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Jewly, Toxic.

La strasbourgeoise Jewly revient plus forte et fringante que jamais avec un nouveau LP baptisé Toxic. A son actif, la jeune auteure/compositrice et interprète comptait déjà, avant la parution de ce nouvel effort, un EP No choes  (2011) et deux LP : Bang bang bang (2014) et Drugstore  (2017).

Toxic est né d’un impérieux besoin pour Jewly de se libérer, tant par l’écriture des textes que par ses propres cris, de situations et de personnes toxiques auxquelles elle a été confrontée depuis son enfance (de 4 à 37 ans comme elle-même le dit si bien). On dit pourtant que nul ne guérit de son enfance mais la strasbourgeoise, par le biais de Toxic, va s’attacher avec toute la hargne dont elle a le secret à nous prouver le contraire.

Cet album aborde donc la toxicité sous toutes ses formes, des manipulations orchestrées par les  pervers narcissiques au combat mené par Jewly pour exorciser ce fléau. Trois compos mettent particulièrement en lumière ce thème général de la toxicité : My dear, Listen to myself et And realise. La genèse de ce projet Toxic remonte à 2017 quand, indépendamment de Drugstore, la belle brune alsacienne s’est mis en tête d’écrire quelques textes appelés à figurer dans ce futur album. Purify est le premier d’entre eux, mis en musique dès 2019.

 

Musicalement parlant, Jewly s’est entourée d’une kyrielle d’invités en guests tels que Justin Adams qui a joué avec Robert Plant, Axel Bauer ou encore Pascal Danaë, leader du groupe caribéen Delgres. Tout ce beau monde pour la partie guitares, mais il faut également citer le fidèle bassiste Phil Spalding qui était déjà de l’aventure Drugstore et surtout, celui qui est à la base de tout, le directeur artistique Moon Pilot qui a porté les deux casquettes d’arrangeur et de réalisateur. L’album a d’ailleurs été enregistré et mixé au studio Black box, situé entre Nantes, Rennes et Angers, ville où habite justement Moon Pilot.

Toxic, c’est dix morceaux en tous points intenses et rageurs, qu’il s’agisse de la musique ou des paroles. Au rock se sont ajoutées une touche synthétique et une conotation blues : un savant et détonant mélange de styles dans un seul album. Petite mise en bouche tranquille, en guise d’apéritif, avec My dear où les claviers ont la part belle. La fièvre et la température montent subitement sur le frissonnant I just need to, morceau  faisant apparaître Justin Adams qui apporte une coloration blues à cette compo.

Ça y est, la grenade est dégoupillée et la féline Jewly entre véritablement dans le vif du sujet. La voix de la strasbourgeoise est gonflée à bloc et chauffée à blanc., Listen to myself ainsi qu’And realise et même I am strong enough se chargent à eux trois de nous le faire constater. Jewly se libère enfin de ce poids immense qui la submergeait depuis sa plus tendre enfance, crache son fiel et sa rage à l’envie, à grands renforts de cris stridents et déchirants. Tout ce qui était jusqu’alors enfoui en elle sort d’un coup d’une traite, l’abscès envers toutes formes de toxicités est crevé ! Que ça doit faire du bien !

Jewly excelle dans l’art de se transcender, de se galvaniser elle-même comme ses musiciens qui, eux aussi, fournissent un énorme abattage. Ce n’est pas Ready to, virevoltant et puissant, qui viendra freiner les ardeurs de toute cette fine équipe, l’ambiance musicale demeurant toujours à son paroxysme sans parler de l’intensité qui, réelle et palpable, ne faiblit pas davantage. Purify, jolie ballade teintée d’élecctro, pointe le bout de son nez.

Musicalement on souffle quelque peu, sauf Jewly qui n’en finit plus de régler ses comptes, de purifier son âme.
Jewly surprend en rendant hommage à sa langue maternelle avec Face & change, titre pourtant anglais. Très souvent, elle répète cette phrase : « de toute façon on dira que c’est faux. » La fin de ce morceau est marquée par de véritables envolées vocales, Jewly s’époumonnant à outrance de manière à extirper, à extérioriser encore un peu plus sa révolte.

The stupid game of coïncide avec l’entrée en scène d’Axel Bauer, l’interprète de Cargo et d’Eteins la lumière ayant les coudées franches pour livrer un solo de guitare à couper le souffle. Pascal Danaë, quant à lui, marquera de son empreinte le morceau Toxicity. Un fait en apparence anodin mais qui, quand on connaît la personnalité de Jewly, trouve tout son sens : les dix titres mis bout à bout et dans l’ordre du tracklisting forment une phrase cohérente, celle qui à elle seule symbolise pour notre féline la libération de ses pensées obscures et caractérise le thème de cet album : « my dear I just need to listen to myself and realise I am strong enough ready to purify face & change the stupid game of toxicity. » À vous de traduire si le Coeur vous en dit.

 

Toxic est l’album le plus abouti de Jewly, le LP dans lequel les progrès à tous points de vue sont significatifs : équipe de travail plus étoffée, arrangements très perfectionnés et surtout voix de la strasbourgeoise plus assurée qui, esprérons-le, aura aidé Jewly à retrouver la paix avec elle-même et à chasser les vieux démons de la toxicité qui la tourmentaient sans répit. Rien à redire sur les dix morceaux de cet opus tous aussi porteurs le uns que les autres. À l’écoute de Toxic, on se réjouit et se régale pleinement, de My dear à Toxicity en passant par I just need to ou encore I am strong enough. On a qu’un seul souhait, que ce disque ne s’arrête jamais !

Note de 10 sur 10.

Jean-Christophe Tannieres

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