Passer du coq à l’âne, c’est ce qu’a fait le quatuor londonien TV Priest en virant, d’un post-punk déjanté, au rock alternatif style Drenge ou Spector.
TV Priest est constitué de Charlie Drinkwater (chant), Nic Bueth (basse, claviers), Ed Kelland (batterie) et d’Alex Sprogis (guitare).
En 2019, les Britanniques avaient déjà sorti un album baptisé Uppers mais, conditions sanitaires obligent, n’avaient pu le défendre convenablement sur scène, because concerts en stand by! Un mal pour un bien comme on dit puisque, ayant du temps devant lui, le quatuor en a profité pour travailler à de nouvelles compos et, par la force des choses, à un nouvel album. Celui-ci vient donc de paraître et s’intitule My Other People, géré par le label américain Sub Pop Records.
My Other People a été enregistré au East Studio de Londres, propre QG du bassiste Nic Bueth qui a lui-même produit l’album. On n’est jamais aussi bien servi que par soi-même, le système D n’est pas forcément gage d’échec. TV Priest le prouve à merveille, nous pondant un album rock et très accessible. My Other People s’avère être un compromis entre morceaux rentre-dedans et slows hyper planants à l’image de Limehouse Cut ou de The Happiest Place On Earth.
Entre lignes de basse clinquantes de Nic, éclats vocaux de Charlie et riffs shoegaze de guitare d’Alex, My Other People n’aura de cesse de nous régaler et de ravir nos oreilles. Ne passons pas sous silence les performances d’Ed Kelland à la batterie qui, il faut le dire, sont loin d’être négligeables.
Les mauvaises langues diront que de nombreux morceaux de cet album se ressemblent, calqués sur le même moule. On le concède certes volontiers, It Was Beautiful et Unraveling par exemple possédant moultes similitudes musicales et rythmiques. Pourtant, qui prend la peine d’écouter les 12 morceaux constatera sans peine que My Other People se veut riche en variétés. Le tranquille Limehouse Cut contraste avec l’entraînant Bury Me In My Shoes, The Happiest Place On Earth (autre belle ballade) se démarque totalement du très énergique I Have Learnt Nothing que Drenge et, pour faire plus actuel, les sémillants britanniques de Crows.
My Other People se partage entre doutes et certitudes, fatalité de choses qui n’évolueront jamais et espoirs entretenus tant bien que mal.
TV Priest a, on l’a dit, quelque peu délaissé le genre post-punk mais, pour autant, n’a pas perdu la main en termes de contestations. Rien n’est laissé au hasard par Charlie Drinkwater et sa petite bande, tout est sujet à écorchures et controverses : politique britannique bien évidemment, actes de barbarie de tous ordres, laisser-aller au niveau culturel mais aussi les relations amoureuses tumultueuses. Ce thème est surtout abordé dans l’éponyme morceau My Other People sur lequel Charlie se répand en confidences sur la difficulté de faire face aux diverses tempêtes de l’amour. Les bons sentiments ont leurs avantages, autant que leurs inconvénients. Ce sont hélas ces derniers que My Other People la chanson met plus en exergue.
Chez TV Priest, le côté new wave/shoegaze se révèle très criant, par le truchement des claviers et des guitares résonnant à la façon 80’s. Des morceaux tels qu’It Was Beautiful, Bury Me In My Shoes ou encore I Have Learnt Nothing font figures d’hymnes new wave par excellence, réconfortant à la première écoute. Que dire de la voix chaude et puissante de Charlie Drinkwater, un timbre de voix capable de se faire caressant (Limehouse Cut, The Happiest Place On Earth) comme se muer en mode arrogant et révolté (Bury Me In My Shoes, I Have Learnt Nothing).
My Other People se révèle donc une belle livraison, certes pas à se taper la tête contre les murs, lais les 12 morceaux qui le constituent s’apprécient et feront, sans nul doute, leur chemin dans nos esprits. Le quatuor londonien a, avec My Other People, livré l’un des meilleurs albums rock actuels. Un second effort attendu de pied ferme, qui n’a pas galvaudé les espoirs placés en lui!
TV Priest : la new wave et le bon rock alternatif ont encore des arguments à faire valoir.