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Interview Bertrand ALARY

Bertrand Alary et Jean-Pierre Sabouret viennent de sortir un superbe livre aux éditions Gründ : « Metal, quarante ans de musique puissante. » Une sorte d’encyclopédie du genre illustrée par les photos de Bertrand Alary et les textes de Jean-Pierre Sabouret. Rencontre avec un grand de la photo rock.

« Comment as-tu débuté dans ce métier. Tu as une formation de photographe ? »

« Non. Mon père qui était un très bon photographe amateur, m’a initié le BA BA avant de m’acheter mon premier reflex. J’ai assisté à mon premier concert en 1980, un concert de Kiss. J’ai essayé de faire des photos mais du 38ème rang cela ne donnait pas grand chose. J’ai eu la chance de pouvoir discuter durant le show avec Jean-Yves Legras qui était le photographe de Best et quelqu’un de très sympa. Il m’a donné des contacts et 3, 4 mois plus tard je shootais les concerts de Mötorhead et Judas Priest. Je ne vendais pas encore mes photos à ce moment-là mais j’étais accrédité par KCP qui était l’unique tourneur à cette époque. C’était une période bénie. Tu pouvais shooter tout le show. C’était moins fliqué. »

« Tes premiers clichés tu les as vendu à Enfer Magazine. »

« Oui. J’ai vu le mag sortir en kiosque. J’achetais des mags étrangers comme Circus ou Kerrang mais avant Enfer il n’y avait pas de presse spécialisée hard-rock en France. J’ai acheté le premier numéro et y suis allé au culot. Dès le numéro 2 le mag m’a acheté des photos. Puis j’ai aussi bossé pour Metal Attack, également à partir du numéro 2 puis pour Hard-Rock Magazine et Hard-Force. Je n’avais pas de contrat d’exclusivité. A partir de 85-86 j’ai commencé à bosser pour la presse étrangère. »

« Comment as-tu fait le choix des photos pour cet ouvrage ? »

« J’ai 30 000 clichés donc il a fallu faire un choix drastique. En même temps, j’étais seul maître à bord. Dans un magazine c’est le rédac chef qui choisit ce qui est normal. Là c’est moi seul qui ai fait les choix. J’ai collé à l’histoire du genre sans tenir compte de mes goûts musicaux. Je ne suis pas très branché trash et j’ai évidemment mis des groupes de trash. J’ai essayé de mettre le plus de groupes possible mais tout ne rentrait pas. Alice in Chains ou Cathedral par exemple. »

« Il y a pas mal de groupe français des années 80 comme Attentat Rock, Satan Jokers, Sortilège, Warning, Trust. Parce que tu aimes particulièrement ces groupes ? »

« Ce sont des souvenirs. Et puis c’est un livre fait par un photographe français. Il est normal qu’il y ait pas mal de groupes français.C’est aussi pour que des gens qui ne connaissent pas ces groupes puissent les découvrir. »

« Comment as-tu choisi la photo de couverture du livre ? »

« Cela a été super compliqué à faire ce choix. J’avais d’abord pensé à deux photos avant de prendre finalement celle-ci. L’éditeur voulait une photo sur laquelle on ne puisse pas reconnaître le mec qui joue. Plein de gens l’ont malgré tout reconnu. »

« Il y a plus de trois cent groupes dans le livre. Tu voulais faire une encyclopédie du metal ? »

« Oui quelque chose comme ça même si encore une fois il n’y a pas tout mais par manque de place. Mais les groupes de référence sont là. »

« Comment as-tu choisi Jean-Pierre Sabouret pour les textes ? »

« Je le connais depuis trente ans. Il était rédac chef à Hard-Rock Magazine. Je lui ai demandé d’écrire des textes qui soient des billets d’humeur ou alors cela a été des anecdotes autour des groupes. »

« Est-ce que tu as plus d’affinités avec certains groupes que d’autres ? »

« Non. Il y a des groupes qui sont hyper faciles à shooter, d’autres qui se comportent comme des connards. Ce qui est sûr c’est qu’il est toujours plus facile de shooter dans des grandes salles avec de bonnes lumières. Kiss par exemple c’est un bonheur à photographier. C’est le groupe le plus pro qui soit avec les photographes. Lorsqu’ils jouent ils savent exactement où nous sommes. Ils viennent vers les photographes pour que l’on puisse faire de bonnes photos. Et quand tu les photographies dans des villes US un peu provinciales comme Philadelphie ou Washington, c’est encore mieux car il n’y a souvent que 5, 6 photographes de la PQR présents. »

« Rudolf Schenker a écrit la post-face du livre. Vous êtes proches ? »

« On se connaît. C’est quelqu’un qui aime la photo. Avant Scorpions il avait fait une école de photo donc il sait de quoi on parle. Lorsque tu lui proposes des idées intéressantes de shooting il est toujours partant. Scorpions est en plus l’un des groupes que j’ai vu le plus de fois en concert. »

« Cela doit être frustrant de ne pas pouvoir shooter en ce moment. »

« C’est le calme plat. Heureusement j’ai du boulot avec mon agence photo, Dalle que j’ai crée en 1993. Mais pour les photographes qui ne font que du live ou que des mariages ce doit être l’enfer. »

« Depuis quand avais-tu l’idée de ce livre ? »

« Depuis toujours. Le problème c’était le temps. Jusqu’à cette année j’étais tout le temps débordé. Avec le confinement j’ai eu enfin un peu de temps devant moi et j’ ai pu trier dans mes photos. »

 

Pierre-Arnaud Jonard

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