The Last Internationale vient de sortir l’un des disques majeurs de cette année : « Soul on Fire ». Un album gorgé de rock, de blues et de soul avec un message politique fort. Un disque vraiment ancré dans son temps. Entretien avec l’aussi talentueuse que délicieuse Delila Paz.
Par Pierre-Arnaud Jonard
- « Votre album « Soul on Fire » est sorti l’an dernier aux Etats-Unis mais seulement cette année en France. Pourquoi ? »
« Nous n’étions pas pressés par le temps. Nous ne nous sommes pas dit il faut absolument sortir un disque très vite. On voulait faire un album mais nous voulions faire les choses différemment, en prenant notre temps. Nous n’avions pas de label pour la France. La sortie aux Etats-Unis l’an dernier n’était pas une sortie officielle. On avait sorti l’album pour le fun. »
- « Vous semblez particulièrement aimer notre pays. Vous avez tourné pas mal en France juste avant la crise du Covid-19, avez fait Taratata, avez reçu un très bon accueil critique ici. »
« Oui, nous avons toujours aimé la France. Ma mère même si elle est née aux Etats-Unis est en partie française. La réponse du public français durant nos concerts a été très bonne. On a eu des réactions ultra positives lors de nos shows ici. Un public nouveau est venu nous voir live après notre passage à Taratata. Nous sommes heureux d’avoir de plus en plus de fans en France. Cela fait vraiment plaisir. »
- « Vous êtes un groupe avec une conscience politique. Ce « Rise Up » à a fin de « Hard Times » est un « Rise up » (« Levez-vous ») contre Trump ? »
« Pas seulement contre Trump. Depuis nos débuts, nous voulons faire passer certains messages : contre les injustices, pour les droits des femmes. Nous voulons faire passer un message d’espoir, afin de montrer que les choses peuvent changer dans ce pays. Nous sommes un groupe engagé politiquement, notamment en matière des droits civiques. »
- « Il y a plein de morceaux politiques dans ce disque, « Hard Times », « Mind Ain’t Free », « 5Th world »
« Nous pensons comme pouvaient le penser les artistes des années 60 qu’un musicien peut faire bouger les choses, changer les mentalités. On essaie de faire prendre conscience aux gens de ce qui se passe autour de nous. »
- « Freedom Town » parle de la liberté.
« Absolument. Il faut vraiment que les gens réalisent que nous pouvons changer les choses, comme je le disais précédemment. Nous sommes dans un esprit constructif afin de réussir cela. Durant les années 60, un morceau comme « Run Through The Jungle » de Creedence Clearwater Revival a eu un impact énorme avec son message anti guerre du Vietnam. Les groupes des années 60 faisaient de la bonne musique avec un message politique. Il faut reprendre ce flambeau. »
- « Qu’est-ce que la production de Tom Morello de Rage Against the Machine a amené au disque. »
« Il n’est pas exactement le producteur du disque, plus un conseiller. Il était avec nous en studio, nous donnait son avis mais n’avait pas le rôle « classique » du producteur. On le connait depuis un moment. C’est presque un ami maintenant. »
- « Vous êtes un groupe rock mais la soul est très présente aussi dans ce disque. »
« Tu as tout à fait raison. J’écoutais beaucoup de soul au moment de l’enregistrement de l’album notamment Al Green, que j’adore. J’aime beaucoup la soul et j’essaie de chanter de manière expressive comme le font les chanteurs et chanteuses soul. C’est une musique qui quand je l’écoute me donne de l’espoir. »
- « Le disque embrase plein de styles musicaux différents, rock, soul, blues. »
« C’est vrai. Nous aimons plein de choses au niveau musical. Mais quelque soit le genre ce que nous aimons le plus ce sont les morceaux avec des parties de guitares très simples. En ce qui concerne le blues nous en écoutons pas mal, surtout Led Zep. »
- « Vous êtes de New-York, une ville qui a été très rock mais ne l’est plus trop. »
« C’est vrai. Après la fin du CB/GB, New-York a un peu perdu de son esprit rock. C’est dommage. »
- « Vous deviez jouer à Paris en première partie de Kiss. Le concert a été annulé à cause du Covid. J’imagine que cela a été une grande déception pour vous. »
« C’est clair. On se faisait une joie d’ouvrir pour Kiss qui est une légende, à Paris qui plus est et dans une énorme salle. Nous aimons jouer dans les grandes salles comme dans les petits clubs. On a joué pas mal en France juste avant la crise du Covid mais certaines dates ont été annulées. Nous espérons revenir bientôt. »
PIERRE-ARNAUD JONARD