Finalement ils l’ont fait, il y a bien eu une édition 2021 des Eurocks!
Certes la formule a été révisée de fond en comble, même le nom a été repensé : En résidence secondaire et “Eurockéennes” en sous-titre. Bref, après une résignation face à des annonces gouvernementales qui ne permettaient pas la tenue en bonne et due forme du festival, l’équipe aux manettes a fait volteface comme l’a expliqué longuement Jean-Paul Roland, directeur de l’événement, lors de la conférence de presse du samedi 24 juillet.
Alors que retenir de cette édition au format inédit? D’abord son format. Etalée sur 5 jours, cette Résidence Secondaire des Eurockéennes s’est présentée comme un enchaînement de courtes soirées estivales dégageant un esprit guinguette entre 18h et minuit (avec un p’tit dépassement au-delà de l’heure prévue le vendredi par Etienne de Crécy, une plaisante anicroche qui surprit au bout de 4 jours… on prend vite le pli!).
Cette formule 2021 a été pensée sur une surface ramassée, soit un peu plus de 7 000 mètres carré aux confins de la base nautique du Malsaucy. Il aurait été en effet saugrenu de proposer une édition light des Eurocks sur un site pour le coup perçu comme gigantesque… c’est donc un événement à “taille humaine” sur une partie modeste du lieu originel, une façon aussi de ne pas empiéter sur le reste des espaces naturels de la base afin que les non-festivaliers, qu’il s’agisse de familles, groupes d’amis ou et promeneurs puissent accéder au plan d’eau et aux pelouses. Du moins pour celles qui ne sont pas alors en jachère (ce qui était alors le cas sur l’ensemble de la zone dévolue traditionnellement à la Grande Scène). La convivialité inhérente aux Eurockéennes fut de la partie, faisant oublier à certains inconditionnels 2020, la triste année blanche.
Cette année fut aussi l’occasion de repenser de nouveaux accès avec des passerelles pour les 1 000 personnes prévus par jour ainsi qu’un nouvel îlot en vue de faire le lien avec l’espace restauration pour ceux qui participaient aux dîners réalisés par les chefs invités. Diners illustrant le triptyque qui soulignait cette résidence secondaires des Eurocks: Music, Food, Nature. 1 000 spectateurs … Au vu de la situation sanitaire d’alors, la jauge fut sensiblement rehaussée (jusqu’à 300 personnes de plus lors d’une soirée) aboutissant à un total de quelques 6 000 festivaliers acceptant le jeu du pass sanitaire à compter du second jour (c’est-à-dire le mercredi 21 juillet). Soit dit en passant, pour les non-vaccinés ou ceux coincés entre 2 injections, le festival leur offrait la possibilité de pratiquer un test à l’entrée du site afin d’être de la partie. 52 furent pratiqués le premier jour et plus de 100 le vendredi.
2021 fut également l’occasion d’accentuer le volet décoration du festival. Véritable plus-value à mettre au crédit de Art Point M, partenaire des Eurockéennes depuis plusieurs années, qui poussa le curseur un cran au-dessus pour cette Résidence Secondaire. Tableaux géants aux portraits classiques pixellisés, squelette et champignons surdimensionnés, pléthore de ballons dispersés partout sur le site (renouvelés en fonction des besoins pour chaque nouvelle journée à venir!), guirlandes à gogo, cette année les Eurockéennes avaient fait le choix de dépayser son public – une idée initialement prévue aussi pour cette édition avortée de 2020 – vers un ailleurs enchanteur, bien loin de la morosité accablante depuis presque un an et demi. J’oubliais le Bar des As suspendu à quelques encablures de l’espace Greenroom… Oui ce fut une réussite tant pour les papilles que pour les yeux!
Qui dit édition inédite, dit scènes inédites. Basée à hauteur de l’ancien Bar du Boulot – point de ravitaillement de ceux ayant accès aux coulisses – une scène lacustre vit le jour cette année accueillant une majeure partie le public en sous-bois, un abris idéal lorsque la pluie fit sa grande apparition le samedi en début de soirée.
Son pendant résidait en l’Espace Greenroom, podium central dévolu aux DJs pouvant accueillir les amateurs tout autour. Cette place à la décoration des plus léchées totalement dévouée aux clubbers avec scène panoptique, jeu de lumière généreux en proie à une végétation dévorant les structures, avait comme l’autre flottant sur l’étang de la Véronne des faux-airs de rave party notamment lors des sets explosifs de Vladimir Cauchemar ou de BillX.
