Le leader de Slipknot Corey Taylor fait enfin le grand seau en solo.
Malgré une prenante carrière au sein de Slipknot et anciennement avec Stone sour, le natif de Des Moines (Iowa) trouvait toujours le temps d’écrire des chansons, certaines datant de vingt ans et d’autres même de l’époque du lycée. En revanche, Meine lux est née lors de la der nière tournée de Slipknot il y a six ou sept mois.
De ce répertoire personnel de compos, Corey Taylor a décidé que le moment était venu d’en faire un album. Celui-ci s’est donc matérialisé et s’intitule CMFT.
A propos de ce projet d’album solo, le songwriter américain disait lors d’une récente interview :
« je suis constamment en train d’écrire des chansons, il fallait simplement que je sache lesquelles mettre sur l’album. Cela faisait très longtemps que j’avais mis certains morceaux de côté, il fallait que je trouve le bon moment pour m’y mettre. » Jay Ruston s’est chargé de la production de CMFT et Kevin Churko, au Hideout Studio de Las Vegas, a veillé à la bonne marche de l’enregistrement. Côté musiciens, Corey Taylor s’est entouré des ex guitaristes de Stone sour Christian Martucci et Zach Throne, du bassiste Jason Christopher et du batteur Dustin Schenhofer.
CMFT égal quantité car cet album compte treize morceaux au cours desquels le métal côtoie le hip hop, le rock 70’s/80’s et quelques somptueuses ballades. Ne dit-on pas que les métaleux pondent les meilleures ballades ? Corey Taylor l’a lui-même prouvé avec Stone sour en interprétant le planant Bother.
CMFT démarre pied au plancher avec le véritable orgasme musical qu’est HWY 666 et ses incessants changements de rythmes. Ce morceau n’a rien à envier aux grands standards du rock classique 70’s : tonitruant, rapide et balayant tout sur son passage. Si certains albums débutent tranquilou pépère, ce n’est manifestement pas le cas de CMFT qui, dès les premières notes de ce HWY 666, nous entraîne dans un tourbillon de riffs hurlants de guitares couplés aux paroles débitées à toute vitesse par Corey Taylor, un peu comme si sa vie en dépendait.
Le premier single dévoilé Black eyes blue tend à calmer le jeu mais on reste tout de même dans une ambiance rock que Samantha’s gone pas plus que Halfway down ne sauraient démentir.
Sur Meine lux, Everybody dies on my birthday ou encore European tour bus bathroom song, on n’est pas loin du gros son, de ce rock métal rentre-dedans entendu chez des groupes comme Disturb ou My vitriol par exemple.
La conception de Culture head est jumelle de celle de Bullet holes, morceau du nouvel album de Bush. Bullet holes et Culture head sont identiquement marqués, à leur début, par des beats de batterie et des lignes de basse, la guitare entrant en scène plus tard.
On reste dans le brut de décoffrage, la musique pour faire chier tes voisins comme dirait l’autre avec CMFT must be stopped et sa coloration hip hop apportée par N9ne et Kid Bookie. On signalera la présence, dans le clip de ce morceau, de Marilyn Manson, Lars Ulrich (Metallica), Rob Halford (Judas priest) ou encore Scott Ian (Anthrax).
CMFT accorde une large place aux compos soft rock qui rendent la musique de Corey Taylor accessible à un plus large publique, pas uniquement aux fans de métal. Du plus hard au plus soft, citons Samantha’s gone et Halfway down oscillant entre métal et rock, les excellents The Maria fire et Kansas jouées dans le pur style classique 70’s. Ces deux compos sont entêtantes et se fredonnent à n’importe quel moment, marquées par de géniaux riffs de guitare et de fabuleux chœurs. Enfin les deux splendides ballades que sont Silverfish qui débute à la guitare sèche et Home où la guitare fait place à un duo piano/violon dirigé par la voix de Corey.
Corey Taylor, monstre du métal avec Slipknot, surprend agréablement par ce premier effort solo qui s’avère être très éclectique. Amateurs de soft rock classique comme de hard y trouveront sans mal leur compte, aucune catégorie de rockeurs n’ayant été oubliées. De Silverfish à CMFT must be stopped, de Kansas à European tour bus bathroom song, le stratège Taylor n’a pas peur de passer du coq à l’âne sans souci du qu’en dira-t-on.
CMFT est donc un album à mettre entre toutes les mains et toutes les oreilles, que l’on affectionne le calme ou la tempête !
Jean-Christophe Tannieres