Adoré par les uns, décrié par les autres, Greta Van Fleet provoque comme Led Zep (à qui ils sont souvent comparés) en leur temps des débats à n’en plus finir. Il suffit pourtant d’écouter la musique pour y couper court. « The Battle at Garden’s Gate » est incontestablement un grand disque et qui n’a jamais été influencé par qui que ce soit musicalement leur jette la première pierre. Entretien avec leur fort sympathique batteur Danny Wagner.
« Est-ce que l’énorme succès de « Anthem of the peaceful army » vous a mis une quelconque pression au moment d’enregistrer ce nouvel album ? »
« Un petit peu. Mais plus que de la pression on a ressenti une grande excitation à l’idée de retourner en studio. On avait passé des années sur la route, retourner en studio a été un vrai plaisir. »
« L’album est dans la même veine que le précédent mais aussi différent. »
« Définitivement. On a pensé à prendre une autre direction, à avoir des morceaux « cinématographique. »
« A propos de cinéma, je sais que l’on vous a déjà contacté pour faire des BO de films. Cela vous brancherait d’en faire ? »
« On y pense. Notre chanteur a évolué dans le milieu du ciné, c’est sa grande passion dans la vie. Nous avons tous, dans le groupe, grandi avec le cinéma. Plusieurs de nos musiciens favoris sont des compositeurs de musiques de film. »
« Vous avez enregistré tout l’album live. Cela donne une grande dynamique aux morceaux mais c’est aussi une grosse prise de risque. »
« C’est vrai. J’étais un peu nerveux avant qu’on ne le fasse. On savait que ce serait beaucoup de boulot mais cela nous a aussi permis de devenir de meilleurs musiciens. »
« Les arrangements sont très beaux. C’est votre amour du cinéma qui a amené à ces arrangements très sophistiqués. »
« Tout à fait. Les violons ont amené une nouvelle perspective aux morceaux de l’album. Perspective que nous aimons beaucoup. »
« Vous avez choisi Greg Kurstin à la production. Que vous-a-t-il apporté ? »
« C’est un super producteur et un super musicien. On avait une ligne directrice pour ce disque. On lui a présenté nos idées. Cela a accroché de suite entre lui et nous. L’idée de faire cet album cinématographique et live lui plaisait beaucoup. »
« Musicalement il y a des éléments prog dans le disque. Vous êtes fans de prog ? »
« Quand nous créons de la musique nous ne pensons pas au style. Parfois c’est le morceau qui prend une tournure qui peut devenir prog ou aller dans telle ou telle direction musicale. »
« Il y a beaucoup de titres mid-tempo dans l’album. Vous étiez dans ce mood ? »
« Nos albums représentent bien ce que nous sommes à tel ou tel moment. Nous n’avons pas pensé à l’avance nous voulons un disque avec plein de titres mid-tempo. C’est arrivé comme cela. »
« Est-ce que cela a changé la coloration du disque que de l’enregistrer à LA ? »
« Définitivement. Nous avons voulu changer d’environnement pour cet album. Le premier avait été enregistré dans le Michigan, le second à Nashville. Le studio dans lequel nous avons enregistré est un studio dans lequel les Stones ont enregistré. C’était magique.»
« Est-ce que cela ne vous fatigue pas qu’une partie des critiques continue à vous comparer à Led Zep ? »
« Si un peu, même si on le comprend. C’est dans la nature humaine de faire des comparaisons. Mais s’il n’y a plus que cela c’est vrai que ce peut-être fatiguant.»
« C’est marrant parce que l’on parle souvent de cette comparaison entre vous et Led Zep mais on ne parle jamais du fait qu’alors qu’ils étaient au sommet de leur gloire ils se faisaient descendre par les critiques. Ne penses-tu pas qu’au fond ceux-ci sont jaloux du succès ? »
« Oui il y a un parallèle à faire entre nous et Led Zep : sur le fait que comme eux nous sommes un groupe de scène et comme eux avons confiance en nous. Mais nous ne sommes pas qu’un simple Led Zep tribute band. Il y a plein d’autres éléments dans ce que nous faisons. C’est intéressant le parallèle que tu fais entre ce qu’ils ont vécu et ce que nous vivons. »
« Vous avez grandi dans le Michigan, l’état des Stooges, du Grand Funk Railroad, des White Stripes. Cela vous a marqué de grandir dans cet environnement musical ? »
« Oui cela a été très important. On aime beaucoup le label Motown qui est de Detroit, Stevie Wonder qui est né à Saginaw. Nous avons grandi à 20 miles de là où a débuté Grand Funk Railroad. Donc oui bien sûr tout cet environnement musical nous a marqué, incontestablement. »
« J’imagine que pour un groupe de scène comme vous le live manque. »
« C’est clair. Jouer est ce que nous aimons le plus au monde. Cela nous manque énormément. En même temps cette coupure liée à la pandémie nous a permis d’avoir plus de temps pour l’album. On a eu également plus de temps pour se consacrer aux vidéos. On a profité de ces longs mois pour faire de nouvelles choses. »
« J’aime beaucoup la pochette de l’album. Que représente-t-elle ? »
« Elle représente un changement de direction, pas tant au niveau artistique que symbolique. Là encore elle a un côté cinématographique. Elle représente bien notre univers : les portes que nous voulons ouvrir. »