Deux ans quasiment jour pour jour après l’album Amends, on reparle de Grey Daze, ce génial projet dont Chester Bennington, ancien leader de Linkin Park fut l’initiateur. Si Amends ne comprenait que d’anciens morceaux de Grey Daze période 93/98, il en va tout autrement de The Phoenix, ce second opus. Celui-ci est entièrement consacré aux compos sur lesquels Chester et ses musiciens travaillaient depuis 2017, année de la reformation de Grey Daze. Tout avait débuté sous les meilleurs auspices jusqu’au décès brutal de Chester en pleine période d’enregistrement.
En dépit de ce terrible coup du sort, les séances sont allées à leurs termes, le résultat aboutissant à un ensemble de compos des plus homogènes.
C’est ainsi que The Phoenix a fini par voir le jour, enfin disponible partout depuis ce 17 juin. Distribué via Loma Vista Recording, ce second album a été élaboré aux Sunset Studios Sound de Los Angeles, sous l’égide du producteur Esjay Jones. Côté musiciens, Sean Dowdell (batteur) et Mace Beyers (basse) sont demeurés fidèles au poste, Cristin Davis (guitariste) ayant rejoint le groupe en 2017 pour l’enregistrement des nouveaux morceaux.
Une reformation de Grey Daze qui n’a nullement amené Chester et ses acolytes à dévier de leur marque de fabrique, à savoir le son pur rock made in 90’s. Contre vents et marées, Grey Daze a maintenu le cap, tenu fermement la barre avec, en bon capitaine de navire, un Esjay Jones respectueux des bonnes traditions.
Le décès soudain de Chester Bennington fut évidemment un énorme coup de massue, ayant laissé Grey Daze dans l’incertitude et surtout la peine, une période de recueillement définissant sans doute le ton général d’Amends, propice à l’émotion. Soul Song et What’s In The Eyes, pour ne citer que ces deux morceaux, en témoignent clairement.
The Phoenix, quant à lui, se veut plus brut de décoffrage, célébrant la vie que Chester Bennington a toujours aimé et qu’il a, depuis de nombreuses années, croqué à pleines dents. « Un hommage festif à leur ami disparu », c’est l’expression qu’emploient volontiers les membres historiques de Grey Daze tels que Sean Dowdell et Mace Beyers. En entendant Saturation (Strange Love) ou encore Anything Anything, on se dit d’emblée que les deux gars n’ont pas menti. Ces morceaux fleurent bon le rock 90’s, nous gratifiant d’un Chester Bennington de gala, éructant et hurlant à pleins poumons. Chester comme aux plus beaux jours, au meilleur de sa forme certes, mais les guitares en ont aussi sous le capot : ça gronde, ça crache de partout! Grey Daze, au lieu de pleurer et de se recueillir indéfiniment, montre un visage radieux et vivace, cela malgré la tristesse toujours bien présente dans les esprits. « Nous voulions offrir aux gens l’image de Chester bien vivant, chantant à pleine voix et criant ». Magnifique formule de Sean Dowdell et de sa bande qui, disons-le, se passe de commentaires.
L’an dernier, débarquait le sulfureux Anything Anything, morceau rock par excellence. La perspective d’un second album de Grey Daze commençait alors à se faire jour en nous mais les espoirs furent rapidement douchés. Les mois ont défilé, sans plus aucune nouvelle de Grey Daze. Silence radio total, jusqu’à l’arrivée du non moins accrocheur Saturation (Strange Love), second single dévoilé il y a quelques mois. Une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, l’album The Phoenix était enfin annoncé avec une date précise.
Starting To Fly, comme pour nous rassurer, vint confirmer ces bonnes dispositions. Un morceau bien dans la lignée d’Anything Anything et de Saturation (Strange Love), très influencé Def Leppard. Sean Dowdell, qui endosse le rôle de chanteur, psalmodie en s’égosillant de multiples « How High Can We Go », ces quelques mots qui désormais ne nous quitterons plus.
Starting To Fly traite d’un potentiel dont nous sommes perpétuellement à la recherche, chaque jour que Dieu fait comme disent les croyants. Quant au clip, il met en lumière des paysages bucoliques et des pratiques de sports extrêmes, sans oublier des captations d’images des diverses séances d’enregistrement.
Sur The Phoenix, les membres de Grey Daze ont reçu quelques renforts extérieurs : le guitariste Dave Navarro qui apporte sa griffe à Holding You, Richard Patrick (Filter, Nine Inch Nails) grossit les rangs sur la ballade Believe Me et, encore plus émouvant, Lila et Lily Bennington (filles de Chester) accompagnent leur papa sur l’étourdissant et poignant Hole. Malgré la vie continuant célébrée dans cet album l’émotion, quoi qu’on en dise, subsiste toujours et ne saurait être mise totalement au rebus. Drag et Hole, notamment, en sont les preuves irréfutables. La voix de Chester si criarde sur Holding You sait se montrer frémissante dans les ballades telles que le somptueux Spin et Believe Me. Spin mérite que l’on s’y attarde tout particulièrement, incontestablement la plus belle compo de The Phoenix. Spin, à elle seule, résume Grey Daze sous toutes ses formes musicales : des guitares en veux-tu en voilà sur un rythme apaisant et planant. Dès la première écoute, on tombe illico presto sous le charme de cette dantesque ballade que d’aucuns ne se priveront pas de comparer à Soul Song par exemple.
Grey Daze et The Phoenix, c’est malgré tout du rock et du bon, qui envoie du pâté! Saturation (Strange Love), Starting To Fly ou encore Be Your Man, voire Holding You et Wake Me, sont là pour en attester. Même Hole, avec son début tout en chœurs enfantins, n’est pas en retard de caresses. Les guitares se mettent bien vite sur orbite et au diapason!
Notre patience a été bien récompensée quant à cette longue attente de The Phoenix. Un album à l’image de Chester Bennington, rock sous tous les angles et jusqu’au bout des ongles! Accompli d’un bout à l’autre, The Phoenix est un hôte à accueillir dans toutes les bonnes chaumières.
The Phoenix : Chester Bennington renaît de ses cendres!