Les 70’s ont décidément le vent en poupe en ce moment, preuve en est avec le quintet canadien The Sheepdogs formé en 2004. Le groupe est composé d’Ewan Currie aux chant et guitare, Jimmy Bowskill en seconde guitare, Ryan Gullen à la basse, Shamus Currie aux claviers et enfin de Sam Corbett à la batterie.Ce 3 juin, chez Warner Music, The Sheepdogs ont sorti Outta Sight, déjà leur septième album. Il succède à Trying To Grow (2007), The Big Stand (2008), Learn And Burn (2010), The Sheepdogs (2012), Future Nostalgia (2015) et Changing Colours (2018).
Le style musical de The Sheepdogs est à classer dans le southern rock, dans tout ce qui se fait de rétro 70’s. La palette d’influences du quintet de Saskatoon se révèle conséquente, allant des Eagles à David Crosby en passant par T. Rex dont plusieurs morceaux tels que Here I Am et Waiting For Your Call, il faut le croire, n’ont musicalement rien à envier à ce monstre sacré de la décennie pat d’eph.
C’est précisément Here I Am qui ouvre le bal par de furieux riffs de guitare sur lesquels, d’entrée de jeu, l’ombre de T. Rex se fait pressante. Un voyage au long cours dans les 70’s débute donc, ce qui contribue à nous changer du rock actuel, flamboyant certes mais auquel il manque une certaine nostalgie.
Le tempo devient plus swing et trépidant sur le très blues Find The Truth qui permet à Outta Sight d’adopter son rythme de croisière. Les canadiens tissent leur toile en nous et leur empreinte s’insinue déjà dans nos esprits.
Léger ralentissement de la cadence avec I Wanna Know You conçu en choeurs, accompagnés par de vibrantes guitares. On évoquait David Crosby, I Wanna Know You s’avère clairement influencé des compos de l’ancien comparse de Neil Young et autre Graham Nash.
De Crosby à T. Rex, la frontière n’est guère loin car Waiting For Your Call, dynamique et entraînant, nous rapproche encore davantage du rockeur 70’s: guitares cinglantes dès le début du morceau, voix en permanence doublée du frontman Ewan Currie dont le charisme, après ces quelques morceaux, s’impose à nous comme une évidence. Currie insuffle à Outta Sight son propre style, sa patte rock revival, ponctuée de légers accents de blues.
Un peu de country également sur Carrying On, morceau taillé pour les longues chevauchées en van à travers les grands espaces de l’Amérique rurale. The Sheepdogs, force est de le constater, n’a de cesse de se renouveler d’une compo à l’autre de cet album. Confirmation avec le bien rock So Far Gone et la ballade bluesy Goddamn Money, deux morceaux aux forts relents de The Black Keys: So Far Gone pour le versant rock et Goddamn Money pour l’aspect plus blues.
Scarborough Street Fight, long de 4 minutes 30, présente un côté Deep Purple, mis en exergue par une abondance de claviers rétro que secondent magnifiquement des guitares rugissantes à souhait. On note aussi sur Scarborough Street Fight une coloration dans laquelle fusionnent le blues et la soul.
Morceau le plus long d’Outta Sight, Scarborough Street Fight est également le meilleur morceau de ce septième opus de The Sheepdogs, indéniablement le sésame rêvé pour ouvrir les portes de l’univers musical de ce quintet canadien. Qui veut découvrir The Sheepdogs doit commencer par Scarborough Street Fight!
La ballade Mama Was A Gardener est l’autre grand temps fort de cet album à côté duquel il sera bien difficile de passer. N’oublions pas non plus Didn’t I et ses sonorités plus actuelles, impulsées par quelques boucles de claviers électro.
Il n’est jamais trop tard pour découvrir une formation aussi talentueuse que The Sheepdogs, ce quintet canadien possédant un véritable arsenal d’influences. Outta Sight, septième album de la bande à Ewan Currie, va dans tous les sens et explore tous les aspects musicaux des 70 mais pas que puisque les Black Keys, formation contemporaine, sont aussi bien représentés.Outta Sight de The Sheepdogs: toute l’intensité du southern rock estampillé 70’s est à son paroxysme!
-Jean-Christophe Tannieres