Dans la rubrique « groupes prolifiques et efficaces à la fois », il en est un qui mérite toute notre attention. J’ai nommé nos chers petits belges de Balthazar, quintet de Courtrai emmené par ses deux têtes de gondoles Maarten Devoldere et Jinte Deprez. Prolifiques parce que leur précédent album Fever ne date que de 2019, une absence donc très courte. Sand est le nouvel opus de ces sacrés rois mages de Belgique et déjà le cinquième. Durant les 11 morceaux de cette galette, on voyage musicalement de l’électro au son jazzy en passant par le disco estampillé 80’s. Autres invités de marque et Dieu sait s’ils occupent une place prépondérante sur ce nouvel album: les cuivres (trombone, saxo, trompette). Il faut dire que le batteur et le bassiste, en plus de manier leurs instruments à la perfection, tâtent pour l’un la trompette et pour l’autre le saxo. Ajoutons à cela la présence toute récente au sein du groupe du tromboniste Tijs Delbeke. Fever fut une légère incursion dans l’instrumentation cuivrée, Sand achève de la rendre quasiment permanente, voire même intégrale. On A Roll, l’un des singles dévoilés, en témoigne parfaitement. À la fin de cette formidable ballade, cuivres et chœurs se taillent la part du lion avec brio, rendant On A Roll joliment émouvant.
Le son électro a son importance sur ce nouvel album de Balthazar car les dernières séances d’enregistrement se sont déroulées en confinement, chaque membre étant livré à sa solitude devant son propre ordinateur. Un merveilleux son de claviers, par la force des choses, s’est ainsi matérialisé pour constituer toute l’essence et la quintessence de Sand. Exemples avec les entraînants Losers et Linge On qui ne sont pas sans nous évoquer Changes sur Fever. Les nostalgiques de la période 80’s et plus précisément du disco Imagination en seront pour leurs frais, s’y retrouvant sans mal à l’écoute de ces deux morceaux. N’oublions surtout pas les chœurs aigus (ceux de Losers) que n’aurait pas renié une formation telle qu’Earth Wind And Fire. Sand c’est aussi de fabuleuses ballades qui détendent, qui font voir la vie autrement et sous un angle plus positif. On A Roll bien évidemment avec ses magnifiques lignes de cuivres, le langoureux et groovy You Won’t Come Around, le très électro Leaving Antwerp et surtout un jazzy Powerless sur lequel s’invite un son limpide de piano. Une palette musicale qui s’étoffe un peu plus avec Hourglass et ses rythmes un brin latinos, I Want You cent pour cent électro. Balthazar nous entraîne, au cours de Sand, dans toutes les directions. Suivons les géniaux guides que sont Maarten Devoldere et Jinte Deprez! On ne va certainement pas reprocher à nos cinq petits belges de faire toujours la même chose, de tomber dans la facilité. Bien au contraire, Maarten et ses acolytes gardent en tête ce perpétuel souci d’innover et d’expérimenter d’autres univers musicaux, même contraints et forcés par le contexte actuel il est vrai peu propice au travail collectif. Half Way, paru isolément entre Fever et cet album Sand, figure finalement bien parmi les 11 morceaux. Half Way est un trait d’union entre ballade et compo cadencée, entre lenteur et trépidations. Taillé sur mesure pour les radios, ce single a tout de rafraîchissant et comptera, cela ne fait aucun doute, au nombre des indémodables tubes d’été tant son interprétation laisse paraître un côté estival. Moment, morceau d’ouverture, est fabriqué sur le même moule, un poil plus entraînant mais avec quelques accords de guitare à l’instar d’Half Way et bien évidemment les chœurs. La guitare, pratiquement absente de la musique de Balthazar, s’entend cependant également au début de Passing Through. Au fil de ses divers albums, Balthazar s’améliore et emmagasine toujours plus d’expérience, à tel point que Sand est leur meilleur LP et se paye même le luxe de dépasser Fever pourtant déjà très bon avec les singles Wrong Vibration, Changes et I’m Never Gonna Let You Down Again. Sand de Balthazar: l’album du renouvellement permanent et d’une diversité musicale parfaitement assumée!