On ne l’avait absolument pas vu venir, ce nouvel album du folkeux irlandais David Keenan. Il est vrai que le précédent, A Beginner’s Guide To Bravery est sorti il y a plus d’un an, en janvier 2020 plus exactement et à l’époque, tout allait bien dans le meilleur des mondes! On ne parlait pas encore de cette satanée situation sanitaire! Bref, ne nous attardons pas là-dessus, réjouissons-nous de réentendre le songwriter de Dundalk en Irlande du Nord. Ce nouvel album de David est donc baptisé What Then, produit par une vieille connaissance en la personne de Jonathon Mooney, auteur entre autres des compos d’Other Lives. Le moins que l’on puisse dire est que David Keenan, depuis A Beginner’s Guide To Bravery, n’a rien perdu de sa superbe et se montre toujours aussi inspiré. What Then, tout aussi bon, se révèle cependant un poil plus musclé. C’est d’ailleurs avec What Then Cried Jo Soap, morceau des plus trépidants, que débute cet album. David Keenan, sur What Then Cried Jo Soap, se paie le luxe de prendre des intonations à la Bob Dylan dont il se dit volontiers proche musicalement, lorsque ce n’est pas de son compatriote Damien Rice. À What Then Cried Jo Soap, succèdent deux morceaux non moins entraînants, à savoir Bark et Beggar To Beggar qui sont deux singles récemment dévoilés. Comme si rien n’avait changé depuis 2020, David Keenan repart au combat et fait honneur à son Irlande natale. Ne dit-on pas que l’irlandais est un guerrier dans l’âme, qu’il ne lâche jamais rien avant que tout ne soit rédhibitoire! Un tempérament fougueux et belliqueux que l’on avait déjà eu l’occasion de remarquer à l’écoute du single Altar Wine, extrait d’A Beginner’s Guide To Bravery. Dans les compos de David, comme tout songwriter irlandais qui se respecte, des histoires de personnes (célèbres ou non) sont relatées et des noms figurent dans les divers titres: Philomena, qui n’est autre que la grand-mère de David Keenan, Peter O’Toole (Peter O’Toole’s Drinking Stories) qui fut notamment acteur dans Lawrence d’Arabie, voire aussi homme de théâtre dans des pièces de Shakespeare (Hamlet, Macbeth) et Johnny Filth (The Grave Of Johnny Filth) en featuring avec un poète également prénommé David Keenan. L’Irlande est bien une contrée de légendes, guère humoristiques il faut en convenir mais tellement profondes et dont on ne se lassera jamais d’en entendre l’intégralité, qui plus est en dégustant une bonne pinte de bière dans un pub, situé quelque part entre Belfast et Dublin. What Then, bien que plus vivace, accorde néanmoins une petite place aux ballades. Il y a d’abord Philomena, très certainement un vibrant hommage à la grand-mère de David Keenan. Au cours de cette chanson, David demande à sa grand-mère de lui raconter une histoire: « Philomena, tell me a story». Ces paroles font de Philomena la meilleure compo de ce nouvel album de David Keenan, au même titre que The Boarding House, autre ballade émouvante. Citons également, au chapitre de ces compos planantes, la toute aussi magnifique Me, Myself And Lunacy ainsi que Sentimental Dole. Hopeful Dystopia, plus remuant, recèle des influences Kevin Morby. Dans sa manière de chanter sur ce morceau, David Keenan adopte un débit de mots saccadés à l’image du folkeux américain parfois. Dans Peter O’Toole’s Drinking Stories, ce n’est évidemment pas la carrière cinématographique d’O’Toole qui a inspiré David Keenan mais plutôt ses penchants pour la boisson. Il convient de préciser que le comédien aujourd’hui décédé a passé le plus clair de son enfance en Irlande, entre la région du Kerry et Dublin. Pour un album quelque peu inattendu, David Keenan a clairement bien fait les choses. À l’heure où certains artistes s’essoufflent et peinent à confirmer après une galette réussie, le jeune songwriter irlandais poursuit sur sa lancée d’A Beginner’s Guide To Bravery. What Then possède son lot de morceaux qui demeureront longtemps dans les têtes, de What Then Cried Jo Soap à The Grave Of Johnny Filth en passant, bien entendu, par les formidables Philomena et The Boarding House. Hopeful Dystopia, Beggar To Beggar ou encore Bark ne sont pas moins attrayants, par le seul biais de leur rythme cadencé. What Then est donc un album réussi de bout en bout, David Keenan ayant une nouvelle fois conquis le public. Vivement le prochain LP qu’on a, avouons-le, déjà hâte d’entendre mais What Then offre de quoi se faire plaisir avec de fabuleux morceaux folk! Avec What Then, le songwriter irlandais persiste et signe, faisant souffler un petit vent de fraîcheur des plus salutaires, qui fait du bien par où il passe!