Pour la troisième année, le festival VYV propose un week-end musical, estival et familial dans la capitale bourguignonne. Entre gros son, valeurs sûres et revival 90’s, petit retour que la programmation du dimanche.
C’est sur un site remarquable adoptant une démarche résolument écologique et responsable que nous arrivons pour entendre (un peu) Flaur. Ce groupe dijonnais groovy et sensuel nous offre les derniers instants de calme, avant que Shame n’investisse la scène principale du festival. Le quatuor résolument punk distille son son puissant et énergique, notamment sur Alphabet ; la grosse averse n’empêche pas le chanteur torse nu et l’ensemble du groupe de défendre chaque titre avec pugnacité.
Une météo plus clémente mais toujours menaçante accompagne les fougueux irlandais de The Murder Capital. Quelques minutes de concert suffisent au chanteur pour être déjà dans le public, avec des chansons post-punk aux longs déferlements de basse, dans un univers mêlant les influences des Pixies ou de PJ Harvey. L’ensemble est très convaincant, et même émouvant avec On Twisted Ground, magnifique, avant le toujours efficace Feeling Fades.
C’est ensuite un tout autre univers que celui de Juliette Armanet, qui mêle chansons à textes, magie pop et ambiance disco. Changeant de costume régulièrement, elle rappelle avec son piano Véronique Sanson sur l’Amour en solitaire ; très communicative, dégageant simplicité et enthousiasme, Juliette fait trémousser le sage public dijonnais sur le dernier jour du disco. Un constat similaire que l’on peut faire d’Ibeyi, duo populaire teinté de world music et de R’n’B, sur lequel nous avons tendu une oreille discrète et plutôt rapide.
Car ne nous cachons pas, notre présence se justifie surtout par les groupes à venir, à commencer par la grosse attraction de la soirée, The Smile, power trio post-Radiohead porté par Tom Yorke, Johnny Greenwood et le batteur jazzy Tom Skinner. Entre électro et krautrock, mélodies désolées et ambiance mélancolique, le groupe délivre un set audacieux et exigeant.
De la harpe au piano, d’une guitare à l’autre, la voix hantée de Yorke, les riffs de Greenwood et le jeu subtil de Skinner offrent un spectacle étrange mais d’une grande beauté. Les applaudissements nourris soulignent l’impact extraordinaire que Tom Yorke suscite. Son sourire resplendissant offrait aux spectateurs la plus belle des réponses.
Déjà, les guitares énervées des Idles nous appellent à l’opposé du site afin de profiter d’une prestation très aboutie et énergique, de la part d’un groupe désormais habitué des festivals. Nous laissons toutefois le chanteur haranguer la foule en français pour rejoindre la grande scène et se placer au mieux pour le concert de clôture assuré par Liam Gallager. Place à un rock classique, porté par un décor très mégalomaniaque où surgit sa passion pour le club de foot de Manchester City. Un vrai faux départ fait craindre quelques instants un scénario à la Rock en Seine 2009 ; finalement Liam s’installe, et dans sa posture légendaire débute par des standards d’Oasis comme Rock’n’roll star, histoire de se mettre le public dans la poche. La setlist comprend des titres de son dernier album, mais aussi (et surtout ?) d’autres classiques notamment lors du double rappel, offrant ainsi une belle prestation devant un public conquis.
Un dimanche rock plaisant, dans un cadre verdoyant et militant, superbe vitrine pour la région Bourgogne Franche-Comté particulièrement engagée en ce mois de juin dans le soutien aux musiques actuelles. Un engagement qui dans un contexte toujours incertain et fragile est à saluer et à encourager pour avoir encore de nombreux better days.
-Julien LAGALICE