Ensuite le casting. Essentiellement tournée vers la musique electro – mais pas seulement! – cette édition a d’une certaine manière repris la couleur dominante pensée pour 2020. Un choix aussi en adéquation avec l’invitation aux plaisirs gastronomiques clairement voulu dans cette formule revisitée. Si une centaine de happy few, qui se sont rués à l’ouverture de la billetterie le vendredi 02 juillet (tout est parti en moins de 20 minutes) sur les formules avec repas concoctés par des chefs de renom, a apprécié le moment, les autres festivaliers ont également disposé d’un large choix de foodtrucks pour se restaurer; de même pour les breuvages, avec ou sans alcool, il y en avait vraiment pour tous et tous les goûts!
Le casting donc. Le pari tenu par Kem Lalot, programmateur du festival depuis deux décennies, fut aussi de sortir des sentiers battus. Comprendre que si nombre de festivals se maintenaient cet été, voire avaient accepté sans sourciller les annonces en date du jeudi 18 février de la ministre de la Culture, beaucoup propos(èr)ent en fait des programmations quasi-similaires, avec à 99,9% des artistes français. En somme les Franco’ aux 4 coins de la France… Lors de la présentation de cette Résidence Secondaire des Eurockéennes le premier juillet dernier, ô bonheur! on tenait enfin quelque chose de différent. Oui des artistes français étaient sur l’affiche : The Inspector Cluzo qui ont répondu présents en premier et embarqué Philippe Etchbest dans leurs bagages pour quelques titres; Skip The Use, Yelle, L’Impératrice, etc mais une dizaine de noms internationaux s’y étaient mêlés : Samà Abdulahdi, Eyrah, Glitter, Liraz, OY ou encore les flamboyants Congolais de Fulu Miziki. Tant de propositions invitant au voyage grâce aux sonorités résolument dépaysants. Idem avec Makoto San. Certes, ils sont de la cité phocéenne mais la techno déversée vendredi à base de percussions traditionnelles avait quelque chose d’envoutant et fleurait bon le pays du soleil levant.
De Yelle à Felixita en passant par le samedi, durant lequel les platines de l’Espace Greenroom furent successivement aux mains de 4 DJs féminins, à savoir Piu Piu, Andy 4000, Glitter et Samà Abdulahdi, cette programmation mit une nouvelle fois les femmes à l’honneur lors de ces 5 jours. Une dernière soirée comme un écho à l’édition 2018 (Pour souvenir, après sa prestation remarquable sur la Plage, l’exceptionnelle Beth Ditto avait invité ses artistes préférées d’alors pour prendre possession des machines au cours de la même soirée, à savoir Sophie et The Black Madonna.) More Women on stage, aux Eurockéennes on est partisan.
Concluons par une réflexion de Jean-Paul Roland. Lors de la conférence de presse, ce dernier n’a pas exclu que cette Résidence Secondaire pensée dans l’urgence devait se penser aussi tel un laboratoire. Aussi, il ne serait pas à exclure que pour les années suivantes une telle formule, vécue par tous comme une réussite, puisse se tenir en amont ou en aval des traditionnelles festivités du premier weekend de juillet sur le site du Malsaucy.
A suivre…
Pour refermer ce live report, ci-joint le porte-folio des artistes présents pendant ces 5 soirées.
Mardi 20 juillet
ASHER SELECTOR & DJ SHOOBONG
FULU MIZIKI
THE INSPECTOR CLUZO
ACID ARAB
Mercredi 21 juillet
CATASTROPHE
FAKEAR
LA FRAICHEUR
OY
SIMS
YELLE
Jeudi 22 juillet
DI MEH
MOONSHINE
VLADIMIR CAUCHEMAR
SKIP THE USE
VANYFOX
Vendredi 23 juillet
AAZAR
BILLX
ETIENNE DE CRECY
EYRAH
LIRAZ
MAKOTO SAN
Samedi 24 juillet
FELIXITA
FOLAMOUR
GLITTER
L’IMPERATRICE
PIU PIU – ANDY 4000
SAMÀ ABDULHADI
-Emilie BABE, Benoît GILBERT
crédit photos: Benoît GILBERT
Merci à toute l’équipe des Eurockéennes et à l’année prochaine!