 2020, le grand saut avec Eldorado, un premier opus en solo. Eldorado apporta quelques bonnes satisfactions au jeune américain, à savoir une place de numéro 1 dans les charts de musique blues et folk americana ainsi qu’une reconnaissance aux grammy awards.
Le 26 août dernier, via American Recording/Republic Records, le second album solo de Marcus intitulé Young Blood est sorti et, on peut vous l’affirmer, ce sang est tout neuf, celui d’un jeune artiste en devenir.
Dans cette carrière, Marcus King n’est pas complètement livré à lui-même puisque, comme sa musique l’indique, un certain Dan Auerbach et par extension les Black Keys veillent au grain. Comme sur Eldorado, c’est d’ailleurs l’ami Dan en personne qui officie aux manettes, s’ingéniant à faire sortir le meilleur de son possible et, à tirer toute la quintessence de ce jeune loup qui ne demande qu’à engranger un max d’expérience.
Les Black Keys sans la voix de Dan Auerbach diront certaines langues mal intentionnées, si l’on veut oui, même si vocalement Marcus King tend à se démarquer du groupe de l’Ohio en imprimant son propre style. Une voix criarde, rocailleuse, digne des grands crooners. Notre manie de toujours vouloir établir des comparaisons, de chercher des influences, nous pousse à évoquer Mr. Big en 92 et, dans un registre plus actuel et plus rock, Nick Cesster que l’on peut notamment entendre au sein de The Jaded Hearts Club.
Sur Young Blood, Marcus King voyage du rock au blues en passant par un peu de soul, du morceau trépidant “It’s Too Late, Hard Working Man” aux ballades gentillettes “Rescue Me, Aim High”.
Dès “It’s Too Late”, morceau qui ouvre l’album, le son Black Keys coule de source, comme l’eau de roche mais, on l’a dit, Marcus King veut affirmer sa propre identité vocale et ça fonctionne ! Lie Lie Lie et Pain, tout aussi rock qu’”It’s Too Late“, se mettent en devoir de le confirmer. Comment ne pas tomber sous le charme de ce « dandy » de la musique blues/rock que d’aucuns qualifient de diamant sudiste brut et là on ne saurait contredire un tel jugement.
Chasser le naturel, il revient au galop ! “Rescue Me”, mignonne petite ballade, offre de nombreuses similitudes avec “Going Down South“, extrait de l’album Delta Kream paru en 2021 de… The Black Keys. Le tandem Auerbach/Carney qui, qu’on le veuille ou non, se révèle tout de même présent musicalement sur la plupart des morceaux, comme par exemple dans le très rythmé “Dark Cloud” et ses riffs bluesy de guitare ou les plus lents “Aim High”, “Good And Gone”, voire “Whisper“.
Outre les riffs de guitare, les minuscules beats de batterie sautent aux oreilles (début de “Whisper“). Dan Auerbach s’est pleinement investi dans la production de l’album, Marcus King n’avait pas d’autre choix que de se conformer aux instructions du maître.
Young Blood, c’est aussi un peu de soul légère avec “Blood On The Tracks” et surtout “Blues Worse I Ever Had“, morceau épilogue de l’album. Contraste évident comparé aux très rock “It’s Too Late“, “Lie Lie Lie” et encore plus “Hard Working Man”.
Marcus King, soyons en certains, est un talent qu’il faudra suivre attentivement, de ces surdoués du blues/rock qui n’auront de cesse de vouloir progresser et prouver. Eldorado avait en 2020 débuté cette opération de reconnaissance, Young Blood contribue tout simplement à la poursuivre. Avec brio d’ailleurs, puisque la notoriété de Marcus dépasse désormais les Etats-Unis. Comme quoi, la Caroline du Sud n’est pas dépourvue de talents prometteurs !
Young Blood: la confirmation d’un artiste polyvalent, sûr de lui et qui croit, sous la protection bienveillante de Dan Auerbach, à sa bonne étoile !
Notre sélection: Aim High, Hard Working Man, It’s Too Late.