A l’image d’un certain Mark Lanegan, le folkeux américain Damien Jurado n’en finit plus de nous offrir des albums. What’s new Tomboy est le quinzième d’une carrière débutée en 95, un nouvel opus qui a vu le jour un peu plus d’un an après In the shape of a storm.
Le songwriter originaire de Seattle a su gardé intactes toutes les recettes et les qualités qui ont fait son succès dans le monde indie folk. Damien a eu le bon goût mais surtout l’intelligence, contrairement à d’autres, de ne rien changer à la manière de composer et d’interpréter qui est la sienne.
What’s new Tomboy, ce sont dix fabuleuses compositions dans lesquelles on peut déceler, comme toujours chez Jurado, une vive émotion et des mots remplis de poésie.
Birds tricked into the trees ouvre l’album sur une note rythmée, on se figure alors que le songwriter américain a changé de style mais que nenni ! Le Damien Jurado que l’on connaît et que l’on aime n’a pas disparu, il est toujours là avec sa guitare acoustique, ses mots simples qui font mouche et surtout sa modestie, disons même son humilité.
Le genre folk assiste indéniablement, ces derniers temps, à un renouveau avec de nombreux songwriters qui se révèlent mais Damien Jurado, l’un de ses plus célèbres orfèvres, y tient toujours une place prépondérante que personne ne se risquerait à lui contester.
Les magnifiques Ochoa, Fool Maria ou encore Sandra nous procurent de véritables émotions que Damien ne se prive, sous aucun prétexte, de partager avec nous, une intimité et une proximité que le non moins somptueux The end of the road ne saurait interrompre.
Emotion également (c’est décidément le maître mot) conditionnée par le départ de Richard Swift qui, outre celui de Nathaniel Rateliff, fut le grand complice de Damien Jurado. (Pour rappel, Swift est décédé récemment et Nathaniel Rateliff lui a dédié son nouvel album). Damien et Richard entretenaient une relation exclusive d’amitié et de travail, musicalement parlant. C’est Josh Gordon qui, sur What’s new Tomboy, a pris les destinées du rôle qu’assumait Richard Swift sur les précédents albums de Damien Jurado.
Le songwriter de Seattle est une source d’inspiration, un exemple à suivre. Il a notamment servi de guide musical à H-burns ou encore aux francomtois de My lady’s house, tous n’hésitant pas à le prendre en référence.
Arthur Aware et When you were few tentent tant bien que mal de muscler ce What’s new Tomboy mais, depuis la nuit des temps, l’ADN de Damien Jurado est la compo folk guitare/voix et plus exactement la ballade.
Fool Maria, Sandra et The end of the road sont les plus belles de cet album, nous propulsant dans l’univers Jurado. On s’y jette volontiers à corps perdu et tête basse, sans se lasser jamais.
Sur What’s new Tomboy, de nombreux titres portent des prénoms : Alice, Sandra, Maria, mais aussi Francine, Arthur et Frankie. Ces compos figurent parmi les meilleurs, d’un point de vue musical en premier lieu et surtout par les mots de Damien qui nous raconte, du moins peut-on le supposer, les histoires survenues aux dénommées Sandra, Alice Ou Maria.
What’s new Tomboy est pour Damien Jurado l’album de la confirmation d’un talent qui n’est plus à démontrer. Plus qu’un disque, ce nouvel effort du folkeux américain est un recueil de poèmes et de sentiments réunis. Les dix compos de What’s new Tomboy nous révèlent un personnage sensible, émotif à fleur de peau avec, pour couronner le tout, cette voix douce et nonchalante à nulle autre pareille.
Si certains régressent au fil des galettes, c’est loin d’être le cas de Damien Jurado et nous est avis que le songwriter américain a encore de beaux textes et de l’émotion en stock, qu’il a encore beaucoup à donner !
Note de 9 sur 10.
Jean-Christophe Tannieres