Les australiens de Midnight Oil ressortent de leur bush pour un LP bien à eux, tout juste 20 ans après celui où figurait notamment Golden Age. Un album qui, bien hélas, était passé inaperçu en France, la bande à Peter Garrett ayant protesté contre la reprise des essais nucléaires français dans le Pacifique. Pour une fois donc, ne blâmons pas ce cher hexagone car c’était la volonté du groupe australien de boycoter les médias français.
En 2020 pourtant, Midnight Oil nous avait gratifié d’un mini album de 7 morceaux intitulé The Makarrata Project sur lequel étaient invités des artistes aborigènes. On y entendait, entre autres, Jessica Mauboy (First Nation), Joel Davison ou encore Dan Sultan. Pour être tout à fait honnête, ce 7 titres n’arrivait pas à la cheville de Diesel And Dust par exemple.
Peter Garrett et ses acolytes reviennent donc avec Resist, un album de 12 morceaux, lequel sera peut-être le dernier si l’on en croit le leader de la formation australien âgé (on ne le dirait pas) tout de même de 68 ans. D’autres albums après Resist, possible, mais plus d’autres tournées c’est certain. « Nous entamons chaque tournée comme si cela devait être la dernière mais pour celle de Resist, ça le sera bien en fait » a récemment dit Peter Garrett mais doit-on le croire à tout prix?
Sur ce nouvel effort des australiens, pas de grands bouleversements musicaux ni de grosses surprises, seulement le bon son de guitare et cette voix de Peter à nulle autre pareille, si chaude et tremblante à la fois. Les détracteurs diront: « Midnight Oil, c’est toujours pareil, ça tourne en rond! » Pas vraiment faux mais ça plaît toujours à bon nombre d’entre nous et surtout cette musique est intemporelle, elle traverse les décennies sans prendre la moindre ride.
Les 12 morceaux de Resist ne présentent donc aucune différence avec Beds Are Burning, Golden Age ou Blue Sky Mine, bien qu’ils demeurent efficaces et ravissent au plus haut point les fans de la première heure de Midnight Oil.
Rising Seas, premier single dévoilé, ouvre le bal pieds au plancher, entêtant et enjoué dans son interprétation même si, on en convient, cette compo aborde des thèmes sensibles telle que la diversité entre les peuples (guerres, désaccords). Rising Seas est aussi une exhortation pour les êtres humains de toute caste à vivre ensemble, en bonne intelligence comme on dit. Le message d’espoir véhiculé par le groupe est palpable, à l’image du morceau We Resist composé par le guitariste Jim Moginie qui n’hésite pas à mettre la main à la pâte pour seconder Peter Garrett qui, en dépit de cette aide, reste le leader incontesté de Midnight Oil.
Le rythme et le mouvement se poursuivent encore et toujours avec The Barka-Darling River, At The Time Of Writing ou même Reef qui, à eux trois, mettent formidablement en exergue le style Midnight Oil, cette musique si particulière qui, depuis les débuts en 88 avec Beds Are Burning, a installé la formation australienne en haut des classements. La bande à Peter Garrett occupera toujours, il faut le dire, une place à part dans nos coeurs, populaire depuis de nombreuses années.
Le combat de Midnight Oil est le même et se lit dans la plupart des compos, c’est celui du respect de la planète, bien évidemment l’écologie: ne pas détruire, ne pas polluer, respecter la mer comme la campagne. « Nous résistons » écrit et chante le groupe australien dans cet album, un leitmotiv bien engagé mais peut-être pas forcément adopté par les diverses populations. Peter Garrett en est bien conscient: « nous aurons toujours bien des difficultés à faire bouger les lignes mais nous ne lâcherons pas pour autant, nous résistons », d’où le titre de l’album Resist et du morceau We Resist, malgré tout une jolie ballade.
Midnight Oil lance donc une nouvelle bouteille à la mer avec Resist, un coup d’épée dans l’eau ou un pétard mouillé selon certaines mauvaises langues mais Peter Garrett ne se voyait pas laisser les choses en l’état. Message est une nouvelle fois martelé de faire attention, sera-t-il entendu? L’avenir le dira.
La musique de Midnight Oil elle, on en est certains, passe toujours bien: bonnes guitares, choeurs joyeux et agréables, c’est toute la recette gagnante des australiens. Des morceaux musclés et bien rock tels que The Barka-Darling River, To The Ends Of The Earth ou Lost At Sea, mais aussi des compos plus légères comme le second single Tarkine, le fabuleux We Resist et We Are Not Afraid. Décidément, Midnight Oil n’a peur de rien et résiste tant bien que mal, au temps qui passe comme aux tempêtes!
Par ce nouvel album, Midnight Oil nous adresse-t-il un adieu? Espérons que non, que Peter garrett et ses hommes auront dans le futur encore des choses à dire. C’est bien mal connaître ces bouillants et sémillants australiens de croire que la source est tarie, que l’inspiration est à court mais Resist permet, quoiqu’il arrive dans l’avenir, de profiter encore de la musique de Midnight Oil, si optimiste et engagée à la fois dans les paroles.
Resist: 12 morceaux de haute volée comme de haute intensité, du pur Midnight Oil comme on l’aime depuis toujours!
Jean-Christophe Tannieres