Cofondateur et ex-bassiste des légendaires Joy Division et New Order, Peter Hook trace sa route avec son nouveau groupe depuis 2010. Prévue à l’automne 2020 et repoussée par la crise sanitaire liée au Covid, cette tournée commémore le quarantième anniversaire de Closer, chef d’œuvre absolu du post-punk.
Arrivé tout sourire en tee-shirt et pantacourt, la basse sanglée au motif du Jolly Roger et de HOOKY lève les doutes sur l’identité de ce sympathique touriste. Dans une atmosphère intimiste, Elegia, magnifique instrumental de New Order, inaugure le début du concert consacré au répertoire de ce dernier, depuis Dreams Never end à Crystal, ou avec Temptation. Frontman charismatique toujours très proche du public, Peter Hook occupe seul les devants de la scène, avant de s’éclipser une première fois.
La deuxième partie du set est consacrée à l’intégralité de Unknown Pleasures, premier disque de Joy Division sorti en 1979. Peter Hook, toujours aux avants portes, met véritablement tout son coeur et toute son énergie, forçant parfois sur sa voix et semblant habiter par les paroles. C’est sans doute un des meilleurs moments de la soirée, offrant un voyage dans le passé particulièrement réaliste, accompagné d’un jeu de lumières minimaliste et d’un public conquis. Du magistral Disorder à I remember nothing, en passant par She’s lost control et Shadowplay, l’interprétation est remarquable et le temps ne semble avoir aucune prise sur chacun de ces titres.
Une courte pause avant un nouveau retour qui plonge les spectateurs dans l’intégralité de Closer, ultime album de Joy Division. Hook est toujours pleinement concentré sur chaque instant passé sur scène : Isolation, Heart and Soul et leurs synthés – la musique de Kraftwerk a été utilisée durant l’entracte -, avant de jouer du melodica sur Decades. Religieusement, le public écoute et apprécie cette partie du concert, peut-être moins accessible que les précédentes, mais les nombreux tee-shirts dans le public à l’effigie des musiciens de Manchester rappellent qu’ils sont en terre amie, et même plus.
L’acte final et l’ultime rappel poursuit la leçon d’histoire contemporaine. D’abord avec l’interprétation de deux titres de 1978, lorsque le groupe se nommait Warsaw, No Love Lost et Warsaw. Ensuite, les premières notes de Ceremony, ultime titre de Joy Division, amène de la folie dans la grande salle, pour une dernière plus folle encore avec Love Will tear Us Apart, scandé par le public, véritable hymne à l’amour, au rock et à la vie (en témoigne les larmes aperçues dans le public).
Paré du drapeau anglais à la fin de ce long live de plus de deux heures, le « capitaine Hook » poursuit sa mission de gardien du temple et d’un des plus beaux trésors du rock britannique. Créateur d’une ligne de basse unique, témoin privilégié d’une époque bénie, il demeure incontestablement pour ce type d’évènement un véritable maître de « cérémonie ».
-Julien LAGALICE
Crédits photos : Benoît GILBERT.