Après Camilla Sparksss et Arnaud Rebotini, cette “solo session” de Rodolphe Burger est le troisième spectacle consécutif aux accents minimalistes qui est donné à voir et entendre à La Laiterie depuis la reprise des concerts. Au vu du protocole imposant des concerts assis en jauge réduite, il est vrai que le format s’y prête. C’est donc armé d’une guitare électro-acoustique puis plus tard d’une électrique, d’un ordinateur et de machines afin de balancer des boucles ou autres playbacks orchestre que l’homme de Sainte-Marie-Aux-Mines s’apprête à faire face à une salle pleine, totalement gagnée à sa cause avant même que la première note ne soit jouée.
Introduisant le show du soir par un discours de quelques minutes, l’ancien leader de Kat Onoma rappelle aux spectateurs du jour qu’il fut l’une des chevilles ouvrières à l’initiative de La Laiterie car “une telle salle manquait cruellement à Strasbourg avant son ouverture en 1994.” (…) Décidé à se laisser porter par ses envies, il démarre son tour de chant avec un blues guitare-voix avant de poursuivre avec ses machines.
Le moment est excellent, un premier temps fort se fait avec Cheval-jungle, un titre à l’élégance affirmée et qui rappelle à quel point l’Alsace a ce je-ne-sais-quoi pour fournir des artistes fusionnant à merveille la plume française volontairement énigmatique et l’expérimentation sonore la plus poussée; aux côtés d’Alain Bashung et de Singe Chromés, le sexagénaire peut faire partie de cette fameuse Trinité. Mais force est de constater qu’aujourd’hui Rodolphe Burger apparaît aussi comme le dernier Mohican de cette tribu de poètes qui nécessit(ai)ent pas à jouer et triturer des machines rarement élevées au rang d’instrument. (…)
Oscillant entre morceaux en français, en anglais, voire en allemand, le chanteur se permet pendant de longues minutes d’étirer la sauce, ce qui n’est pas sans déplaire aux spectateurs, notamment avec l’excellent Eisbär. C’est là une espèce de transe pleine d’onirisme, avec ses élans décuplés par une distorsion ultra réverbérée, qui s’étend pendant plus de 10 minutes ce qui nourrira de larges applaudissements.
Après s’être retiré, Rodolphe Burger revient pour le conventionnel rappel et fait la promesse avant de s’y plier qu’il reviendra à l’automne prochain entouré de ses amis et musiciens afin d’assurer le report du 05 mars dernier. La salle exulte! La date est prise, les affiches sont déjà placardées à l’entrée de La Laiterie, ce sera le 14 novembre prochain.
-Mots et crédit photos : Benoît GILBERT
Merci à toute l’équipe de La Laiterie pour son accueil et sa résilience!