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HELLFEST 2022 – Part 2 – Jeudi 23 juin 2022 – Clisson (44)

Jeudi 23 juin 2022 – Par Fred

Et voilà, c’est reparti pour un (gros) week-end de bruit, de fureur et d’émotions. Mais avant cela… 8h45 : nous montons dans le TGV à destination de Paris, gare de Lyon. 11h20 : nous rallions la gare Montparnasse en bus (trente minutes de trajet). 12h20 : nous prenons la correspondance pour Nantes. 14h20 : à Nantes, nous récupérons une voiture de location… état des lieux du véhicule… en route pour Clisson. Nous faisons quelques courses au supermarché préféré des metalleux. Il est 16h30 environ lorsque nous arrivons dans notre petite maison et y déposons nos affaires : tout pareil que jeudi dernier… sauf qu’aujourd’hui, neuf heures de concerts nous attendent !

Nous avions prévu d’entamer ce second week-end de festival avec la mystérieuse Lili Refrain, programmée à 16h15 à la Temple. C’est raté. A notre arrivée, une heure plus tard, le set de Los Disidentes Del Sucio Motel a déjà commencé à la Valley. Le groupe joue devant un écran diffusant des vidéos qui n’ont pas spécialement accroché mon regard. Le rock des Alsaciens est mélodique et atmosphérique, pesant sans chercher à être excessivement lourd et ne se laisse pas facilement ranger dans une catégorie. Allez, je tente une étiquette : post-stoner (?). Le concert me laisse au final une impression mitigée, celle d’avoir vu un groupe bourré de talent et d’idées mais qui n’aurait pas encore trouvé son identité. C’est seulement mon avis…

17h45, à la Temple : je suis sur le point de faire MA découverte de la journée. The Ruins of Beverast, formé en 2003, est le projet solo/studio d’Alexander Frohn. Il est accompagné sur scène de quatre musiciens dont Michael Zech (guitariste/chanteur de la formation Secrets of the Moon). Ce qui frappe d’emblée, alors que le groupe investit la scène, c’est l’absence totale d’ornementation : pas de backdrop, pas le moindre élément de décor. L’impression est renforcée par l’absence de « look » des protagonistes. L’attention du public n’aura d’autre choix que de se porter sur la musique. Le black/doom de The Ruins of Beverast est puissant et « amélodique ». Les quatre morceaux interprétés misent sur l’atmosphère instaurée par de longues séquences stagnantes, tantôt furieuses, tantôt « ambient », et n’évoluant qu’imperceptiblement tout au long de leur progression. Alexander déclame ses parties vocales sur un ton rauque et monocorde. Tout concourt à plonger l’auditoire dans une sorte de léthargie hypnotique. Grand moment !

Bientôt 18h30 : il va falloir choisir entre le « toundra rock » de Slomosa à la Valley et le « gothic metal » de Tribülation à l’Altar ?

Slomosa s’est formé en 2017. Leur rock stoner semble faire l’unanimité tant toutes les critiques que j’ai pu lire concernant leur unique album, paru en 2020, sont dithyrambiques. Éric décide d’assister au show des Norvégiens.

Je prends quant à moi la direction de l’Altar. J’aime beaucoup « The Children of the Night » (2015) de Tribülation : l’un des titres en particulier, le très mélodieux « Melancholia », me file la chair de poule à chaque écoute. Le décor de la scène est classieux, d’esprit « gothique romantique », des bâtonnets d’encens brulent, « La vie en rose » d’Edith Piaf passe en fond sonore. Tribülation entame son set avec « In Remembrance » tiré de leur dernier album : qu’il est loin le temps du death bien brutal de leur tout début ! J’exulte intérieurement lorsqu’à la moitié du set retentissent les premières notes de « Melancholia ». Malheureusement se dégage de la prestation un sentiment de lassitude : Johannes Andersson, basse et chant, me donne l’impression d’être un peu blasé. Je quitte le chapiteau à la fin du cinquième ou sixième titre en me demandant si je n’aurais pas pris plus de plaisir devant Slomosa. Pour l’anecdote, Paul Adam Zars, lead guitare, a fait partie de Repugnant, dont un certain Tobias Jens Forge, plus connu sous son actuel pseudo Papa Emeritus IV, était le vocaliste.

Retour à la Temple pour assister à la grand-messe de Zeal and Ardor. Le chapiteau est blindé ! Je les vois ce soir pour la quatrième fois en cinq ans ! Que de chemin parcouru pour Manuel Gagneux et son projet black metal/negro spiritual : créé sous la forme d’un One-Man-Band en 2014, la formation « live » foule les plus grandes scènes depuis 2017. Un quatrième album est paru un peu plus tôt cette année. 19h20, les six musiciens font face au public : après une courte introduction, le groupe débute avec l’envoutant « Church Burns » et poursuit avec l’émeutier « Götterdämmerung », tous deux tirés du dernier album. Les titres, courts, se succèdent durant une heure sans temps mort : « Row Row », « Blood in the River », « Run », « Don’t You Dare », « Devil is Fine » et tant d’autres… Leur interprétation est magistrale, le ton semble s’être durci. L’originalité tient surtout aux parties vocales, très travaillées, que se partagent Manuel Gagneux et ses deux impressionnants choristes. A partir de la moitié du set, les agents de sécurité auront fort à faire pour assurer la bonne réception des slammeurs qui fendent la foule en continu. A la sortie de « Strange Fruits » (2018), je me disais que Zeal and Ardor allait avoir du mal à se renouveler : je craignais que l’aventure ne soit qu’un feu de paille… tellement heureux d’avoir eu tort ! Ce concert était diffusé en direct sur la chaine YouTube d’Arte : ma compagne y assistait en même temps que moi, confortablement installée dans son fauteuil…

Il est quasi 20h30 : nous allons prendre une bière au VIP puis nous rendons dans la zone restauration au son des vieux de la vieille de Whitesnake qui occupent la Mainstage 1. Les échoppes sont prises d’assaut : direction le Hell Snack où le service est toujours aussi rapide !

