Le label nîmois Kicking Records nous offrait une bien belle affiche en ces derniers jours de juillet parisiens.
Les ardéchois de Supermunk ouvrait le bal. Le groupe de Peaugres a sorti cette année un excellent troisième album, « All you Need is Air » qui avec sa pop/punk d’excellente facture nous rappelle au bon souvenir des Replacements ou de Hüsker Dü. Sur scène c’est tout aussi bon et l’on est un peu déçu que le set du combo ne dure que trente minutes.
Panic Monster donne ensuite un premier set acoustique dans le patio du Trabendo ce qui rend l’ambiance déjà estivale encore plus ensoleillé. Il y a un côté protest-song folk à la Billy Bragg dans ce que propose Panic Monster. C’est à la fois très bien fait et très agréable.
Poésie Zéro qui suit donne quant à lui dans le punk pur et dur. On se croirait d’un coup revenu dans les années 80 avec un punk rock corrosif, abrasif et militant. Très black-block dans l’esprit Poésie Zéro est un excellent groupe de scène, à la fois hyper militant et très drôle. Plus grand monde ne joue du ska aujourd’hui et c’est pourquoi on est content d’entendre ce super morceau qu’est « Plus personne n’écoute du ska ». Une bonne partie du public connaît les paroles par cœur et l’on sent une fan-base très attachée au groupe. On passe un très bon moment en leur compagnie. On a ensuite droit à un deuxième set de Panic Monster tout aussi réussi que le premier.
Lorsque les Sheriff déboulent sur scène on ne s’attend pas à ce que l’on va se prendre dans la gueule. Certes leur dernier album s’intitule « Grand bombardement tardif » mais on était loin d’imaginer que le bombardement serait si puissant.
Les Sheriff ont toujours été un excellent groupe live mais les voir à un tel niveau en 2022 paraît presque surnaturel. Il se dégage de ce show une énergie, une folie, une intensité que l’on avait plus vécu depuis bien longtemps. C’est bien simple : si on fermait les yeux à ce moment-là on se croirait revenu aux années 80, à une époque où un concert était tout autre chose que la soupe aseptisée que l’on nous sert la plupart du temps. Les Sheriff ont gardé cet esprit-là et jouent comme si leur vie en dépendait. Olivier leur chanteur est un showman extraordinaire et semble touché par la grâce.
Les classiques du groupe défilent : « Panik (à Daytona Beach) », « A coup de battes de base-ball », « Ne fais pas cette tête là », « Les deux doigts dans la prise », « Fanatique de télé », « 3, 2, 1…Zéro », tous joués dans des versions extraordinaires.
Le public est tellement à fond et chaleureux que l’on se demande si tous les Parisiens ne sont pas déjà partis en vacances. Il est plus que rare de voir à Paris un concert avec un public comme celui présent ce soir-là : heureux, souriant, bienveillant, festif…Mais peut-être cela vient-il de la magie des Sheriff ?
En tout cas la fusion entre le groupe et son public est totale et fait plaisir à voir. Les Montpelliérains montrent que contrairement à bien des reformations pitoyables la leur était nécessaire. Car lorsque l’on entend les titres du dernier album : « A Montpellier » qui donne envie de descendre de suite pour Montpel, « Soleil de Plomb », « Du rock’n’roll dans ma bagnole »…on se rend compte que ses morceaux n’ont pas à rougir face à leurs grands classiques.
Le combo tire sa révérence sur «3, 2, 1…Zéro » avant de revenir avec d’autres classiques sous le bras : « Pile ou Face » et « Pour le meilleur et pour le pire » suivi d’un poignant « Requiem 5 étoiles » et l’incontournable « Jouer avec le feu ». Lorsque les Sheriff quittent la scène on se pince pour savoir si ce que l’on vient de vivre était bien réel. Les Sudistes reviennent encore une fois nous enchanter avec « La saga des Sheriff » et « Se faire une raison ».
En sortant du Trabendo dans la douce nuit parisienne qui nous étreint et nous enveloppe on a plus qu’une envie : retourner voir les Sheriff dès que possible.