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Feeder / Torpedo

Trois ans après Tallulah, les Gallois de Feeder sont de retour avec Torpedo, leur onzième album. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ces dragons 
du rock sont à l’image de l’équipe de rugby du Pays de Galles, à savoir qu’ils ont quelque peu perdu le feu sacré.

Grant Nicholas, toujours flanqué du japonais Taka Hirose, le reconnaît bien volontiers : « Je ne ressentais plus l’envie d’écrire, sachant qu’il n’y avait plus 
de concerts et que j’avais l’impression que le message véhiculé dans les chansons ne passait plus ». Le leader prétend toutefois que l’inspiration a surgi 
dès qu’il a repris sa guitare en main, on serait effectivement tenté de le croire à l’écoute de morceaux tels que Magpie, When It All Breaks Down et surtout 
Decompress où le duo semble reprendre un peu de poil de la bête et retrouver du mordant. Mais bon, on est encore loin de Comfort In Sound, Pushing 
The Senses, voire même Silent Cry, trois albums qui figurent parmi les meilleurs de Feeder. 
« On ne peut pas être et avoir été » dit le célèbre adage et ce n’est pas ce nouvel opus de Grant Nicholas et Taka Hirose qui viendra le démentir. 
Du réchauffé, un manque d’émotion, par exemple sur Wall Of Silence ou encore The Healing (une ballade pourtant) et Born To Love You qui, néanmoins, 
tente musicalement d’impulser davantage de peps mais sans véritablement y arriver. Avec Torpedo, on est dans le même état d’esprit de déception : 
même rythme, peu d’engagement et de conviction de la part de ce duo de dragons qui, naguère, crachait leur fumée à gogo.

Les premiers singles dévoilés que furent Torpedo, Magpie et Wall Of Silence nous faisaient déjà craindre un album monotone et peu inspiré, force est 
de constater que la confirmation nous est revenue, tel un boomerang, en pleine poire. Cependant, Magpie sort un tantinet du lot, se révélant comme 
le plus ronflant des singles et, de façon plus générale, l’un des morceaux phares de cet album au même titre que Decompress. Ces deux morceaux 
fleurent bon le rock, les guitares grondant et rugissant beau faire. On se croirait presque revenus dans les 90’s, décennie durant laquelle la formation 
galloise s’était fait un nom, surtout sur la scène rock britannique il faut le préciser. En entendant When It All Breaks Down ou Decompress, il y a de quoi 
regretter que les autres morceaux soient en tel déficit de verve. Grant Nicholas, on le concède, a pris de l’âge (50 ans passés) mais ce n’est tout de 
même pas un vieux croulant, ce pétillant Gallois ne nous enlèvera pas de l’idée qu’il a encore beaucoup à donner et ce qu’il faut sous la pédale. 
Tallulah, sans pour autant être un album exceptionnel, possédait encore un capital de compos dans lesquelles se reflétaient émotion ainsi que rock 
pur et dur.

En fin d’album, on notera la présence d’une belle ballade baptisée Submission où, malgré tout, les grosses guitares se défendent et tiennent le haut 
du pavé. Tout n’est pas forcément négatif sur ce Torpedo, Submission en témoigne.

Torpedo, dans son ensemble, se montre morne et fade mais, pour autant, rien n’est rédhibitoire pour Feeder. Le duo du Pays de Galles est toujours 
capable de faire bien mieux et l’on est en droit d’exiger un sursaut d’orgueil qui, peut-être pour le prochain opus, ne saurait tarder. À présent que la 
pandémie tend à lâcher du lest et que les concerts reprennent, Grant Nicholas n’aura aucune excuse pour manquer d’inspiration car aucune compo 
ne saurait servir à rien.

Torpedo : un album qui n’est, espérons-le, qu’un accident industriel!



			
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