« Il faut sauver le soldat Ryan » comme dit le titre d’un célèbre film. Pour le songwriter américain Ryan Adams, cela n’a jamais été aussi vrai qu’en cette période, quelque peu trouble pour nous comme pour ce parangon de la folk. Ryan a été accusé, par plusieurs personnes de sexe féminin dont son ex-épouse, de harcèlement sexuel doublé de chantage affectif. C’est la raison pour laquelle Big Colors, 18ème album de l’américain qui devait initialement paraître en 2019, est jusqu’à présent demeuré dans les cartons. Débarrassé de ses ennuis judiciaires, Ryan Adams peut enfin voir éclore cet album et cela pour notre plus grande satisfaction à nous aussi! Que de chemin parcouru depuis 2000 et ce premier effort baptisé Heartbreaker, opus qui devait en annoncer bien d’autres, que ce soit Rayan seul ou avec The Cardinals. On se souvient notamment de sa magnifique version de Wonderwall, compo d’Oasis, figurant sur l’album Love Is Hell de 2004. Les bonnes ballades folk de Ryan, reconnaissons-le, commençaient à nous manquer cruellement, eh bien Big Colors en distille à foison. Rares sont les morceaux où la guitare n’est pas présente, résonnant agréablement à nos oreilles. L’influence du boss (comprenez Mr Bruce Springsteen) est elle aussi palpable, le fait que notre crooner pose sa voix sur bon nombre de compos n’aurait pas été choquant. Springsteen oui mais pas que : James, Ian McCulough ou encore Billy F. Gibbons sur son nouvel album comptent également parmi le répertoire d’inspirations de Ryan. Musicalement parlant, Big Colors se révèle varié et diversifié. Les compos folk telles que Fuck The Rain, In It For The Pleasure ou encore What Am I sont bien là, c’est un fait établi, mais on remarque aussi des morceaux plus rock comme par exemple Power qui a des airs de West Coast Junkie de Billy F. Gibbons, I Surrender que Bono ou Bruce Springsteen n’auraient pas renié, sans parler de Middle Of The Line et de Summer Rain. Pourtant, Big Colors ne débute ni en trombe ni trop lentement, le morceau au titre éponyme Big Colors étant un compromis entre rock et folk. Manchester ou davantage It’s So Quiet, It’s Loud ne sont pas sans rappeler, dans la voix de Ryan, le timbre rocailleux de James dont l’album vient d’ailleurs de sortir (All The Colours Of You). Néanmoins, Ryan Adams sait garder sa propre identité musicale, celle qui a fait le succès de Wonderwall. Cette marque de fabrique, elle s’entend sur les nombreuses compos folk de ce LP qui, au passage, comporte 12 morceaux. De somptueuses balades truffées de guitare sèche en veux-tu en voilà, guitare à laquelle s’ajoute la voix chaude et sensuelle de Ryan. Citons, parmi les plus marquantes, Fuck The Rain, What Am I dont le jeu de guitare peut faire penser à celui qu’adopte le jeune prodige Ondara dans Isolation Boredom Syndrome mais aussi In It For The Pleasure. Big Colors, ce n’est effectivement pas que de la folk, c’est également une légère touche électro, preuve en est avec Do Not Disturb sur lequel le piano se fait une petite place et même Manchester, l’un des morceaux les plus entraînants de l’album quand on ne parle pas de Middle Of The Line ainsi que de Summer Rain et d’I Surrender. La musique de Ryan Adams, qu’elle soit folk ou un brin plus rock, est pour nous comme une drogue à accoutumance : au bout de ne seraient-ce que 2 ans sans album de compos originales, il nous tarde déjà de réentendre cet orfèvre du songwriting et de la guitare. Avec Big Colors, ce manque est tout à coup comblé et en l’espace de quelques morceaux! Big Colors marque donc, à tous points de vue, le véritable retour en force de Ryan Adams et se pose, de très loin, comme le meilleur album du songwriter américain. Ryan a fourni, pour l’enregistrer, un travail énorme qui, bien hélas, n’a pas été récompensé à cause des déboires extra-musicaux que l’on sait. Pourtant, le principal est bien que ce formidable LP ait enfin vu le jour et encore une fois il n’est jamais trop tard pour bien faire! Avec Big Colors, Ryan Adams s’offre une réhabilitation méritée, même si seul le plan musical entre ici en ligne de compte. Coup d’éclat d’un maestro qui ne demande qu’à faire de la bonne musique et qui, par les 12 morceaux de ce nouvel album, implore notre pardon alors, en ce qui concerne la musique, daignons le lui accorder!
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