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Rover / Eiskeller

Rover (de son vrai nom Timothée Régnier) est enfin de retour avec un troisième album qui a pour titre Eiskeller, ce qui signifie 
« cave à glace » en allemand. Pourquoi ce titre, tout simplement parce que ce nouvel effort a été conçu dans les anciennes glaciaires 
de Saint-Gilles de Bruxelles où Rover passe le plus clair de son temps. Ces glaciaires, pour la petite histoire, était autrefois un QG de 
boxeurs pour leurs entraînements. C’est en allant voir un concert à Bruxelles que le songwriter français a entendu le batteur d’un 
groupe vanter les mérites de ce lieu improbable pour l’enregistrement d’un album, un endroit qui n’était jusqu’à présent nullement 
destiné à accueillir micros et instruments.


Côté compos, Eiskeller en compte 13 en tout, c’est dire si notre petit frenchy de talent a été très studieux durant ce confinement 
glacier. Les adeptes de longs morceaux et d’intros interminables ne trouveront rien de tout cela chez Rover, celui-ci se mettant en 
évidence dès le début d’un morceau. Pas non plus d’orchestrations sophistiquées et conséquentes, comme dit l’artiste lui-même : 
« moins on est de musiciens, plus l’improvisation est simple». Sur Eiskeller, tout juste peut-on entendre quelques claviers 
(Venise Hat, Rising High ou encore From The Stars), le piano (To This Tree, Roger Moore), voire de temps à autres quelques accents 
de guitare comme dans Burning Flag influencé pop 70’s.

Les sources d’inspiration de Rover sur ce troisième album, ce sont tout d’abord les Beatles et plus précisément John Lennon pour 
lequel Rover éprouve une réelle fascination depuis l’âge de 7 ans, surtout pour Imagine. Lors de ses différentes interviews, le français 
fait systématiquement référence aux 4 garçons dans le vent, notamment pour expliquer la courte durée des compos en disant : 
« Yesterday dure bien seulement 2 minutes et en 2 minutes tout est dit! » Il a raison ce cher Timothée, point n’est besoin d’en faire 
des tonnes pour pondre une bonne chanson. Sur Eiskeller, les compos sont courtes certes mais au combien efficaces, comme Rising 
High, Venise Hat ou bien évidemment From The Stars qui ressemble trait pour trait aux grands standards de John Lennon des 
années 80, l’ombre d’Imagine planant tout au long du morceau et nous transportant dans un autre ailleurs. To This Tree, single 
extrait d’Eiskeller, aurait très bien pu lui aussi être interprété par Lennon: magnifique ballade en duo piano/voix. La voix de Rover, 
parlons-en! Caressante, suave et feutrée à souhait, qui rassure sitôt l’album en marche. To This Tree démarre à peine qu’on est déjà 
comme happé, enveloppé par ce timbre de voix si particulier, un peu comme si John Lennon (encore lui) n’avait jamais quitté cette 
terre. Or ce n’est que Rover mais on ne perd pas au change, le français n’a pas à rougir des prestations de l’ex Beatle.

Le style Rover, ce n’est pas seulement les Beatles, c’est aussi David Bowie par exemple et tout ce qui a rapport aux 70’s. Rover ne 
fut-il pas, dans un lointain passé, guitariste punk? Le morceau Burning Flag illustre formidablement ce propos, plus rythmé et rock 
que d’autres compos d’Eiskeller.

Pour qualifier ce nouvel opus de Rover, trois mots débutant par S viennent spontanément à notre esprit: sensibilité, sensualité et 
sérieux. À eux trois, ils définissent l’homme qu’est Rover, qui en a connu des vertes et des pas mûres mais qui, au final, en sort 
toujours grandi tout en gardant de ces expériences traumatisantes quelques traces qui demeureront indélébiles.

Avec Eiskeller, Rover signe un retour sur la pointe des pieds, le gars n’étant guère coutumier des grandes sorties médiatiques. 
Il n’empêche que ce retour sur le devant de la scène musicale fait et fera plaisir à plus d’un amateur de belles compos bien ficelées.

En anglais, rover signifie errance, néanmoins le français semble avoir trouvé en Bruxelles un port d’attache couplé à toute la sérénité 
qu’il recherchait. Eiskeller ne fait que démontrer cette quiétude d’esprit retrouvée de Rover. À nous désormais de nous l’approprier 
en dégustant, autant qu’il soit possible de le faire, ces 13 compos qui réconfortent et revigorent à la fois!
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