Ce n’est pas encore le come back du siècle, mais ça y ressemble beaucoup! Les rockeurs britanniques de Def Leppard ressortent en effet de leur tanière, un retour qui ne peut que faire plaisir aux fans de la première heure.
La dernière trace inédite du groupe de Sheffield en studio remonte à 2015 et cet album sobrement intitulé Def Leppard. Nous vient alors à l’esprit la phrase devenue culte d’un certain président de la République : « Sept ans putain, c’est long! »
Trêve de plaisanterie, ce nouvel album de Def Leppard (déjà le 12ème) a pour titre Diamond Star Halos. Il fait suite notamment à Pyromania (1983), Hysteria (1987), Slang (1996) ou encore X (2002). Le plus marquant d’entre eux est indéniablement Hysteria qui comprend des morceaux comme Woman, Animal ou encore Love Bite, superbe ballade remplie d’émotion.
Les léopards de Sheffield ne sont toujours pas devenus sourds en sept ans, nous revenant même plus en forme que jamais avec, excusez du peu, le feu sacré brûlant dans leurs veines!
Pour la conception de Diamond Star Halos, le quintet emmené par Joe Elliott (chant) et Phil Collen (guitare) a très peu eu l’occasion de se réunir dans une même pièce pour échanger les diverses idées de composition. Ce travail de longue haleine s’est effectué à distance, une certaine période de confinement étant passée par là. Joe Elliott se trouvait en Irlande, le bassiste Rick Savage en Angleterre alors que les trois autres résidaient aux États-Unis, à savoir les guitaristes Phil Collen et Vivian Campbell ainsi que le batteur Rick Allen, handicapé depuis décembre 1984 suite à un accident de voiture mais qui, en dépit de cela, fait toujours partie intégrante du groupe. Se séparer de Rick était inimaginable pour Def Leppard et l’avenir a donné raison aux rockeurs de Sheffield, le cultissime Hysteria de 87 en témoigne.
Sur Diamond Star Halos, plane l’ombre de David Bowie qui, à l’instar de T. Rex, a toujours été pour Def Leppard une source d’inspiration. D’aucuns prétendent même que Joe Elliott et sa bande sont héritiers de Bowie, un peu excessif mais bon chacun son opinion.
Un lien avec Bowie renforcé par la présence de son claviériste Mike Garson, lequel joue du piano sur les ballades pop Goodbye For Good This Time et Angels (Can’t Help You Now).
Alison Krauss, qui vient de sortir l’album Raise The Roof avec Robert Plant, est également de la partie, preuve supplémentaire que Def Leppard s’éloigne de temps à autres des sentiers battus, même si ce n’est que par intermittence. Alison accompagne le quintet sur le somptueux This Guitar aux intonations country, Def Leppard se découvrant dans un registre tout à fait différent et Alison Krauss ne se sentant pas le moins du monde dépaysée. La chanteuse country apporte aussi sa contribution à Lifeless, compo plus pop mais sur laquelle le son country ne disparaît jamais vraiment.
Diamond Star Halos, en dépit de cette sortie épisodique d’une certaine zone de confort, demeure pourtant un opus bien rock avec, en majeure partie, des morceaux taillés pour les stades. On ne croit pas si bien dire puisque Def Leppard se prépare à entreprendre, en compagnie de Mötley Crüe, Poison et Joan Jett, une prolifique tournée des stades. Il ne fait aucun doute que des morceaux énergiques tels que Take What You Want, Kick, SOS Emergency ou même All We Need feront partie de la setlist. Riffs de guitares accrocheurs, chant entêtant, ces hymnes rock ont tout pour convaincre les spectateurs de reprendre en chœurs avec le groupe. Des chœurs toujours aussi omniprésents chez Def Leppard, particulièrement sur Fire It Up, Take What You Want et plus encore Kick. Pas étonnant alors que le quintet britannique soit catalogué ad vitam æternam comme un groupe de stades. Def Leppard, dans sa musique, se veut depuis toujours une formation festive, qui aime partager avec ses fans et c’est tout à leur honneur!
Trois singles sont extraits de Diamond Star Halos : le remuant Kick, le sulfureux Take What You Want qui, dès le début d’album, met littéralement le feu aux poudres par ses excellents riffs de guitare et enfin Fire It Up, émotionnellement moins fort mais qui ne manque cependant pas de tonus. Take What You Want débute crescendo, montant en puissance jusqu’à tout écraser sur son passage, tout s’embrasant en un éclair! On ne pouvait difficilement rêver meilleur coup d’envoi pour ce 12ème effort de Def Leppard!
This Guitar avec Alison Krauss fait retomber l’adrénaline, le groupe s’accordant une petite pause ballade mais pour mieux faire de nouveau rugir les guitares sur SOS Emergency, All We Need ou même dans Open Your Eyes qui, pourtant, peut être considéré comme une ballade. Qui a déjà entendu Bullet Holes de Bush établira forcément la comparaison en entendant Open Your Eyes.
Liquid Dust est un autre morceau à lent tempo et tout en guitares, à l’image de From Here To Eternity, fabriqué sur le modèle de So Sorry I Could Die, morceau figurant sur l’album Eyes Of Oblivion de The Hellacopters. Une conclusion en légèreté pour Diamond Star Halos.
Comment ne pas revenir sur les deux grands moments de cet album que sont Goodbye For Good This Time et Angels (Can’t Help You Now), deux somptueuses compos bonifiées par la prestation au piano de Mike Garson, claviériste de David Bowie. Avec This Guitar et Lifeless, Goodbye For Good This Time et Angels (Can’t Help You Now) étaient les grandes curiosités de Diamond Star Halos qu’il nous tardait de découvrir, un large teasing ayant été fait par le quintet de Sheffield quelques mois avant la sortie. Qui eût imaginé Def Leppard faire un bout de chemin avec Alison Krauss et Mike Garson! Ce qui paraissait utopique s’est pourtant produit et le résultat de ces collaborations s’avère concluant, fabuleux même. This Guitar et Goodbye For Good This Time ont, sur Diamond Star Halos, autant leur place et de légitimité que SOS Emergency, All We Need et Take What You Want. Ces incursions dans la pop et la country font de ce nouvel album de Def Leppard un disque varié, qui ne tourne pas en boucle dans un style défini. Ainsi, on passe sans coup férir de la ballade country This Guitar au bien rock SOS Emergency, tout comme du hard Gimme A Kiss au très pop Angels (Can’t Help You Now). Que ce soit dans le gros rock ou la ballade, Def Leppard n’a jamais fait de différences, donnant autant pour l’un que pour l’autre, une polyvalence qui se révèle plus que jamais visible sur Diamond Star Halos.
Def Leppard, malgré cette longue absence, n’a rien perdu de son mordant, le quintet britannique se montrant toujours aussi en verve. Joe Elliott, chanteur et leader charismatique de la formation, a été victime ces dernières années de plusieurs pneumonies, ce qui n’a en rien altéré sa motivation et son chant percutant comme au premier jour.
Diamond Star Halos peut, après quelques mois de vie, devenir l’égal d’Hysteria, lui aussi très riche et varié. On espérait un retour de Def Leppard, le quintet est effectivement revenu et par la grande porte même, faisant un énorme pied-de-nez au temps qui passe et n’ayant cure des difficultés qui pourraient encombrer leur route. Il faudra donc compter avec Diamond Star Halos au moment de faire le bilan de cette année de rock.
Diamond Star Halos : les léopards de Sheffield ont toujours la niaque et les crocs!