Attardons-nous sur une petite folkeuse qui, comme son nom ne l’indique pas, est d’origine suédoise. Cette songwriteuse de grand talent s’appelle Anna Leone. En 2018, elle enregistre un EP intitulé Wandered Away qui la fait figurer parmi les talents One-To-Watch récompensés par Youtube et Spotify, ses performances atteignant jusqu’à 18 millions de vues. Une nouvelle notoriété qui pourtant ne change pas le tempérament de la jeune suédoise, celle-ci ne prenant pas pour autant le boulard (autrement dit la grosse tête). Bien au contraire, Anna demeure timide et introvertie, nourrissant toujours ses passions pour les jeux vidéos, la science-fiction ainsi que les histoires de DC et de Marvel. Lors d’une récente interview, la folkeuse de Stockholm déclarait à ce sujet: « J’aime me perdre dans d’autres univers, ils me donnent un sentiment d’appartenance. » En 2020, Anna Leone est de nouveau récompensée, cette fois-ci par le prix Music Moves des talents émergents avec Girl In Red et Flohio notamment. Anna tape alors dans l’œil du producteur Paul Butler qui s’occupe, entre autres, d’un certain Michael Kiwanuka. En toute logique donc, elle s’installe à Los Angeles histoire d’être au plus près de Butler qui y possède ses quartiers. De cette collaboration, il résulte un premier LP baptisé I’ve Felt All These Things. L’album est paru le 10 septembre chez le label français Allpoints/Half Awake. Un opus constitué de 10 morceaux qui ne sont pas sans rappeler le style Katie Melua, surtout dans la voix d’Anna si profonde et douce à la fois avec, entre les deux, ce petit trémolo familier à Miss Katie. La guitare est bien évidemment l’instrument de base sur bon nombre de compos telles qu’Once, Remember ou encore le très émouvant Still I Wait au cours duquel Anna Leone laisse transparaître tous les sentiments dont elle est capable, frustration autant que contentement. Still I Wait est l’un des meilleurs morceaux de cet I’ve Felt All These Things et d’ailleurs le premier single qui en est extrait, on ne pourra pas pour l’une des rares fois critiquer les choix d’une maison de disques! Il y a également Remember qui aborde le thème de la promesse: « Les promesses que l’on se fait à soi-même comme aux autres et dont il est difficile de ne pas se sentir responsable », c’est le message que veut faire passer la suédoise en parlant de Remember. Outre la promesse, ce morceau est aussi une exhortation d’Anna à l’espoir, à se dire que rien n’est jamais perdu d’avance. Autre instrument de prédilection sur cet album, le piano. Celui-ci fait une légère apparition sur Still I Wait et plus prononcée dans Wondering avec des cuivres. Certains établiront, pour le piano, un comparatif avec Brian Eno. Les folkeuses ont la cote en ce moment, s’attribuants par leurs albums respectifs tout le mérite qui leur revient et Anna Leone est sans conteste de celles-ci. I’ve Felt All These Things vient à lui seul prouver qu’en Suède on ne verse pas que dans le rock de Ghost ou de Royal Republic, voire même Ives. I’ve Felt All These Things d’Anna Leone est le plan parfait pour passer un merveilleux moment de détente agrémenté, essentiellement, par la guitare sèche et la sublime voix de cette suédoise de 26 ans dont on reparlera dans le futur. Paul Butler, en fin connaisseur de talents émergents qu’il est, a bien compris toute la quintessence qu’il pouvait tirer d’Anna Leone et sait pertinemment pourquoi il l’a prise sous son aile pour enregistrer ce premier LP. Souhaitons désormais à Anna de confirmer ce succès rencontré depuis 2018 et l’EP Wandering Away. Rentrez de plain-pied et dès à présent dans l’univers folk feutré de la suédoise Anna Leone avec I’ve Felt All These Things, l’album résolument folk du moment!