Revoilà nos sud-africains préférés, comprenez Seether qui viennent de sortir, trois ans après Poison the parish, leur nouvel et huitième album baptisé Si vis pacem, para bellum (traduction Si vous voulez la paix, préparez-vous à la guerre). Ce nouvel effort de la formation grunge a été produit par le leader du groupe, le chanteur et guitariste Shaun Morgan. Quant au mixage, il a été réalisé à Nashville par Matt Hyde (de décembre 2019 à janvier 2020) qui a notamment bossé avec Deftones et Afi. Signalons de plus que Corey Lowery, ancien guitariste et choriste de Saint Asonia ainsi que de Stuck Mojo, a été convié en guest!
Dire que ce LP est celui du changement serait mentir, Seether paraissant se complaire dans ce cocon grunge de confort qui fait pourtant son succès. Sur Si vis pacem para bellum, quantité et qualité sont au rendez-vous, chose assez rare pour être signalée en évoquant un album studio. L’opus est en effet constitué de treize morceaux qui tapent comme il faut, qui ne font pas dans la demi-mesure. On dit souvent qu’il faut se méfier de l’eau qui dort, avec Seether c’est tout à fait ça ! Même les compos en apparence planantes gardent un côté énergique et brutal. Citons par exemple Buried in the sand, Wasteland ou encore Beg et Let it go Ces morceaux présentant tous un cheminement similaire : au commencement des guitares qui rugissent sur un rythme piano piano, puis une montée progressive en puissance jusqu’à une fin tapageuse. N’oublions pas, au chapitre de ces compos en trompe-l’oeuil, Failure et surtout Liar sur lesquels on ne pourra jamais s’empêcher de chanter. Liar n’est pas un single mais en a l’étoffe et tous les atouts pour le devenir, indéniablement l’un des meilleurs morceaux de cette galette. D’autres mériteraient également de sortir pour aider cet album des sud-africains à faire son trou, tels que Wasteland, Failure ou même Buried in the sand.
Les vraies ballades pures, elles existent bien sur ce Si vis pacem para bellum. Il y a tout d’abord Written in stone mais aussi et surtout l’émouvant et poignant Drift away où de magnifiques chœurs se font entendre. Nos petites cages à miel profitent d’un petit répit accordé par les beats de batterie. Des compos comme Drift away, on en
redemande !
Dangerous, single déjà dévoilé, se démarque musicalement des autres morceaux tous joués dans le pur style Nirvana et ce n’est pas pour rien que l’on colle à Seether, à tort ou à raison, l’étiquette d’héritiers de ce célèbre groupe des années 90. Qui pourrait s’offusquer de se voir comparé à Nirvana ?
Sur Dangerous, les riffs de guitares se révèlent différents, c’est-à-dire plus feutrés, dans le style 70’s. Quant à la voix de Shaun Morgan, elle est moins rugueuse et rauque qu’à l’habitude, plus caressante quand elle chante « dangerous. », certainement le signe pour le leader de Seether d’une blessure morale difficile à cicatriser. L’un des morceaux de l’album s’intitule d’ailleurs Failure, on peut imaginer que Shaun cherche à y exprimer un mal-être ressenti qui, très justement, a causé jusqu’au tréfonds de son âme une véritable fêlure.
Rien de novateur chez Seether et ce n’est pas ce nouvel album qui va changer quoi que ce soit, inverser la tendance. Néanmoins ce retour s’avère gagnant pour Shaun Morgan et Dale Stewart, les deux seuls membres du combo demeurés inamovibles depuis les débuts. Un plaisir qui ne sera donc pas boudé en écoutant ces treize morceaux, mettant en exergue tantôt la puissance tantôt la sensibilité artistique de Seether. Héritiers de Nirvana certes mais aucunement plagiaires !
Note de 8 sur 10.
Jean-Christophe Tannieres