Je n’avais pas vraiment apprécié le set des Islandais de Solstafir lors de l’édition 2018. Je décide de retenter l’expérience ce soir et me positionne à la Temple un peu avant 21h30. J’aime beaucoup les deux premiers albums du groupe, « Í blóði og anda » (2002) et « Masterpiece of Bitterness » (2005), plus « metal », et c’est d’ailleurs au son de l’instrumental « Náttfari » concluant ce dernier que les musiciens prennent place sur scène. La musique de Solstafir est planante, faite de longues plages mélancoliques que déchire par fulgurances le chant « lamenté » de Tryggvason. C’est beau, débordant de sensibilité mais je n’accroche décidément pas.

A 22h, j’ai soudainement envie de flâner aux abords de la Mainstage 2 : Helloween a débuté son show depuis un bon quart d’heure déjà. C’est le premier groupe que j’ai vu en concert, en 1987, à l’époque de la sortie de l’album « Keeper of the Seven Keys Part 1 ». J’écoute quelques morceaux de leur heavy metal pur jus et prend la direction de l’Altar. Je ne fonctionne définitivement pas à la nostalgie !

Je commence à ressentir la fatigue de la journée lorsque les Grecs de Septicflesh entrent en scène à 22h35. Sous le chapiteau, le public a répondu présent. Je me réjouissais à l’idée de les voir, les ayant ratés lors de leur passage en 2018. Le groupe maîtrise parfaitement son propos : son death metal symphonique et orchestral en impose véritablement. Malheureusement, je ne parviendrai pas à rentrer dans l’ambiance… j’assiste au concert dans un état de quasi torpeur.

Les Scorpions, « doyens » de cette édition, ont donné une trentaine de concerts depuis le début de l’année : pas mal pour un groupe qui avait décidé de prendre sa retraite en 2010 (avant de se raviser en 2012). La tâche s’annonce ardue mais Éric décide de “s’incruster” dans la foule pour tenter de prendre quelques clichés au téléobjectif, et cocher le groupe dans sa liste des “vus une fois dans sa vie” ! La foule est très compacte mais comme souvent, une fois l’angle de la plateforme PMR franchie il est possible de circuler plus facilement. Le groupe distille ses tubes et le show est spectaculaire avec notamment des effets vidéos impressionnants, aidés par la dimension hors norme des écrans des mainstages.

 

A 23h40, je rallie la Temple pour assister à la cérémonie de Heilung, qui, déjà programmé en 2018, m’avait alors fait forte impression. Heilung propose d’emmener l’auditeur dans un « voyage musical magique » dixit Faust, membre fondateur de la troupe nordique dont la musique est essentiellement rythmique. Certains des instruments de percussion utilisés sont fabriqués à partir de peaux et d’os d’origine animale. Les morceaux vont se succéder comme autant de tableaux, certains, particulièrement théâtraux, faisant parfois intervenir un grand nombre de participants, choristes et danseurs. Je rêverais de voir ce groupe se produire dans la nature… au clair de pleine lune.

Séquence « émotion » : le concert de Scorpions terminé, Mikkey Dee revient sur scène et est rejoint par Phil Campbell pour rendre hommage à Lemmy. S’ensuit la diffusion d’une longue vidéo « souvenirs » sur les écrans des scènes principales pendant laquelle les deux musiciens se rendent à l’emplacement de la nouvelle statue à l’effigie de leur ami, pour l’inaugurer en présence de la sculptrice.

C’est avec beaucoup de retard que débute le concert de Wardruna sur la Mainstage 2.  J’écoute les deux ou trois premiers titres : c’est à tomber. Mais, en ce qui me concerne, les conditions ne sont pas réunies pour apprécier pleinement le folk norvégien d’Einar Selvik : trop de va et vient dans la foule captant mon regard, trop de bribes de discussions me parvenant aux oreilles… je préfère me réserver pour une autre occasion :  une belle salle de théâtre par exemple…

01H20 : je termine cette journée de concert à la Valley, adossé à un poteau du chapiteau, complètement claqué. Et là, se produit un petit miracle, compte tenu de mon état de fatigue avancée : j’ai le sentiment d’être là où il faut que je sois à cet instant précis. Je ne connais pas Jerry Cantrell qui se produit présentement accompagné de cinq musicien(ne)s mais ce que j’entends me transporte instantanément : un gros rock « grungy », mélancolique, onctueux et réconfortant qui transforme la Valley en havre de paix… du coup, en plus de Jerry Cantrell, je sais aussi que je vais enfin m’intéresser à Alice in Chains, dont il est le chanteur/guitariste, et que j’ai jusqu’alors copieusement ignoré !

 

 

 

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